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La présidence française a annoncé que l'état d'urgence allait être levé dans les prochaines heures en Nouvelle-Calédonie. Un geste d'apaisement donc, alors que de nombreuses barricades entravent toujours la circulation dans la capitale Nouméa. Les partis indépendantistes ont aussi appelé au calme.
L'état d'urgence sera levé ce soir, à 20h, heure de Paris, soit à 5h du matin, mardi, à Nouméa. 9h de décalage horaire, ça vous dit bien à quel point la Nouvelle-Calédonie, c'est loin. 16.700km, 24h de vol.
Emmanuel Macron y a passé une journée, mais le bilan de son voyage est mitigé. D'ailleurs, Paris va envoyer 480 gendarmes supplémentaires pour renforcer les quelques 3000 militaires et policiers déjà sur place.
Une situation toujours compliquée
Ils ont de grandes difficultés à reprendre le contrôle des grands axes. Les barrages, démantelés la nuit, sont rétablis le jour. Ainsi, on ne peut toujours pas atteindre l'aéroport international, situé à 50km au nord de la capitale.
C'est l'aéroport régional, situé, lui, dans Nouméa, qui a permis ces derniers jours les premières évacuations de touristes, avec l'aide des armées de l'air australiennes et néo-zélandaises. Ce n'est pas la guerre, mais ça y ressemble.
7 morts
On déplore 7 morts. Hier encore, un gendarme a été blessé par un éclat de balle. La levée de l'état d'urgence devrait néanmoins permettre aux leaders indépendantistes de se rendre sur le terrain pour essayer de calmer une jeunesse canaque, marginalisée, qui n'a pas grand-chose à perdre.
Les anciens, comme ils disent, vont leur demander de laisser passer les malades et les médecins vers l'hôpital, et les camions de ravitaillement vers les magasins encore debout. Il y a au port des stocks de nourriture et de médicaments, mais faut-il encore pouvoir les acheminer ?
La maladresse du président Macron
La mobilisation n'a pas faibli, d'autant qu'Emmanuel Macron a commis une maladresse en annonçant dans une interview publiée dimanche qu'il pourrait soumettre la loi sur le dégel électoral, à l'origine des émeutes, à un référendum national, c'est-à-dire à la population métropolitaine, dont la majorité ne connaît rien au sujet, et serait bien incapable de situer la Nouvelle-Calédonie sur une carte.
Il est revenu sur ses propos, disant que c'était juste une possibilité constitutionnelle. Trop tard sur les barrages. Hier, on ne parlait que de ça. Les négociations avec les émissaires du gouvernement devraient commencer dès aujourd'hui, avec pour objectif de trouver un accord global sur l'avenir du pays, un accord dans lequel le corps électoral ne serait qu'un chapitre.
Emmanuel Macron leur a donné un mois. Nouvelle erreur ! En Océanie, où l'on palabre longuement, c'est trop peu, car comme disent les Kanaks aux Européens, vous, vous avez la montre, et nous, le temps.