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Quatre militants d'ultradroite ont été condamnés mercredi à des peines allant de six mois de prison avec sursis à sept mois ferme pour leur participation à une agression homophobe à Paris dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu'ils "fêtaient" la victoire du RN aux élections européennes.
En garde à vue, ces quatre jeunes hommes ont affirmé des "revendications paramilitaires et d'affiliation au GUD (Groupe union défense, un syndicat d'étudiants d'extrême droite, NDLR) et au Rassemblement national", selon le parquet.
Deux d'entre eux ont été condamnés pour violences, à cinq et sept mois de prison ferme. Le tribunal correctionnel a ordonné leur incarcération immédiate. D'ici quelques jours, ils pourront toutefois demander à purger leur peine sous bracelet électronique.
Les deux autres ont écopé d'une peine plus légère, de six mois avec sursis, pour "non assistance à personne en danger".
Parmi ces deux derniers figure Gabriel Loustau, 23 ans, une figure du GUD et fils d'Axel Loustau, ancien militant de cette organisation étudiante, ex-élu RN et autrefois proche de Marine Le Pen. "Votre père dit qu'il est fier de vous, que vous avez un fort tempérament et des convictions de patriote", a énoncé la présidente en résumant l'enquête de personnalité.
La victime, un jeune homme d'une vingtaine d'années, a reçu un coup de poing au visage. Il n'était pas présent à l'audience, mais selon son récit rapporté par les enquêteurs, il affirme avoir été agressé alors qu'il marchait dans la rue, par cinq hommes dont l'un lui a crié "Sale pédé, t'es un trans".
A la barre, les quatre étudiants ont réfuté toute participation aux faits, s'enfermant souvent dans des réponses fuyantes aux questions du tribunal. Ils n'ont ainsi pas su expliquer pourquoi l'un d'eux avait écrit un message peu de temps après l'heure de l'agression, en indiquant que ses amis avaient "fumé un gay".
A l'audience a également été évoquée leur attitude lors de leur interpellation et de leur arrivée au poste de police, la nuit des faits: ils s'y sont fait remarquer par des chants militaires ou des phrases comme "vous verrez quand Bardella sera au pouvoir, quand Hitler reviendra".
"Vous ne savez pas qui je suis, vous verrez demain ce qui va vous arriver", a menacé l'un d'eux à l'attention des policiers. "C'était une blague", s'excuse-t-il à la barre, expliquant qu'"on a besoin de se détendre quand on a les menottes aux mains".
Concernant les faits proprement dits, ce sont des "violences gratuites" d'une "particulière gravité", a fustigé la représentante du parquet.
La défense, de son côté, a plaidé la relaxe, estimant les éléments à charge "trop fragiles".
En dépit du contexte - celui d'une nuit où les quatre étudiants avaient certes un peu bu, pour "fêter le succès de leur favori" aux élections européennes - la justice doit "garder son calme" et ne donner aucune "coloration politique" à sa décision, a plaidé Me Roland Poynard. Seuls les "faits objectifs" comptent, et pas les opinions des prévenus, a renchéri sa collègue, Me Capucine Collin-Lejeune.
Trois des mis en cause avaient déjà été interpellés parmi un groupe de 39 personnes, lors d’un rassemblement le 10 février au cimetière de Charonne à Paris, en hommage à l'écrivain d'extrême droite Robert Brasillach, fusillé à la Libération pour collaboration.
La procédure avait été classée sans suite, aucune infraction n'étant suffisamment caractérisée.
Gabriel Loustau a par ailleurs comparu le 22 mai à Paris pour provocation publique à commettre un délit, menace de mort, injures à caractère discriminatoire et apologie de crime. Le jugement sera rendu le 24 juin.