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Dans le camp d'al-Mawasi à Gaza, une frappe israélienne puis un chaos "inconcevable"

Déclaré "zone humanitaire" par Israël et donc sûr, en théorie, pour les déplacés, le camp d'al-Mawasi dans le sud de la bande de Gaza, a plongé samedi dans le chaos après une frappe israélienne parmi les plus meurtrières depuis le début de la guerre.

Elle a laissé dans ce camp près de Khan Younès un cratère poussiéreux, des débris, des tentes aplaties et des déplacés qui ratissent les décombres à la recherche des victimes.

Un homme porte une jeune fille à bout de bras qui semble inconsciente, du sang sur le visage. Puis c'est au tour d'un jeune garçon d'être récupéré, inanimé. Des hommes sont poussés dans des voitures, sur un semblant de charrette, transportés dans une couverture ou une bâche de plastique jusqu'à l'hôpital.

A côté, un 4x4 est en feu.

"Qu'est-ce qu'ils ont fait? Ce sont des enfants, des enfants, de sept et douze ans, le plus âgé était en première année d'université, c'était tous des civils", se désole Aya al-Agha.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a fait état de plus de 71 morts et de 289 blessés dans la frappe de "l'occupation" (Israël), d'après un communiqué, qui ne précise pas le nombre d'enfants, de femmes ou de combattants tués.

L'AFP n'a pas pu vérifier ces chiffres de façon indépendante.

Israël a dit avoir visé à Khan Younès deux hauts dirigeants du mouvement Hamas, dont le chef de sa branche armée, Mohammed Deif, sans pour autant annoncer leur mort.

"La frappe a été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas et où, d'après nos informations, seuls des terroristes du Hamas étaient présents et où il n'y avait pas de civils", a indiqué l'armée dans un communiqué.

"Il s'agit d'une frappe précise. Il est estimé que la plupart des victimes sont aussi des terroristes qui étaient avec Deif et Salama", a-t-elle affirmé, en référence à Rafa Salama, le commandant de la brigade du Hamas à Khan Younès.

Le Hamas a estimé que les allégations israéliennes visaient "à masquer l'ampleur de l'effroyable massacre".

- "Assez!" -

"Il y a eu un tir de drone, puis trois missiles", relate Mahmoud Abou Akar. "C'est arrivé tout d'un coup, sans avertissement."

"Il y a des gens qui ont perdu des jambes ou des bras partout, c'est une scène inconcevable, qui dépasse l'imagination", raconte Mahmoud Chahine à l'AFP. "Ce n'est pas normal ce qu'il se passe, pourquoi ça nous arrive?"

"Tout d'un coup les roquettes tombent, c'était un massacre, on a été directement visés! Regardez-nous, nous n'avons pas d'armes, on était assis au marché, il y a des enfants ici", poursuit-il en pleurant.

L'Unrwa, agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, estime qu'environ 1,5 million de personnes se trouvent dans le secteur d'al-Mawasi, à Khan Younès et Rafah, a indiqué une porte-parole à l'AFP. Les conditions de vie y sont déplorables, ont répété des organisations humanitaires.

La guerre a éclaté le 7 octobre après une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 38.345 morts, en majorité des civils, a annoncé jeudi le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Bien que l'hôpital Nasser de Khan Younès ait indiqué ne plus être en capacité de recevoir de nouveaux patients, les ambulances continuent d'y déverser des blessés.

"Assez, mon Dieu, assez!", se lamente une femme en face de l'établissement.

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