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Begoña Gomez, l'épouse du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, a été brièvement reçue vendredi par un juge, qui l'a reconvoquée le 19 juillet pour s'expliquer dans une enquête portant sur des soupçons de corruption et trafic d'influence qui empoisonne la vie du dirigeant socialiste.
Arrivée peu avant 10H30 (08H30 GMT) au tribunal de Madrid par une entrée discrète afin d'éviter la presse et les quelques manifestants présents devant le bâtiment, la femme de Pedro Sánchez est finalement ressortie du bureau du juge peu de temps après, pour être convoquée deux semaines plus tard.
Son avocat, Me Antonio Camacho, a en effet fait valoir qu'une des plaintes versée au dossier n'avait pas fait l'objet d'une notification à temps et n'avait donc pas permis aux parties d'en prendre connaissance, a-t-il expliqué à la sortie de l'audition.
Se disant "surpris", il a donc expliqué que sa cliente n'avait pas commencé ses déclarations devant le juge. Elle "va très bien, aussi bien que vont les gens qui sont innocents, même si cela n'est agréable pour personne", a-t-il aussi assuré.
L'avocat de l'association à l'origine de plaintes Hazte oír ("Fais-toi entendre"), Me Javier Pérez Roldán, a dénoncé pour sa part "une honte et un abus", affirmant que le conseil de Begoña Gomez savait que l'association avait porté plainte, en plus du collectif proche de l'extrême droite Manos limpias ("Mains propres"), pour sa part également à l'origine d'une autre plainte visant le frère de Pedro Sánchez.
- "Privilèges" -
En début de semaine, le chef du gouvernement avait redit sur la radio Cadena SER son "absolue tranquillité et (sa) confiance", assurant qu'il n'y avait "rien" dans le dossier et fustigeant "une stratégie judiciaire de harcèlement et de démolition de ce gouvernement ou de (sa) personne".
Avec la loi sur l'amnistie des indépendantistes catalans, l'affaire est depuis des semaines au centre de toutes les attaques de l'opposition de droite, qui a réclamé à de nombreuses reprises la démission du Premier ministre.
"Ce que tous les Espagnols attendent, c'est que Pedro Sánchez s'explique et qu'il dise pourquoi il n'a rien fait, alors qu'il savait ce qu'il se passait", a déclaré vendredi le porte-parole du PP, Borja Semper sur la chaîne Telecinco, accusant Begoña Gómez de "faute éthique très grave".
"Begoña Gómez ne peut être traitée d'une manière différente, avec des privilèges, quand le reste des Espagnols doivent rendre des comptes devant un juge d'instruction", a dénoncé Jorge Buxadé, du parti d'extrême droite Vox, dénonçant le fait que l'épouse de Pedro Sánchez a par exemple pu entrer dans le tribunal par une porte dérobée.
La porte-parole du gouvernement, la ministre de l'Education Pilar Alegría s'est de son côté contentée de répéter vendredi qu'il n'y avait "rien, absolument rien" dans cette affaire, affichant "une parfaite tranquillité d'esprit", et évoquant une "fausse plainte déposée par deux organisations extrêmes et occultes".
- Coup de tonnerre -
L'ouverture de cette enquête avait fait l'effet d'un coup de tonnerre: M. Sánchez avait suspendu son activité pendant cinq jours, affirmant envisager de démissionner, avant de finalement rester à son poste, au grand dam de l'opposition.
Les enquêteurs s'attachent notamment aux relations professionnelles de Begoña Gomez avec Juan Carlos Barrabés, un homme d'affaires dont les entreprises négociaient des aides publiques ou participaient à des appels d'offres publics.
Le Parquet européen s'est saisi d'un pan de cette enquête, portant sur l'utilisation de fonds européens, a confirmé l'institution à l'AFP.
Titulaire d'une licence de marketing obtenue au sein de l'université privée madrilène Esic et d'un master en management, l'épouse de M. Sánchez s'est spécialisée dans la collecte de fonds, notamment pour des fondations et des ONG.
Son parcours l'a conduite à occuper plusieurs postes à responsabilité, notamment chez Inmark Europa, société de conseil aux entreprises, et au sein d'un département de la célèbre Université Complutense de Madrid.