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"Les oubliés des Jeux Olympiques": un camp de sans-abri évacué par la police place de la Bastille à Paris

La police évacue environ 200 sans-abri qui avaient rejoint le campement installé depuis juin place de la Bastille à Paris. Pour Yann Manzi, cofondateur et délégué général de l'association Utopia 56, ce sont "les oubliés des Jeux olympiques, ceux qui ont été vidés des hôtels, ceux qui ont été vidés des squats".

Une centaine de sans-abri ont brièvement rejoint mardi le campement installé depuis juin par l'association Droit au logement (DAL) place de la Bastille à Paris, portant à quelque 200 le nombre de personnes occupant le site, finalement évacué par la police dans la soirée. Soutenus par le DAL et l'association de soutien aux migrants Utopia56, plusieurs dizaines de migrants, ainsi que des jeunes se présentant comme des mineurs non accompagnés, ont déployé mardi après-midi leurs tentes multicolores sur ce site emblématique de la capitale.

Ils s'étaient joints à la cinquantaine de tentes déjà installées, depuis début juin, par des personnes en attente d'un logement social. 

Quelques heures plus tard, toutes les tentes ont été retirées de la place par la police à la suite d'un arrêté préfectoral, a-t-on appris auprès du DAL. L'arrêté d'interdiction invoque une "urgence à agir" dans le cadre de la sécurisation des Jeux olympiques, afin de "garantir la protection des personnes et des biens contre les risques d'attentat dans un contexte de menace terroriste aigüe".

En installant le campement mardi, le porte-parole du DAL, Jean-Baptiste Eyrault, a dénoncé une "augmentation des expulsions locatives en raison de loyers trop chers".
"A cela s'ajoute le manque de logements sociaux. Dans le même temps, les bâtiments vacants sont de plus en plus nombreux", a-t-il dénoncé.  

"Ce n'est pas la fête pour tout le monde"

Depuis des mois, le collectif le Revers de la médaille dont fait partie Utopia56 alerte sur l'expulsion des populations précaires de Paris, en amont des olympiades parisiennes. "On voulait montrer la réalité de ce qui se passe pendant ces Jeux Olympiques. Même si c'est la fête, ce n'est pas la fête pour tout le monde. Il y a des femmes, des bébés, des enfants qui sont à la rue tous les jours, ce qu'on appelle les oubliés du 115, ou les oubliés des Jeux Olympiques. Ceux qui ont été vidés des hôtels, qui ont été vidés des squats", dénonce Yann Manzi, cofondateur et délégué général de l'association Utopia 56. 

Selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre en février, les expulsions locatives ont atteint un niveau record en 2022 (17.500). De même, le nombre de personnes à la rue a augmenté, en particulier celui d'enfants. Plus de 8.300 personnes, dont 2.800 mineurs, ont été refusées chaque soir par le 115 (le numéro pour demander une place dans un centre d'urgence) à l'automne dernier, contre 6.300 un an plus tôt.

En parallèle, les demandes de logement social sont au plus haut, avec 2,6 millions de ménages en liste d'attente.

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