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Attaque à Arras: voici ce que l'on sait sur Mohammed Mogouchkov, l'auteur de l'attaque dans un lycée

Arrêté pour l'assassinat du professeur de lettres Dominique Bernard à Arras vendredi, Mohammed Mogouchkov, dont le frère est emprisonné pour non-dénonciation d'un projet d'attentat près de l'Elysée, faisait l'objet d'une surveillance rapprochée.

Né en 2003 à Malgobek, dans la république russe en majorité musulmane d'Ingouchie, selon l'administration française, Mohammed Mogouchkov, de nationalité russe, est arrivé en France en 2008, selon une source policière.

Il est actuellement inscrit en première année de langues étrangères appliquées à l'université d'Arras, selon une source proche du dossier.

Fiché S, il faisait aussi l'objet d'un suivi actif récent de la part de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au renseignement. Depuis cet été, il était sur écoute et surveillé physiquement. Il avait été contrôlé jeudi sans qu'aucune infraction ne puisse lui être reprochée, a précisé cette source.

Ses conversations téléphoniques n'avaient pas non plus mis en évidence ces derniers jours d'éléments sur un éventuel passage à l'acte, selon cette même source. Son profil s'apparente à "un individu radicalisé dont le potentiel est connu mais qui décide subitement de passer à l'acte, rendant difficile sa neutralisation".

Son frère en prison

A l'été 2019, son frère aîné avait été interpellé par la DGSI dans le cadre d'un projet d'attentat déjoué aux abords de la présidence de la République, puis de faits d'apologie du terrorisme. Il est actuellement en prison après avoir été condamné en avril dernier à cinq ans de prison, pour ne pas avoir dénoncé le projet d'attaque.

L'enquête, qui pointait l'"extrême radicalisation" de ce frère aîné, avait montré qu'en 2016, alors lui-même élève au lycée Gambetta d'Arras, il avait au cours d'une séquence sur les valeurs de la République déclaré que l'attentat de Charlie Hebdo avait eu lieu parce que le journal avait "insulté les musulmans".

Un jeune homme "solaire qui rigolait avec eux"

L'enquête pointait également que la mère de la fratrie disait vivre seule avec ses enfants depuis l'expulsion de son mari, mais les investigations laissaient penser que le père était en réalité revenu en France.

Le 5 mars 2021, Mohammed Mogouchkov avait présenté une requête pour réexaminer sa demande d'asile, jugée irrecevable par l'office de protection des réfugiés, puis son recours avait également été rejeté en août 2022, selon la source au renseignement.

Selon l'entourage du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le jeune homme ne pouvait cependant "être expulsé en raison de la protection absolue contre l'éloignement dont il bénéficiait", car il était entré en France avant l'âge de 13 ans.

Tristan, ancien élève du lycée Carnot d'Arras, aujourd'hui âgé de 20 ans, était dans la même classe de seconde que Mohammed Mogouchkov et appartenait au même groupe d'amis. Il décrit à l'AFP un jeune homme "solaire qui rigolait avec eux". Boxeur amateur, il avait été renvoyé de son club selon Tristan, qui évoque un "caractère un peu rebelle mais sans rien d'alarmant". 

En première et en terminale, les deux adolescents se sont selon lui perdus de vue car Mohammed est passé en série technologique. Tristan raconte alors l'avoir trouvé plus froid.
Selon André, un habitant du quartier d'Arras où vit la famille, Mohammed était un jeune homme "très distant". Il faisait "tous les jours" du sport dans le quartier, courait et "faisait de la boxe dans le vide, mettait des coups, exactement ceux qu'il a fait dans la vidéo (de l'attaque diffusée sur les réseaux sociaux, ndlr), toujours le même geste". 

Une autre habitante du quartier, qui ne veut pas donner son nom, décrit une famille composée de la mère et de quatre enfants, deux garçons et deux filles et indique que, ces derniers temps, la mère de famille avait "peur pour son fils", peur "qu'il tourne comme son père".

Les victimes de l'attaque

D'après une source policière, l'enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax. La victime est un professeur de français du collège, a confirmé à l'AFP la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay.  

Parmi les deux blessés figurent un agent du lycée en urgence absolue atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative, a précisé une autre source policière. Selon une source proche du dossier, l'agent est "très gravement blessé, entre la vie et la mort".  

Aucun lycéen n'a été blessé, selon une troisième source policière.   Le parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert une enquête.

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