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Pourquoi le Japon demande-t-il l'extradition de l'écologiste Paul Watson ?

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Martin LELIEVRE

Farouche opposant à la chasse à la baleine détenu au Groenland, le militant écologiste Paul Watson a demandé l'asile politique en France au président français Emmanuel Macron. Il espère éviter d'être extradé au Japon. Voici les principaux enjeux autour de cette affaire.

- Qu'est-il reproché à Paul Watson ?

L'Américano-canadien de 73 ans, fondateur de Sea Shepherd et de la fondation qui porte son nom, a été arrêté le 21 juillet, en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un navire-usine baleinier nippon.

Selon ses soutiens, les autorités japonaises accusent Paul Watson d'"obstruction à une activité commerciale", mais également d'être co-responsable de dommages et de blessures lors de heurts dans l'océan Antarctique en 2010.

Deux incidents pour lesquels un ancien compagnon de route de Watson, le Néo-zélandais Peter Bethune, a été condamné en juillet 2010 à deux ans de prison avec sursis après avoir plaidé coupable.

Plus précisément, Paul Watson est poursuivi pour des blessures qui selon l'accusation auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du bateau Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l'acide butyrique, substance qu'on trouve par exemple dans le beurre rance.

Il est également poursuivi au sujet de l'abordage quatre jours plus tard du baleinier Shonan Maru 2, à bord duquel Peter Bethune était monté pour présenter la facture de son bateau, l'Ady Gil, un trimaran noir au design futuriste.

Celui-ci avait été grièvement endommagé un mois plus tôt en mer, le 6 janvier 2010, lors d'une collision retentissante, après avoir été violemment percuté par le Shonan Maru 2.

Le 15 février 2010, arrivé sur un jet-ski, Peter Bethune était monté à bord du navire après avoir coupé au couteau un filet anti-intrusion. Une "destruction de bien" en lien avec laquelle Paul Watson est aujourd'hui poursuivi.

Surtout, Paul Watson est poursuivi selon ses soutiens pour "obstruction à une activité commerciale", sans précision de dates.

"Le risque le plus sérieux, il est là", a admis vendredi auprès de l'AFP Jean Tamalet, avocat chargé de la coordination de la défense de Paul Watson.

- Quelle est sa défense ?

Paul Watson "reconnaît avoir entravé une pêche illégale" mais pas que cela représente une infraction, a déclaré Me Tamalet, soulignant la contradiction entre ce chef de poursuites et les fins de recherche qu'invoquait le Japon pour justifier la chasse à la baleine.

En 2014, la Cour internationale de Justice a ordonné à Tokyo de mettre fin à sa chasse régulière dans les eaux antarctiques, rejetant l'argument des recherches scientifiques.

Cinq ans plus tard, Tokyo a quitté la Commission baleinière internationale (CBI) pour s'affranchir d'un moratoire mondial et pêche de nouveau la baleine ouvertement pour des raisons commerciales.

Pour la défense du militant écologiste, ses avocats déploient une large palette d'arguments, allant du non-respect de ses droits fondamentaux à des éléments provenant de l'analyse des images des incidents.

Mettant en cause le système pénal japonais, ils invoquent des images montrant des membres de l'équipage du Shonan Maru 2 qui semblent être atteints par leurs propres tirs de gaz lacrymogène à cause du vent.

Lors des deux incidents, Paul Watson se trouvait sur un autre bateau.

- Quid de la demande d'asile politique ?

Sea Shepherd France affirme avoir transmis à Emmanuel Macron une lettre manuscrite de Paul Watson, datée du 4 octobre, dans laquelle il demande l'asile politique à la France.

Mercredi, l'un des conseils de Paul Watson, l'avocat français Jean Tamalet, a estimé que cette demande avait une "valeur hautement symbolique, très forte, très puissante".

Elle ne doit toutefois "pas être interprétée comme une fuite en avant face à l'adversité judiciaire en cours", "dont on espère sortir par la grande porte", a-t-il poursuivi.

Quant à la position de la France, elle n'est pour l'heure "pas tranchée", a déclaré jeudi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Dès le 23 juillet, l'Elysée avait indiqué qu'Emmanuel Macron suivait "la situation de près" et intervenait "auprès des autorités danoises" pour éviter son extradition vers le Japon.

Les avocats de Paul Watson espèrent une décision du ministère danois de la Justice, dont dépend le Groenland pour cette demande d'extradition, dans les prochaines semaines. Selon Sea Shepherd France, la partie technique de la demande d'asile politique n'a pas encore été "amorcée".

Celle-ci se heurte à un problème de droit, a relevé vendredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, car "en principe, une demande d'asile ne peut être faite que sur le sol du pays dans lequel cette demande est faite".

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