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Donald Trump est de retour vendredi à son procès pénal à New York sur des paiements cachés pour étouffer des histoires embarrassantes, en clôture d’une première semaine de débats en forme de plongée dans le milieu de la presse à scandales.
Pour le quatrième jour, l'ex-président américain est confronté au témoignage fleuve et haut en couleur d'un ancien patron de tabloïd, David Pecker, à son service durant la campagne présidentielle 2015-2016 pour "tuer" de possibles affaires gênantes, notamment une relation supposée avec une mannequin de Playboy.
Le candidat républicain à la présidentielle de novembre est confronté depuis le 15 avril au premier procès pénal de l'histoire pour un ancien président des Etats-Unis.
Avant d'entrer dans le prétoire, il a souhaité devant les caméras un joyeux anniversaire à sa femme Melania et brocardé encore un procès "horrible et inconstitutionnel". Il a ensuite marché d'un pas lent, tenant des liasses de papiers, pour s'asseoir comme tous les jours en silence dans la salle d'audience.
Les 12 jurés et leurs suppléants sont passés tout près de ce prévenu exceptionnel sans même lui jeter un regard, selon un journaliste de l'AFP.
L'un des avocats de Donald Trump, Emil Bove, continue vendredi de soumettre David Pecker à un contre-interrogatoire serré.
L'ancien patron du National Enquirer, un tabloïd people aux Unes sensationnalistes, a raconté comment, pour 150.000 dollars, son entreprise avait acquis l'exclusivité du témoignage de la mannequin Karen McDougal pour ne rien publier et enterrer l'histoire.
- Témoignage crucial -
Donald Trump est poursuivi pour la dissimulation dans les comptes de son groupe, la Trump Organization, d'un autre versement de 130.000 dollars, sous couvert de "frais juridiques", pour acheter le silence de l'ancienne star de films X Stormy Daniels juste avant l'élection de 2016.
Elle aussi affirmait avoir eu une relation sexuelle avec le candidat, en 2006, alors qu'il était déjà marié à Melania Trump, ce que nie l'intéressé.
La défense de Donald Trump invoque la légalité des paiements et nie tout "complot" pour fausser l'élection de 2016.
Le récit de David Pecker est crucial pour l'accusation, afin de démontrer qu'un stratagème était à l'oeuvre pour étouffer systématiquement les scandales autour du candidat. L'ex-patron de presse a évité des poursuites pénales en collaborant avec la justice de Manhattan même si Donald Trump fut son "mentor" et reste "son ami".
Cet homme affable de 72 ans aux cheveux gominés a raconté jeudi avoir "acheté cette histoire" concernant Karen McDougal "pour qu'elle ne soit pas publiée ailleurs".
"On ne voulait pas qu'elle gêne M. Trump ou qu'elle affecte sa campagne" victorieuse à la présidentielle de 2016.
Soulignant la banalité de telles transactions pour des stars aux Etats-Unis, l'avocat de Donald Trump a rappelé que David Pecker avait déjà acheté des révélations pour ne pas les publier sur Arnold Schwarzenegger ou Tiger Woods.
"Pendant 17 ans, vous avez renseigné Donald Trump sur des informations potentiellement négatives qui pouvaient sortir sur lui", lui a lancé Emil Bove, ce que n'a pas contesté l'ex-patron du tabloïd.
- "Comment va notre fille?" -
David Pecker a assuré avoir parlé de cette transaction concernant Karen McDougal avec le candidat Trump à l'époque.
Une fois élu en novembre 2016, Donald Trump aurait remercié David Pecker en le recevant à la Trump Tower de Manhattan puis à la Maison Blanche et en demandant à propos de la mannequin: "Comment va notre fille?".
Déjà condamné deux fois depuis début 2023 par la justice civile de New York à des centaines de millions de dollars d'amendes, Donald Trump risque dans cette affaire la première condamnation au pénal d'un ancien président des Etats-Unis.
Un scénario qui ferait basculer dans l'inconnu la campagne présidentielle et son rêve de revanche face à Joe Biden, le 5 novembre.
Le procès est d'autant plus important qu'il pourrait être le seul, parmi les quatre affaires pénales qui menacent Donald Trump, à se dérouler avant l'élection présidentielle.
Son procès considéré comme le plus important, relatif aux accusations de tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020, devrait encore être retardé après l'examen jeudi par la Cour suprême de la question d'une éventuelle immunité pénale.