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Face à la salve de droits de douane imposés par Trump, une vague de réactions secoue la planète : UE, Chine, Japon, Australie… tous préparent ripostes ou négociations, redoutant une guerre commerciale aux conséquences mondiales.
Au moins 10% pour tout le monde dès samedi, 34% additionnels pour la Chine, 20% pour l'Union européenne (UE)... Donald Trump a promis mercredi une montagne de nouveaux droits de douane à l'entrée des Etats-Unis.
Ces nouvelles taxes sur les importations sont censées rapporter plusieurs centaines de milliards de dollars par an à l'Etat fédéral américain, et se cumulent avec de précédentes annonces du président, déterminé à inverser le cours des échanges internationaux.
Un "coup dur" pour l'économie pour Ursula von der Leyen
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé jeudi que ces nouveaux droits de douane étaient "un coup dur" pour l'économie mondiale.
Regrettant "profondément" cette décision, elle a affirmé que les Européens étaient "prêts à réagir" et travaillaient déjà à "un nouveau paquet de contre-mesures" au cas où les négociations avec l'administration américaine, ardemment souhaitées par l'UE, devaient échouer. Un premier paquet de contre-mesures pour répondre aux droits de douane sur l'acier est par ailleurs en cours de finalisation.
Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi de nouveaux droits de douane d'au moins 10% sur les produits étrangers importés vers les États-Unis. L'UE devra faire face dès le 9 avril prochain à des taxes douanières de 20%.
Il ne semble pas y avoir d'ordre dans le désordre
Ursula von der Leyen a déploré une décision qui aura des conséquences "désastreuses pour des millions de personnes dans le monde", et plus particulièrement "les pays les plus vulnérables". "Il ne semble pas y avoir d'ordre dans le désordre", s'inquiète-t-elle en analysant les choix de Trump.
"Je suis d'accord avec le président Trump pour dire que d'autres profitent injustement des règles actuelles", a clamé la présidente de la Commission européenne. "Mais je veux aussi être claire: ce n'est pas en utilisant les droits de douane comme premier et dernier outil que l'on va régler le problème. C'est pourquoi, dès le départ, nous avons toujours été prêts à négocier avec les États-Unis, afin de supprimer les derniers obstacles au commerce transatlantique".
"Passons de la confrontation à la négociation", a-t-elle encore appelé dans son discours depuis Samarcande, en Ouzbékistan, où elle assiste au premier sommet UE-Asie centrale jusqu'à vendredi.
La Belgique et le reste de l'Europe réagissent
Maxime Prévot, ministre des Affaires étrangères regrette les nouveaux tarifs américains et appelle au dialogue. "Personne ne gagne dans une guerre commerciale", avertit-il. Il fustige une décision "unilatérale" qui s'attaque à "l’ordre commercial mondial". La Belgique soutient une réponse "proportionnée et unie" de l’UE et plaide pour "des ponts, pas des barrières".
A force de jouer avec des allumettes, les Etats-Unis finiront par se brûler
"Nous réagirons rapidement et de manière assertive, proportionnelle et unie, avec une stratégie qui protège notre économie. Il ne serait en effet pas pertinent de prendre des mesures qui seraient susceptibles de nous nuire plus qu’aux États-Unis. Mais à force de jouer avec des allumettes, les Etats-Unis finiront par se brûler. L’effet retour pour leur propre dynamique économique semble être négligé par Washington", déclare-t-il.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a ainsi estimé mercredi que les nouveaux droits de douane américains de 20% imposés à l'UE étaient une "mauvaise mesure". Cette mesure "ne convient à aucune des deux parties", a-t-elle déclaré par voie de communiqué. "Nous ferons tout notre possible pour parvenir à un accord avec les États-Unis, afin d'éviter une guerre commerciale qui affaiblirait inévitablement l'Occident au profit d'autres acteurs mondiaux", a-t-elle ajouté.
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a pour sa part dit "profondément regretter" ces taxes. Il a appelé les 27 à réagir de façon "proportionnée". "Toute action doit être proportionnée et viser à défendre les intérêts de nos entreprises, de nos travailleurs et de nos citoyens", a-t-il déclaré dans un communiqué. L'Irlande, qui accueille les sièges européens des grands groupes américains de la tech ou du secteur pharmaceutique, enregistre l'excédent le plus large des membres de l'UE avec les États-Unis.
L'industrie chimique allemande, dont les USA sont le premier marché d'exportation, a de son côté appelé l'Union européenne à "garder la tête froide". La fédération VCI de la chimie, représentant des géants industriels comme Bayer ou BASF, appelle Bruxelles à "rester flexible dans sa réaction et maintenir un dialogue étroit avec Washington" car selon elle "l'objectif doit être une solution équitable pour les deux parties" et l'Allemagne "ne doit pas devenir le jouet d'une guerre commerciale sans fin".
Le Royaume-Uni compte, lui, toujours conclure un accord avec les États-Unis pour "atténuer" l'impact des droits de douane de Donald Trump et n'entend pas riposter immédiatement, a annoncé le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds.
"Les États-Unis étant notre allié le plus proche, notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord qui, nous l'espérons, atténuera l'impact de ce qui a été annoncé aujourd'hui", a-t-il déclaré.
Londres a été relativement épargné par Donald Trump, avec des droits de douane de 10%, le niveau le plus faible annoncé, surtout en comparaison de la Chine (34%) ou de l'Union européenne.
Secoués, les pays asiatiques dénoncent la décision
La Chine a déclaré jeudi "s'opposer fermement" aux nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump, particulièrement lourds pour ses produits, promettant de riposter pour défendre ses "droits et intérêts". Le président américain a annoncé l'instauration dès le 9 avril d'une nouvelle taxe à l'importation sur les produits chinois de 34%, s'ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà mis en place.
Les droits de douane américains "ne respectent pas les règles commerciales internationales et portent gravement atteinte aux droits et intérêts des parties concernées", a dénoncé le ministère chinois du Commerce dans un communiqué.
"La Chine exhorte les États-Unis à annuler immédiatement les droits de douane unilatéraux et à résoudre de manière appropriée les différends avec ses partenaires commerciaux par le biais d'un dialogue équitable", a encore déclaré le ministère, estimant que ces mesures "mettent en péril le développement économique mondial".
La Thaïlande a pour sa part un "plan solide" pour répondre aux droits de douane de 36% annoncés par Donald Trump, et espère pouvoir négocier une réduction de ces taxes, a affirmé jeudi à la télévision la Première ministre Paetongtarn Shinawatra.
Taïwan a qualifié jeudi de "totalement déraisonnable" la décision du président américain, disant vouloir mener de "sérieuses négociations" avec Washington.
Taipei, touché par une taxe de 32%, considère que cette décision est "totalement déraisonnable (...) et va engager de sérieuses négociations" avec Washington, a rapporté Michelle Lee, une porte-parole de l'exécutif de l'archipel.
Tokyo a informé Washington que les nouveaux droits de douane américains, incluant une taxe de 24% sur les produits japonais, étaient "extrêmement regrettables", a indiqué jeudi le ministre du Commerce et de l'Industrie Yoji Muto.
Le porte-parole du gouvernement Yoshimasa Hayashi a par ailleurs estimé que l'offensive douanière du président américain pourrait contrevenir aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et au traité commercial entre les deux pays.