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75% des Afro-Américains voteraient pour Kamala Harris: une mobilisation moins forte que ses prédécesseurs, mais pourquoi?

À deux semaines de l'élection présidentielle américaine et les sondages sont toujours aussi serrés. Comme toujours aux États-Unis, le vote communautaire est très scruté par les observateurs. Or, et c'est une surprise, les Afro-Américains se mobilisent moins que prévu en faveur de Kamala Harris. La fracture entre la vice-présidente et Donald Trump se ferait plutôt sur les questions de genre.

Dis-moi, quel est ta couleur ? Je te dirai pour qui tu votes. Depuis au moins 60 ans, et plus encore, les Afro-Américains ou Africains-Américains, comme on dit aujourd'hui, ont voté massivement pour le Parti démocrate. On se souvient du soutien de la famille Kennedy à Martin Luther-King et à la lutte pour les droits civiques. Mais le paroxysme a été atteint en 2008 avec l'élection de Barack Obama. 95 % des Noirs américains avaient alors voté pour le candidat démocrate. 

Or, cette fois, la mobilisation est moins forte. Selon les derniers sondages, Kamala Harris ne recueillerait que 75% du vote de la communauté. C'est beaucoup, mais ce n'est pas suffisant. D'autant qu'environ 25% des Africains-Américains voteraient alors pour Donald Trump, en dépit de ses outrances et de ses propos souvent à la limite du racisme. 
Il y a plusieurs explications possibles.

D'abord, une certaine maladresse du camp démocrate. Lors d'un meeting le 10 octobre, Barack Obama, qui appelait ses frères à se mobiliser pour la vice-présidente, leur a reproché de se détourner d'elle pour des raisons sexistes. Et malgré le charisme de l'ancien président, c'est mal passé.

Quant à la candidate, elle a présenté la semaine dernière un agenda d'opportunités pour les hommes noirs. Pour simplifier, un catalogue de mesures destinées à cette partie de la population. Essentiellement des initiatives de discrimination positive, mais aussi des choses plus étonnantes, comme la légalisation du cannabis récréatif qui créerait des opportunités économiques. Dans le contexte américain où plusieurs États ont déjà pris des mesures comparables, ça peut se comprendre. Mais c'est quand même associer une communauté à la consommation du cannabis alors qu'il est répandu partout.

Trump, de son côté, cherche à séduire cet électorat en martelant que son programme "America First" profiterait à tout le monde par l'effet du ruissellement de l'argent. Cela dit, appliquer une analyse communautaire au vote américain, aux démocrates, les minorités ethniques, noires, latinos, aux républicains, les "wasps", les blancs, anglo-saxons, protestants, est peut-être une grille de lecture surannée. Aujourd'hui, c'est plutôt le genre qui divise la société états-unienne. 35% des femmes, seulement, voteraient Trump. Les accusations de viols dont il est l'objet, ainsi que sa position hostile à l'avortement, braquent l'électorat féminin. 

On le voit, c'est bien plus sérieux que les politiques pour voir qui a travaillé chez McDonald's dans sa jeunesse. Car dans tous les pays du monde, il y a une chose que les électeurs n'aiment pas : être pris pour des imbéciles. 

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