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Échange historique de prisonniers entre le Kremlin et l'Occident: pourquoi Vladimir Poutine a-t-il accepté?

La Russie et les Occidentaux ont échangé jeudi en Turquie 26 de leurs ressortissants, dont le journaliste américain Evan Gershkovich, dans le plus grand accord de libération de prisonniers depuis la fin de la Guerre froide. Notre référente en politique internationale était dans le RTL info 19H pour analyser cet échange historique. 

RTL info : cet échange de prisonniers, ou du moins tout ce qui a été mis en place pour y arriver, ça ne date pas d'hier...

Chantal Monet : Non, on parle même d'années de négociations et c'est digne d'un roman de John Le Carré. Ces pays impliqués organisaient des réunions secrètes un peu partout en Europe, aux États-Unis, en Turquie, au Moyen-Orient. Et pendant des mois, les offres faites par les Américains sont refusées par les Russes. Jusqu'à ce que les Américains comprennent qu'en fait Vladimir Poutine veut un homme, Vadim Krasikov, un tueur à gages espion qui est condamné à perpétuité en Allemagne.

Mais pour ça, il faut convaincre le chancelier allemand qui refuse pour des raisons de morale. Ça a été des mois de tractations. Les Américains lui disent "mais en plus des deux Américains, on peut essayer d'obtenir Alexeï Navalny". Finalement, Olaf Scholz accepte. Le 9 février, à la Maison-Blanche, lors d'une réunion avec Joe Biden, il dit à Joe Biden "Si c'est pour vous, je le fais". D'autant qu'à ce moment-là, il se dit que Vladimir Poutine pourrait accepter.

Mais une semaine après, on apprend la mort d'Alexeï Navalny, une mort qui est toujours mystérieuse. Certains disent qu'il y aurait eu un revirement soudain de Vladimir Poutine. Donc il faut tout recommencer, proposer d'autres noms. Et parmi eux, celui de Vladimir Kara-Mourza, le principal opposant à Vladimir Poutine. Il est détenu en Sibérie, condamné à 25 ans de prison. Olaf Scholz accepte le deal. Finalement, fin juin, Vladimir Poutine le valide début juillet. Et puis là, tout s'accélère.

Les rapports entre l'Est et l'Ouest, particulièrement en ce moment, ne sont pas vraiment au beau fixe, on le sait. Pourquoi finalement, Vladimir Poutine accepte-t-il ce genre de deal ?

Eh bien parce qu'en général, Vladimir Poutine préfère avoir ses ennemis en dehors de la Russie plutôt qu'en Russie, fussent-ils en prison. Et puis, c'est aussi un message qu'il envoie à ces hommes de main, ses espions, ses tueurs à gages. On l'a entendu, il les a félicités hier soir pour leur fidélité. Et avec ce deal, il leur dit "N'ayez crainte, où que vous soyez, je ferai tout pour vous récupérer".

Et cette diplomatie des otages, c'est aussi un message aux Occidentaux en disant "Attention, si vous mettez les pieds en Russie, vous risquez d'être pris comme monnaie d'échange". À noter enfin ce succès pour Joe Biden et Kamala Harris, en pleine campagne présidentielle puisque, au mois de mai, Donald Trump avait dit "Je suis le seul à pouvoir ramener aux États-Unis le journaliste Evan Gershkovich".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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