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À Lourdes, la fête de l'Assomption attire des milliers de croyants, qui profitent enfin des bains sacrés après quatre ans de fermeture. Une expérience de ressourcement et de partage au cœur du sanctuaire.
Venus en nombre à l'occasion de la fête de l'Assomption, plus important rassemblement de l'année à Lourdes, les pèlerins renouent avec le rituel du bain dans l'eau de sa source, après quatre ans de fermeture liée au Covid et à des travaux.
"Je sens que tout ce que j'ai accompli de mauvais a été pardonné". Julienne Zoungrana, 39 ans, vient de se baigner dans les piscines du sanctuaire, et elle en ressort le sourire aux lèvres. Catholique pratiquante, elle est venue de Paris et reste quatre jours sur place pour célébrer l'Assomption, la fête religieuse qui marque la montée au ciel de Marie, mère de Jésus, et constitue traditionnellement le moment fort de l'année de ce sanctuaire pyrénéen qui lui est dédié.
À ses côtés, son amie Gaelle, 40 ans, approuve : "Le bain apaise, fait du bien, on se sent léger. Ça ne s'explique pas, ça se vit, c'est Lourdes. C'est comme si tout le fardeau qu'on avait en nous était resté dans l'eau". Pour les deux croyantes, c'est le troisième pèlerinage dans la cité mariale mais le premier où elles peuvent accomplir ce rituel du bain, important aux yeux des fidèles. "Il existe un ressourcement à travers cette eau, qui est la marque du sanctuaire de Lourdes", explique le père Michel Daubanes, son recteur.
Plus de 7.000 pèlerins
Selon la tradition catholique, la Vierge Marie serait apparue à Bernadette Soubirous dans la grotte locale de Massabielle en 1858, et aurait notamment demandé aux fidèles de venir y boire à sa source et de s'y laver.
Cette année, 7.000 assomptionnistes se sont inscrits au pèlerinage national et seront rejoints par des milliers de pèlerins venus individuellement fêter le 15 août. Ils profiteront de la reprise partielle des bains dans cinq des dix-huit piscines sacrées du sanctuaire.
Depuis leur arrêt lié au Covid, les fidèles ne pouvaient plus faire, dans le bâtiment des piscines rouvert en mai 2020, que "le geste de l'eau", qui consiste à "recevoir de la part d'un hospitalier de l'eau dans le creux de ses mains pour boire et se laver le visage", détaille Michel Daubanes. Les quatre années post-Covid ont permis au sanctuaire de rénover les piscines et de changer le système de filtration de l'eau.
Dans le bâtiment, tout proche de la grotte, les pèlerins sont accueillis par des "hospitaliers" - des bénévoles de l'association L'Hospitalité Notre-Dame de Lourdes - chargés de les guider et de les accompagner, soit pour le geste de l'eau, soit pour le bain complet.
"Répondre à l'appel"
Dans ce dernier cas, le fidèle, soutenu par "l'hospitalier", se plonge, nu et entouré d'un drap, dans une des piscines individuelles, une baignoire en marbre dont l'eau avoisine les 10 degrés.
"Nous, les pisciniers, on a de l'eau de source qui coule dans nos veines depuis que nous sommes tout petits", dit Marie-Stéphane Berthe, responsable des piscines pour femmes et "hospitalière" depuis 35 ans, qui dit "recevoir beaucoup" grâce à cette expérience. "Être hospitalière et accompagner les pèlerins, c'est une manière de répondre à l'appel de la Vierge Marie", dit cette femme pour qui c'est une "très belle démarche intérieure".
Mardi, au premier jour d'un pèlerinage national qui dure jusqu'à vendredi, près d'un millier de personnes se sont baignées dans les piscines de Lourdes. L'attente est parfois importante mais les pèlerins, à en croire Antoine Dejoie, responsable des piscines pour hommes, font preuve de patience. "Certains nous disent : j'ai attendu quatre ans, je peux bien attendre trois heures de plus".
"Si cela a beaucoup de succès, c'est aussi parce que le monde va mal", estime le père Daubanes qui décrit des fidèles "marqués" par le "contexte des drames en Ukraine et à Gaza", mais aussi par des problèmes personnels, sociaux ou professionnels. Pour Marie-Stéphane Berthe, c'est en effet avant tout "la paix" que les pèlerins viennent chercher. "Ils repartent avec le sourire et des larmes de joie pour certains", dit "l'hospitalière".