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Les États-Unis ont envoyé un courrier aux entreprises belges pour qu'elles abandonnent leur programme de diversité, d'égalité et d'inclusion si elles veulent maintenir leurs contrats avec les Américains. Si les autorités belges s'insurgent, certaines entreprises, comme le géant pharmaceutique GSK, ont déjà revu leur copie.
Le drapeau de la diversité virevolte devant le siège de GSK à Wavre. Mais pour combien de temps encore? Après l'élection de Donald Trump, l'entreprise pharmaceutique a revu sa politique de diversité pour répondre à une nouvelle réglementation des États-Unis, son plus gros client.
"Nous avons suspendu et, dans certains cas, arrêté certaines initiatives afin de garantir notre conformité avec la loi dans les pays où nous opérons, y compris aux États-Unis", a déclaré l'entreprise par voie de communiqué. Quelles sont les conséquences de cette décision? Difficile à dire pour l'instant. Le vocabulaire a, en tout cas, déjà changé. Le site internet belge de GSK a supprimé une page. Les mots "diversité" et "équité" ont disparu.
L'entreprise emploie 9.000 personnes en Belgique. Elles craignent de nouvelles mesures. "À partir du moment où l'administration d'un pays étranger arrive à mettre des sanctions économiques ou commerciales à des pays en leur demandant de rejoindre leur politique, ici d'extrême droite, on se demande ce qu'il en sera demain. Demain, quelles seront les menaces? Quelles seront les sanctions", réagit Thomas Benoussaid, secrétaire permanent CNE.
La Belgique envisage une réponse juridique
Plusieurs entreprises belges ont reçu la lettre du président Trump. Les Affaires Étrangères ont écrit à l'ambassade des États-Unis pour faire part de leur indignation. La Belgique envisage une réponse juridique: "Parce qu'il est évident qu'une entreprise qui souhaiterait se calquer sur les nouveaux standards américains et qui, à ce titre, renoncerait à son programme de soutien à la diversité ou à la lutte contre toute forme de discrimination pourrait être en porte-à-faux avec la législation belge", affirme Maxime Prévot.
Selon Martin Deleixhe, professeur de sciences politiques à l'ULB, il s'agit d'une ingérence claire qui doit nous inquiéter: "Ce n'est pas seulement dans les entreprises. On voit qu'il y a un climat plus général de discrédit de l'idée selon laquelle il existerait des discriminations. De plus en plus, le discours dominant, c'est l'idée selon laquelle puisque nous avons tous des droits, puisque nous sommes tous des sujets de droit, il n'y aurait plus de discrimination entre nous."
La réglementation américaine pourrait aussi être une entorse au traité de Vienne sur les relations internationales.