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Le quadragénaire, soupçonné d'avoir enlevé puis tué sa belle-fille de 6 ans dans la nuit de vendredi à samedi en Seine-Maritime, a été hospitalisé d'office dimanche en raison "d'idées délirantes" constatées durant sa garde à vue et levée en conséquence.
"Du fait de ses déclarations délirantes en garde à vue, (le suspect) a en effet été vu par un médecin psychiatre qui a notamment constaté +des idées délirantes de persécution, de complot et de filiation+ et des +hallucinations injonctives et hétéro-agressives+", a affirmé dans un communiqué le procureur de la République de Rouen, Frédéric Teillet.
L'hétéro-agressivité est une forme d'agressivité toujours dirigée vers autrui, à la différence de l'auto-agressivité, tournée vers soi-même.
"Sur ce fondement, l'intéressé a fait l'objet d'une hospitalisation d'office sur demande du représentant de l'État, le préfet de la Seine-Maritime", Jean-Benoît Albertini, a déclaré le magistrat.
"L'enquête suit son cours malgré cela", a-t-il précisé, indiquant que celle-ci se poursuivra par l'ouverture d'une information judiciaire qui devra "préciser le déroulement des faits" mais aussi établir "la responsabilité pénale du mis en cause au regard de ses troubles psychiatriques".
Célya, 6 ans, a été retrouvée morte dans la nuit de vendredi à samedi dans une zone boisée de la commune de Saint-Martin-de-l'If, quelques heures après avoir été enlevée par le compagnon de sa mère. Ce dernier a été interpellé samedi vers 6H dans le même secteur.
"Armé d'un couteau", l'homme s'était laissé "interpeller sans heurt", selon le procureur, qui l'avait placé en garde à vue pour tentative de meurtre sur conjoint, enlèvement de mineur de moins de 15 ans et meurtre sur mineur de moins de 15 ans.
- "Coup de folie" -
Âgé de 42 ans, le suspect avait déjà été condamné "à cinq reprises" depuis 2009 pour des affaires de stupéfiants et "incarcéré pour ce type de faits", avait détaillé le procureur de Rouen lors d'une conférence de presse samedi.
Il souffrait également de "troubles du comportement" mais n'était "pas connu pour des faits de violence et les gendarmes n'ont reçu aucune plainte pour de précédentes violences conjugales" dans ce couple ensemble depuis environ deux ans, toujours selon le parquet.
Dans ses premières déclarations, rapportés samedi par le procureur, la mère de l'enfant a affirmé que son compagnon ne s'était "jamais montré violent".
Dans la journée de vendredi, son conjoint avait "consommé plusieurs fois de la cocaïne" et "ça a été comme un coup de folie", il a "claqué brutalement Célya au sol", a relaté la mère qui, en s'interposant, a reçu "plusieurs coups de couteau".
Elle avait alors quitté leur logement pour appeler les secours qui, à leur arrivée, avaient constaté l'absence de l'enfant, qui sera ensuite retrouvée morte.
L'"examen externe" du corps de la fillette "a mis en évidence des faits d'une extrême violence, un fracas majeur du crâne de l'enfant à l'arrière de la tête qui a très probablement causé son décès", avait indiqué samedi le procureur.
- Sous le choc -
A Saint-Martin-de-l'If, les habitants étaient samedi après-midi encore sous le choc de la nouvelle du meurtre de la fillette, qui vivait dans le hameau des Héberts.
"Pas plus tard que mardi, la petite faisait du vélo, on l'a saluée, elle souriait", se souvient, bouleversée, une voisine.
La mère de Célya s'était mise en couple avec son nouveau compagnon "il y a deux ans environ". Ce dernier était "souvent (...) assis près du portail, dans le jardin, il buvait du café, il nous saluait. Des gens discrets, sans histoire", a-t-elle dit à l'AFP.
La disparition de Célya avait déclenché une "alerte-enlèvement", un dispositif adopté en France en février 2006 qui consiste à lancer une alerte massive en cas de rapt d'enfant mineur pour mobiliser la population dans la recherche de l'enfant et de son ravisseur.
Il a été utilisé en France à une trentaine de reprises jusqu'à présent.