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Jean-Marie Le Pen est décédé à 96 ans. Celui qui aimait se faire appeler le Menhir, en référence à ses origines bretonnes, aura mené une très longue carrière politique à l'extrême droite durant près de 70 ans. On le sait peu, mais il entretenait une relation particulière avec la Belgique, une relation qu'on pourrait qualifier d'historique.
Historique, pas au sens où elle aurait été mémorable, mais parce qu'elle était marquée par l'histoire. L'un de ses modèles, sinon LE modèle de Le Pen, n'était autre que Léon Degrelle, le leader de la collaboration en Belgique, qui a fini la seconde guerre mondiale comme général SS, décoré par Hitler en personne.
Dans une interview donnée à TF1 en 1992 depuis l'Espagne, où il a fui en 1945, l'ex-chef de Rex, condamné à mort en Belgique, déclarait au sujet de Le Pen : "Nous sommes de vieux copains, on se parle souvent en téléphone, j'essaye de l'orienter. Quant à Hitler, il l'admire beaucoup. Je lui ai donné quelques recettes pour assurer le financement de son parti, comme faire payer l'entrée de ses meetings. C'est le plus grand orateur français, et en politique c'est important. Il est merveilleux de souplesse et d'humour, il passe ses ondes, c'est ce qui fait son succès, il est remarquable".
Et le leader nazi belge, qui, jeune, lui aussi enflammait les foules, rajoute : "Le mouvement lepeniste, c'est une élite française. C'est la grande erreur des gauches de réduire le Front National à une portion misérable du peuple français".
Dans la même émission, Jean-Marie Le Pen a qualifié Degrelle de "monument historique" et quand le journaliste de TF1 lui a demandé s'ils étaient vraiment copains, Le Pen a éludé la question en répondant "On n'est pas à Nuremberg ici !" Référence provocatrice au procès des dirigeants nazis après la guerre. Au-delà des rodomontades et de la vantardise de Degrelle, qui se prétendait entre autres le modèle de Tintin, il y avait une vraie convergence idéologique entre Degrelle et Le Pen, notamment sur l'antisémitisme et le négationnisme.
Le juif est exhibitionniste
Ainsi, en 1987, Le Pen avait qualifié les chambres à gaz de "détails de l'histoire", lointain écho à une déclaration de Léon Degrelle. Je cite : "La destruction des Juifs d'Europe est un bobard que les Juifs exploitent, car le Juif est exhibitionniste". Par ailleurs, Le Pen a toujours gardé un œil sur la Belgique, mais son véritable allié dans le Royaume n'était pas le Front National belge qu'il méprisait, mais le Vlaams Blok. Ainsi, des représentants du parti flamand, assistaient régulièrement à ses meetings. J'ai croisé en 2007, dans l'un d'entre eux, Filp Dewinter, qui admirait Le Pen, car à l'image de son soi-disant copain, Jean-Marie Le Pen croyait à la victoire de l'extrême droite, non seulement en France, mais dans toute l'Europe.