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L'actuelle présidente de la région Réunion Huguette Bello, longtemps députée et proche de LFI et du Parti communiste, apparaît pour une partie du Nouveau Front Populaire comme une potentielle candidate au poste de Premier ministre, malgré l'opposition du PS.
Sortie du chapeau mercredi par le patron du PCF Fabien Roussel, lors des discussions entre les différents partenaires du Nouveau Front populaire, toujours à la recherche d'un ou d'une candidat(e) à désigner à Emmanuel Macron pour Matignon, Huguette Bello, 73 ans, bénéficie d'une longue expérience politique.
Elle a notamment siégé à l'Assemblée nationale pendant 23 ans au sein du groupe communiste.
Pour Fabien Roussel, elle a "l'étoffe" pour devenir Première ministre, car "elle sait ce que c'est que le Parlement et construire des majorités. Elle est respectée, elle a de l'autorité".
Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a aussi loué vendredi soir une "femme racisée et féministe antiraciste".
"Elle est à la tête d'une collectivité territoriale dans laquelle elle gouverne une majorité assez proche du Nouveau Front populaire", a également relevé le coordinateur de LFI Manuel Bompard.
La Réunionnaise est aussi appréciée de la macronie: Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale l'avait qualifiée en 2023 de "grande républicaine", et Aurore Bergé, en avril dernier, saluait une "combattante de la dignité humaine et des droits des femmes".
Méconnue du grand public, Huguette Bello est présidente de la Région Réunion depuis juin 2021, à la tête d'une coalition des partis de gauche et de représentants de la société civile, qui lui a permis de battre Didier Robert (divers droite), en poste depuis 2010.
Fille d'une mère au foyer et d'un père agriculteur à la Ravine des Cabris, un quartier de Saint-Pierre dans le sud de l'île, Huguette Bello commence sa carrière politique dans les rangs du parti communiste réunionnais (PCR).
Elle obtient son premier mandat en 1982 au conseil régional sur la liste de Paul Vergès, fondateur du PCR.
En 1988, elle est élue conseillère générale à Saint-Pierre. Cette année-là, au côté de Paul Vergès, elle dénonce le versement minoré à La Réunion des prestations sociales et du SMIC, revendiquant leur alignement sur les montants versés dans l'Hexagone.
- "Franc-parler" -
Elle devient députée de La Réunion à partir de 1997, où elle siège jusqu'en 2020 au sein du groupe communiste (GDR).
A cette date, elle est élue maire de Saint-Paul, une commune de l'ouest bastion de la droite locale, fonction qu'elle avait déjà occupée en 2008.
Cette adepte du franc-parler, peu encline à suivre sans discuter une ligne politique qu'elle ne partage pas, a quitté le PCR en 2012, et fondé son propre parti, Pour La Réunion (PLR).
Sans s'encarter à LFI, elle se rapproche du parti de Jean-Luc Mélenchon, à qui elle accorde en 2017, puis en 2022, son parrainage à la présidentielle, avant de figurer en dernière position de la liste de la candidate Manon Aubry, aux dernières européennes.
Mariée et mère de deux enfants, Huguette Bello milite depuis 1978 dans les rangs de l'union des femmes réunionnaises (UFR) et multiplie les actions en faveur des droits des femmes.
Anti-raciste convaincue, elle a souvent été à la tête des manifestations contre l'apartheid en Afrique du Sud, jusqu'à la libération de Nelson Mandela.
Mais les socialistes, qui lui préfèrent leur premier secrétaire Olivier Faure, avancent des arguments en sa défaveur, comme le fait qu'en 2013, la députée n'ait pas participé au vote de la loi pour le mariage pour tous.
Même si, une fois le texte adopté, elle sera la première maire à célébrer un mariage homosexuel à La Réunion, et signera en 2018 une tribune contre l'homophobie.
Toujours très élégamment vêtue et implacablement coiffée, cette directrice d'école à la retraite a la réputation d'être aussi à l'aise dans les kaz (maisons en créole réunionnais) des familles socialement défavorisées qu'à la tribune de l'Assemblée nationale.
L'ex-députée socialiste Valérie Rabault, a jugé sur X, que Huguette Bello, qui "connaît bien les rouages politiques de l’Assemblée nationale", "sait négocier" et devrait donc pouvoir mettre tout le monde d’accord".