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La ministre de l'Éducation nationale démissionnaire Nicole Belloubet a plaidé mardi pour que son budget soit "a minima sanctuarisé" avant l'ouverture du débat sur le budget 2025 que mènera le futur gouvernement, et a assuré le service après-vente de réformes dont l'avenir s'écrit en pointillé.
Nicole Belloubet, critiquée par certains sur les réseaux sociaux pour mener ce temps fort que représente la conférence de presse de rentrée malgré un gouvernement démissionnaire, a évoqué "un temps d'action" avant la rentrée de 12 millions d'élèves, le 2 septembre.
Il s'agit, selon elle, d'un "contexte un peu inédit sur le plan politique" mais "les affaires courantes ne sont ni un temps suspendu pour l'école, ni un temps mort", a justifié la ministre, en poste depuis près de sept mois.
Parmi les sujets phares, le budget de l'Éducation nationale, le premier de l'État.
"La cohérence voudrait que le budget de l’Éducation nationale soit a minima sanctuarisé. Le prochain gouvernement devra y être très attentif s'il souhaite maintenir une réelle ambition pour cette priorité nationale", a déclaré Nicole Belloubet.
A ce stade, le projet budgétaire adressé par Matignon à son ministère "ne répond pas à l'ensemble de nos besoins", a-t-elle ajouté.
Une source gouvernementale a pour sa part assuré à l'AFP que "le budget 2025 prévu pour l’Éducation nationale augmente de près de 900 millions d'euros par rapport au budget final de 2024", sans donner davantage de précisions. Contacté, le ministère de l’Éducation n'a pas donné suite.
Gabriel Attal a transmis la semaine dernière aux ministères les "lettres plafonds" d'un projet de budget 2025 dont il propose l'exacte reconduction du total des crédits, à charge pour son successeur d'y mettre sa patte politique.
- "Hors sol" -
Autre sujet brûlant de cette rentrée scolaire particulière, la mise en place de l'enseignement du français et des mathématiques en groupes en sixième et en cinquième.
Annoncés par Gabriel Attal alors ministre de l'Éducation nationale mais vilipendés par une bonne partie du monde éducatif, les groupes de niveau, rebaptisés "groupes de besoins" par Nicole Belloubet, seront mis en place "avec souplesse et pragmatisme", a promis la ministre.
Sujet de long terme, les postes d'enseignants non pourvus, représentent l'une des "urgences structurelles", selon les syndicats enseignants.
La crise perdure encore cette année, avec plus de 3.000 postes non pourvus aux concours enseignants du public et du privé. Comme l'an passé, l'enjeu sera d'assurer la présence d'un enseignant devant chaque classe, à la rentrée et sur la durée.
"A la réouverture des académies, nous étions tout proche de l'atteinte de nos objectifs de 100% de couverture du besoin en enseignants", a assuré Mme Belloubet.
Mais pour la CGT Educ'action, "rien n’a été dit" sur "le manque chronique de personnels" lors de cette conférence de presse "hors sol et non démocratique".
"Elle symbolise le maintien de la politique de casse de l’Éducation nationale, du tri social des élèves, du manque d’investissement dans les services publics", a-t-elle ajouté, appelant à mener "une autre politique".
"Un changement de cap s'impose", a également réagi l'Unsa Education. "Il est grand temps de stopper la déconnexion politique avec la profession".
- "Pause numérique" -
Concernant les réformes envisagées pour le brevet, Nicole Belloubet a indiqué que l'obtention de ce diplôme ne serait probablement pas obligatoire pour le passage en classe de seconde comme envisagé par Gabriel Attal, "le décret prévu à cette fin étant gelé à ce stade".
A la suite des préconisations de la commission "écrans" voulue par Emmanuel Macron, la ministre démissionnaire a également annoncé l'expérimentation de l'interdiction du téléphone portable dans 200 collèges avant une possible généralisation de cette "pause numérique" en janvier 2025.
A la fin de son discours, l'ancienne rectrice, tout en affirmant avoir "envie" de continuer à occuper la place de ministre de l’Éducation, a ouvert la voie à une "réflexion globale sur le temps de l'enfant".
En réaction à cette conférence de presse, le député LFI Antoine Léaument a réagi sur X (ex-Twitter): "Mais AU NOM DE QUI ET DE QUOI madame Belloubet s’exprime encore comme ministre de plein exercice ? (...) Il faut partir maintenant".