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Un contrôle de police a dégénéré mardi à Clermont-Ferrand lorsqu’un CRS a frappé un homme paraplégique en plein visage. Les images, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont suscité une vive émotion.
La scène, filmée par un passant, a rapidement fait le tour du pays. Un homme en fauteuil roulant, identifié comme Raphaël Chitrit, 39 ans, se retrouve face à plusieurs CRS lors d’un contrôle. Après un échange tendu, l’un des policiers lui assène un violent coup de poing au visage, sous les cris d’une collègue tentant d’intervenir : "Arrête !".
L’homme est alors extrait de son fauteuil et emmené au poste. Ce n’est que quelques heures plus tard qu’il a pu récupérer son fauteuil. Selon la version des CRS, il aurait tenté de les renverser avec son fauteuil électrique tout en les insultant. Une expertise psychiatrique a été ordonnée par la procureure.
Un climat tendu dans le quartier
L’incident s’est produit dans un quartier sensible de Clermont-Ferrand, où des violences avaient éclaté la semaine précédente. Pour rétablir l’ordre, la justice a fait appel à la CRS 83, une unité spécialisée dans la répression des violences urbaines et du trafic de drogue.
Contrairement aux locaux, les CRS, basés à 160 km de là, ne connaissaient pas l’homme interpellé. Et c'est bien le problème...
Raphaël Chitrit, surnommé "Raph", est une figure familière des habitués du centre commercial Auchan-Nord. Paraplégique depuis un accident de voiture à l’âge de 18 ans, il passe ses journées à discuter avec les jeunes du quartier et à provoquer, parfois, les forces de l’ordre.
"Il m’arrive de leur faire des doigts d’honneur, ils m’en font aussi", a-t-il confié lors de son audition.
Mardi, il aurait insulté les CRS en utilisant des expressions familières aux quartiers populaires, comme "Nique ta mère", mais qui ont été perçues comme une provocation directe par ces policiers, habitués à intervenir dans des contextes bien plus tendus.
Le débat sur la police de proximité relancé
Cet événement met en lumière un problème récurrent : l’absence d’une police de proximité en France. Depuis la suppression de cette unité sous Nicolas Sarkozy, les forces de l’ordre sont perçues comme des éléments extérieurs aux quartiers, accentuant la défiance des habitants.
Contrairement à d’autres pays comme la Belgique, la France ne dispose pas d’agents de quartier, et même les policiers locaux dépendent d’un commissariat central. "Les policiers ne sont pas là pour jouer avec les jeunes", avait justifié Nicolas Sarkozy à l’époque.
Avec un climat politique marqué par la montée du Rassemblement national dans les sondages, le retour d’une telle police semble aujourd’hui peu probable.