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Retraites: grève durcie dans l'énergie, mais en deçà des records à la SNCF et chez les enseignants

Les blocages se sont durcis mardi dans les raffineries, les centrales ou les sites gaziers, accompagnés de quelques coupures électriques sauvages, pour la 6e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, tandis que les taux de grévistes restaient inférieurs au record du 19 janvier chez les cheminots et les enseignants.

Voici le point sur les perturbations, secteur par secteur, avant d'éventuelles reconductions jusqu'à une prochaine journée de mobilisation samedi, même si la RATP et la SNCF ont annoncé quelques améliorations du trafic pour mercredi.

Energie et industrie

"Les électriciens et gaziers ont tapé fort ce 7 mars", s'est félicitée mardi soir la CGT mines-énergie, qui a revendiqué avoir eu la main mardi sur 21.000 mégawatts (MW) de production électrique chez EDF, où environ la moitié des salariés étaient en grève.

Les grévistes ont été responsables d'une baisse de production de quelque 13.000 MW sur les centrales thermiques et nucléaires, un niveau "historique" selon le syndicat, équivalent à une douzaine de réacteurs, et ont bloqué 8.000 MW de puissance disponible sur les barrages.

Des grévistes ont procédé à des coupures sauvages à Annonay (Ardèche), fief du ministre du travail Olivier Dussopt, ainsi qu'autour de Boulogne-sur-Mer. Des coupures ont aussi visé le centre-ville de Lyon, des préfectures ou tribunaux (Albi, Agen Périgueux), ainsi que des producteurs d'énergies renouvelables dans le Gard, le Tarn, le Var et la Haute-Vienne, selon Enedis, qui entend porter plainte "systématiquement".

Des barrages ont également été érigés dans plusieurs zones industrielles, à Lesquin près de Lille, à Boulogne-sur-Mer, à Valenciennes ou à Amiens, bloquant ou filtrant les camions.

Les expéditions de carburants ont été empêchées à la sortie des sept raffineries de France (TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos), a affirmé le syndicat CGT-Chimie.

Si ces blocages se poursuivaient, ils pourraient mener à l'arrêt des raffineries, faute de place pour stocker le carburant produit, puis à des pénuries dans les stations-service, même si les professionnels estimaient mardi ce scénario encore peu probable.

Dans le gaz, les quatre terminaux portuaires permettant d'importer du gaz naturel liquéfié sont bloqués et l'ensemble des sites de stockages perturbés, mais sans mise à l'arrêt, selon des sources concordantes. Le mouvement s'est durci à Chémery (Loir-et-Cher), le plus grand site de stockage de gaz d'Europe, où les grévistes ont fermé des puits, hors procédure.

Chez Engie, environ 40% des salariés concernés par la suppression des régimes spéciaux étaient en grève, selon le groupe. C'était 66% chez Enedis, selon la CGT, qui a annoncé 80.000 grévistes au total dans le secteur des énergies et entend désormais "tenir dans la durée".

De nombreux sites étaient également à l'arrêt dans la chimie: chez Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), La Jarrie (Isère) et Saint-Auban (Alpes de Haute-Provence)

Transports

Fait nouveau dans la mobilisation, de nombreuses actions de blocages, barrages filtrants et opérations escargot ont été menées mardi matin autour de Rennes (Ille-et-Vilaine), Perpignan (Pyrénées-Orientales), Miramas (Bouches-du-Rhône), Poitiers (Vienne) ou La Rochelle (Charente-Maritime).

A la SNCF, on ne comptait mardi que 20% de trains sur les grandes lignes et les lignes régionales. Une légère amélioration - un train sur trois - est prévue mercredi et un trafic toujours perturbé jeudi.

Le taux de grévistes a atteint 39% à midi, selon une source syndicale à l'AFP, soit moins que le 19 janvier (46,3%), première journée de mobilisation.

En Ile-de-France, sur le réseau SNCF, entre un train sur trois et un sur cinq circulaient.

A Paris, le trafic RATP était normal sur les deux lignes automatisées mais fortement perturbé, voire à l'arrêt, sur les autres. La Régie prévoit toutefois une amélioration mercredi dans le RER et un trafic quasi normal pour les autobus et les tramways.

A Lille, à Marseille, la plupart des bus ne circulaient pas. A Bordeaux, le trafic était peu perturbé avec 21% de grévistes.

Dans les aéroports, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) avait demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols mardi et mercredi, de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.

Mercredi, "la situation devrait être sensiblement la même" que mardi selon la DGAC, qui prévoyait une "possible augmentation des retards dans la soirée" à Marseillle. L'aéroport de Montpellier devrait être fermé jusqu'à 7h00 mercredi, de même pour Biarritz mercredi de 6h30 à 8h00.

Education

Un tiers des enseignants étaient en grève selon le ministère, moins que le record du 19 janvier avec 42,35% dans le primaire et 34,66% dans le secondaire.

Des chiffres bien en-deçà de ceux des syndicats: au moins 60% de grévistes dans le premier et le second degré, selon le Snuipp-FSU et Snes-FSU, mais toujours en deçà de leurs chiffres pour le 19 janvier.

Huit établissements scolaires ont été bloqués à Rennes. Des blocages ont été recensés, entre autres, dans les universités de Rennes 2, Strasbourg, Pau, Lyon ou Tolbiac à Paris.

Fonction publique

La mobilisation a connu un net regain dans la fonction publique d'Etat, avec un quart de grévistes (25,8%) sur les 2,5 millions d'agents, selon le gouvernement, beaucoup plus que le 16 février.

Dans la fonction publique territoriale, la mobilisation concernait 12,8% des 2 millions d'agents. A l'hôpital, 14,6% des 1,2 million d'agents étaient aussi en grève, selon les chiffres du gouvernement, supérieurs encore à ceux du 16 février.

A Tourcoing (Nord), des policiers hors service ont également bloqué l'accès à l’hôtel de police.

Déchets

A Paris, les trois incinérateurs de déchets ont été mis à l'arrêt mais celui de Saint-Ouen a finalement été débloqué à 13h selon l'opérateur.

La collecte des ordures a été très perturbée dans la capitale, avec près de 2.000 tonnes de déchets non ramassés, selon la mairie.

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