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Les Libanais qui vivent sur place ou en Belgique sont très inquiets, leur sécurité au Liban n'est pas garantie et les déplacements au pays parfois risqués.
Née au Liban, Barrak Zailaa Rima vit en Belgique depuis plus de 30 ans. Depuis son appartement bruxellois, elle se sent impuissante face à l'escalade des violences à la frontière libanaise. Au fil de la discussion, elle se souvient d'un voyage dans le sud du pays : "Moi j'ai rencontré des gens qui sont superbes, mais qui sont dans cette menace continue de se faire bombarder, de se faire assassiner, de ne pas pouvoir avoir un développement normal de la vie sociale et de la vie économique, raconte-t-elle. Je vis ça très mal parce que je mesure aussi les limites de ce que je peux faire. Ce que je peux faire, c'est dénoncer, c'est participer à des manifestations, c'est en parler, mais on est dans une période assez sombre."
Une période sombre qui a poussé Gilbert Bejjani, médecin belgo-libanais, à rentrer au pays sans ses filles. "J'aime bien faire au moins, une visite pour voir ma maman et mon papa et donc cette année, j'ai dit à mes enfants que j'irai tout seul parce que j'étais inquiet. On ne sait pas du tout comment ça peut se passer. Le Liban n'a qu'un seul aéroport et à la moindre crise l'aéroport ferme. Depuis un an, elles sont folles d'amour du Liban, mais elles étaient vraiment fâchées en fait. Il fallait expliquer les raisons du risque qui est toujours un risque latent."
De retour à Bruxelles, il prend régulièrement des nouvelles de ses proches.
"- Alors qu'est-ce qui se passe depuis ce matin ? J'entends que tout le monde est inquiet ?
- Oui, on est inquiet en fait, la situation n'est pas bien du tout, raconte par téléphone Jessica Nicolas, médecin. On a peur parce que moi chaque jour, je pars à l'hôpital donc j'ai peur de ne pas revenir à la maison et mes parents travaillent. Mais ce qui est bien chez les Libanais c'est que malgré tout, on est déterminé à affronter, on a la capacité à s'adapter à des situations de crise. Donc c'est comme un défi imposé par la guerre, l'instabilité politique. On trouve toujours les moyens de continuer à vivre normalement. Donc on essaie de toujours créer des événements pour se défouler, d'aller veiller, de manger de la bonne bouffe. C'est comme une quête de la normalité".
Une quête de normalité dans un pays fortement touché par les guerres et par l'explosion qui a ravagé sa capitale, Beyrouth, en août 2020.