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Ce jeudi, des dizaines de palestiniens ont été libérés de prisons israéliennes. Etant très affaiblis et amaigris, ils ont été transférés dans un hôpital de la bande de Gaza pour y être soignés. Coups, privations, humiliations, tortures... des palestiniens et palestiniennes racontent leur calvaire.
Des dizaines de détenus palestiniens ont été libérés de prisons israéliennes ce jeudi. Ils ont ensuite été transférés, très amaigris et affaiblis, à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans la bande de Gaza.
Mohammed Ibrahim Asaliya, un Palestinien qui vient du camp de réfugiés de Jabaliya, et qui vient d'être libéré de détention israélienne, raconte: "Nous étions emprisonnés, couverts de sang, menottés et nous n'étions pas autorisés à parler à qui que ce soit. Si vous parliez à quelqu'un, ils vous battaient, vous insultaient et vous torturaient."
Sa libération a elle aussi été humiliante, raconte-t-il à l'AFP: "Au point de passage de Kerem Shalom, ils m'ont enlevé les menottes et le bandeau sur les yeux et m'ont dit de courir jusqu'à cette zone. Je pouvais à peine marcher, mais ils m'ont forcé à courir. Une ambulance nous attendait. Je suis tombé avant d'atteindre l'ambulance, et le chauffeur m'a ramassé et m'a mis dans le véhicule, puis m'a amené ici (ndlr, à l'hôpital)".
Fathyea Abou Mosa n'est pas toute jeune. On peut voir sur son visage que la détention a été un moment difficile. Les retrouvailles avec son fils sont particulièrement émouvantes.
Elle raconte son arrestation et sa détention: "Ils m'ont arrêté en Israël et m'ont mis à la prison de Ramla. Le juge m'a condamné à deux mois de prison. J'y ai passé 45 jours. Je me suis sentie humiliée. Il n'y avait pas de toilettes propres, pas de nourriture saine, et je n'avais pas de vêtements, pas de shampoing pour me laver. Je n'avais rien du tout. Je porte les mêmes vêtements que lorsque j'ai été arrêtée. Il y avait des détenues qui portaient des vêtements légers, mais je suis une femme religieuse et je ne peux pas. Cela fait 45 jours que je porte cela".
Elle ajoute: "Nous sommes des habitants de Gaza et notre situation était très difficile [en prison]. Si nous faisions le moindre mouvement, ils nous mettaient à l'isolement. Nous sommes des femmes âgées et nous ne pouvons pas supporter la torture. Nous restons silencieuses pour qu'ils ne nous torturent pas. Ils nous ont torturées lorsque nous avons été libérées et nous ont menotté les mains et les pieds".
Mohammed al-Zaaneen, lui aussi tout juste libéré, a lui aussi vécu une expérience traumatisante: "Si vous chuchotiez, ils vous obligaient à rester debout pendant 5 heures. À 11 heures du soir, tout le monde devait aller dormir, et s'ils vous voyaient bouger la nuit, ils lâchaient les chiens".
Depuis le 7 octobre 2023, 18 détenus palestiniens sont morts dans les centres de détention israéliens. L’organisation Physicians for Human Rights Israel dénonce des "abus par le personnel pénitentiaire continus et systématiques".