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Inégalités d'accès aux soins: l'UFC-Que Choisir attaque l'Etat en justice pour "inaction"

L'association UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d'Etat pour dénoncer "l'inaction" du gouvernement face aux inégalités croissantes d'accès aux soins et l'enjoindre à agir, a-t-elle annoncé mardi, dévoilant une étude sur "l'aggravation dramatique" de la démographie médicale.

"Après des années de négociations auprès des décideurs politiques qui restent sans réponse, l'UFC-Que choisir saisit aujourd'hui le Conseil d'État pour faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale" et "défendre le droit constitutionnel à la santé", écrit l'association dans un communiqué.

Elle dénonce en particulier "le refus obstiné des autorités de réguler l’installation des médecins", et invite les Français à signer et "partager massivement" une pétition, intitulée "J'accuse l'Etat".

Vers 10H00, une dizaine de membres de l'UFC Que Choisir se sont rassemblés silencieusement devant le ministère de la Santé, brandissant des pancartes et accrochant autour d'eux du ruban de chantier, pour symboliser "l'impossible accès" aux soins.

"On aura réussi quand l'ensemble des Français auront accès à un médecin, géographiquement comme en termes financiers (...) quand la régulation de l'installation ne sera plus taboue" et "qu'on encadrera les dépassements d'honoraires", a résumé la présidente de l'association, Marie-Amandine Stevenin.

Médecins généralistes, gynécos, ophtalmos, pédiatres: l'UFC-Que Choisir a mis à jour sa carte interactive des inégalités d'accès aux médecins "en accès direct", élaborée en 2022 à partir de données publiques et issues de la littérature scientifique. "Sans surprise, la désertification médicale s'accentue, du fait de la hausse des besoins" et d'une "vague de départs en retraite", observe-t-elle.

L'étude croise deux critères: l'éloignement géographique des médecins --les "déserts" étant caractérisés par une densité 60% inférieure à la moyenne pour les spécialistes situés à moins de 45 minutes de route, ou 30 minutes pour les généralistes-- et les tarifs pratiqués.

Ainsi, 19,3% des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, 24,8% des femmes dans un désert médical gynécologique et 28,9% des enfants dans un désert médical pédiatrique, analyse l'UFC.

En excluant les praticiens qui pratiquent des dépassements d’honoraires, "la situation devient absolument catastrophique": plus d'un enfant sur deux vit dans un lieu déserté des pédiatres, 59,3% des Français dans un désert médical pour les ophtalmologues, et 69,6% des femmes pour les gynécologues, déplore l'UFC.

Les généralistes sont mieux répartis, avec 2,6% des patients classés en désert médical, soit 1,7 million de personnes, auxquels l'association ajoute 21% de patients ayant un "accès difficile" (densité au moins 30% inférieure à la moyenne). Entre 2021 et 2023, 44,4% de la population "a vu l'accessibilité aux généralistes se dégrader".

Des bénévoles ont contacté anonymement 2.642 médecins généralistes pour leur demander s'ils accepteraient de les suivre en tant de médecin traitant. La majorité (51,5%) ont refusé, contre 44% lors d'une précédente enquête en 2019. La plupart suivaient déjà trop de patients (74%), ou devaient bientôt partir en retraite (12%).

L'association a également contacté 761 ophtalmologues, dont 28% ont refusé de planifier un rendez-vous, la majorité proposant des délais très longs, soit 65 jours en moyenne.

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