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A Hénin-Beaumont, chez Marine Le Pen, larmes de joie et Marseillaise

"Marine ! Marine ! Marine !", scande la salle d'une seule voix, avant de lancer le compte à rebours. Les résultats apparaissent sur l'écran géant: le RN est en tête au premier tour des législatives. A Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la soirée de campagne de Marine Le Pen chavire.

Assise dans les premiers rangs, une femme d'une soixantaine d'années se retient de pleurer de joie. Son mari lui pose délicatement la main sur l'épaule, ému lui aussi.

Elle finit par lâcher quelques larmes quand le public entonne la Marseillaise.

La salle, bondée, semble ensorcelée. Dans le fond, un trentenaire en chemise blanche et cravate noire secoue frénétiquement le drapeau français qui lui a été remis à l'entrée.

Tout devant, une fillette de deux ans en robe rouge agite elle aussi son fanion bleu-blanc-rouge, qu'elle regarde bouger au-dessus d'elle.

"Bravo Steeve !", crie une jeune femme quand apparaît Steeve Briois, maire de la commune, accompagné de Bruno Clavet et Bruno Bilde, respectivement candidats dans la 3e et la 12e circonscriptions du Pas-de-Calais.

A peine les militants sont-ils rassis que la vedette du soir, Marine Le Pen, jusque-là en coulisse, monte sur scène. A quelques mètres d'elle, deux hommes d'une quarantaine d'années s'étreignent vigoureusement, puis l'écoutent avec admiration.

Accoudé au bar, un homme qui engloutit son champagne à grandes gorgées réagit à grands cris quand Marine Le Pen appelle de ses voeux l'arrivée de Bardella à Matignon: "Ouais !", hurle-t-il le poing levé.

- "Prends des photos !" -

"On veut la France !", crie un autre, à contre-temps, s'attirant les foudres de ses voisins tout ouïe pour leur députée, qui annonce sa réélection dès le premier tour.

Son discours achevé, Marine Le Pen provoque un mouvement de foule en descendant saluer le public. Plusieurs personnes manquent de tomber sur une dame en fauteuil roulant.

Une petite fille au serre-tête à froufrous bleu-blanc-rouge, pavoisé de deux petits drapeaux, approche à moins d'un mètre de la députée.

"Marine !", lance-t-elle timidement, sans parvenir à capter son attention. "Crie plus fort", lui intime sa soeur, avant de se tourner vers une amie: "Attrape mon téléphone, prends des photos !"

La fille de Jean-Marie Le Pen s'extrait finalement de la salle, talonnée par une poignée de supporters.

Les autres, encouragés par l'ampleur de la victoire, se dirigent vers le bar, où s'enchaînent bières et coupes de champagne.

La majorité absolue pour le parti d'extrême droite, tout le monde semble y croire: aux portes du pouvoir, Jordan Bardella aura les coudées franches, veulent-ils croire.

Dans la salle qui se vide doucement, les responsables politiques qui s'affichent sur les écrans géants sont jugés à l'applaudimètre: huées pour les membres de la majorité, applaudissements nourris --mais moins que pour Marine Le Pen-- lors du discours de Jordan Bardella. Profonde indifférence pour Eric Ciotti.

Quand surgit Jean-Luc Mélenchon, une septuagénaire fait mine de cracher par terre.

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