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Des centaines de milliers de personnes ont défilé dimanche lors de la Marche des fiertés de Sao Paulo pour "récupérer" les couleurs verte et jaune du drapeau brésilien, devenu l'étendard politique de la droite au Brésil.
Un drapeau arc-en-ciel géant a recouvert la façade du Musée d'art de Sao Paulo (Masp) sur la principale avenue de la mégapole brésilienne, dans une ambiance festive teintée de messages pour le respect de "toutes les façons d'aimer, toutes les façons d'être".
Cette 28e Marche des fiertés intervient quelques jours après l'adoption par le Parlement, avec l'appui de l'extrême droite et des évangélistes, d'un article de loi controversé sur le genre et l'avortement.
Contournant un veto présidentiel, le texte interdit à l’Etat de financer ou promouvoir des "opérations de changement de sexe sur des mineurs" et "des avortements dans des cas non autorisés par la loi". Au Brésil, l'avortement n'est autorisé qu'en cas de viol, de risque pour la mère ou de problèmes avec le fœtus.
Le texte empêche également Brasilia de financer des initiatives visant à "faire disparaître le concept de la famille traditionnelle" ou incitant à l'occupation de terres privées.
Près de 20 millions de Brésiliens (10% de la population) s'identifient comme LGBT+, selon l'Association brésilienne des lesbiennes, gays, bisexuels, travestis, transsexuels et intersexuels.
Participer à la Marche des fiertés "c'est lutter pour la visibilité, contre la violence et pour dire que nous existons et que nous sommes des citoyens avec des droits et des devoirs", a déclaré à l'AFP Eugenio dos Santos, un manifestant vêtu du maillot vert et jaune de la sélection brésilienne de football, traditionnellement porté lors des rassemblements pro-Jair Bolsonaro, l'ex-président brésilien d'extrême droite.
Cette marche brésilienne des fiertés "est cruciale pour que le pays comprenne que cette lutte appartient à l'ensemble de la société", a déclaré à l'AFP la drag queen Tchaka, l'une des égéries du mouvement vêtue d'une robe de tulle verte et jaune.
Ce souhait de réappropriation du maillot de foot brésilien est né après le récent méga-concert donné par Madonna à Rio de Janeiro, qui a interprété une chanson en duo avec la drag queen brésilienne Pabllo Vittar, toutes deux vêtues du maillot de foot.
L'homophobie est un délit dans le pays depuis mi-2019, mais des agressions contre des personnnes homosexuelles et transgenres sont quotidiennement recensées. Selon les organisations de défense des droits LGBT+, 145 personnes transgenres ont été assassinées en 2023 et dix autres se sont suicidées.