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Michel Barnier a reçu jeudi à Matignon les ministres Bruno Retailleau (Intérieur) et Didier Migaud (Justice) qui à peine nommés avaient engagé un bras de fer par médias interposés.
Les deux ministres ont été reçus ensemble rue de Varenne à 8H30, selon une source ministérielle, confirmant une information de l'hebdomadaire L'Express.
Le Premier ministre a eu "ce matin une très bonne réunion de travail avec les ministres de l'Intérieur et de la Justice", a complété l'entourage de Michel Barnier.
MM. Retailleau et Migaud "ont travaillé sur les lignes communes sécurité et justice qui seront présentées lors de la déclaration de politique générale" que le chef du gouvernement doit prononcer mardi pour exposer sa feuille de route, "avec l'objectif de trouver des solutions concrètes pour répondre aux attentes des Français sur ces questions", a ajouté la même source.
"Il n'y a pas eu de recadrage particulier", a assuré à l'AFP l'entourage de M. Retailleau.
"Le ministre a rappelé son souhait de voir l'arsenal législatif se durcir en matière pénale, au-delà de l'affaire Philippine. Ce n'était pas une réunion sur l'affaire Philippine", du nom d'une étudiante tuée à Paris, a poursuivi l'entourage du ministre de l'Intérieur.
Le ministre a aussi "insisté sur la grosse demande remontant des forces de l'ordre sur le terrain d'arrêter de voir les personnes qu'ils arrêtent être remises en liberté trop rapidement", a encore dit l'entourage.
Le nouveau patron de la place Beauvau a promis mercredi une évolution de "l'arsenal juridique", après l'arrestation en Suisse du suspect du viol et du meurtre de la jeune étudiante Philippine, un Marocain dont l'obligation de quitter le territoire a suscité maintes réactions, en particulier à l'extrême droite.
Depuis sa prise de fonctions, Bruno Retailleau martèle sa volonté de "rétablir l'ordre" et d'appliquer une ligne à droite toute sur l'immigration et la politique pénale, quitte à hérisser une partie de ses nouveaux partenaires du camp présidentiel.
Dès lundi soir, il était allé sur les plates-bandes de son collègue de la Justice, l'ancien député socialiste Didier Migaud. Il avait appelé à "changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s'installer ce droit à l'inexécution des peines".
Réplique immédiate du garde des Sceaux, seule prise venue de la gauche d'un gouvernement qui penche à droite: Bruno Retailleau "doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays" et "ça n'est pas toujours exact" de prétendre que la justice "ne condamne pas suffisamment", avait-il affirmé sur France 2, se disant "prêt" à avoir "un certain nombre d'échanges avec Bruno Retailleau".
Ce à quoi le ministre de l'Intérieur a rétorqué mardi matin dans un duel toujours à distance: "L'indépendance des juges, oui, mais il y a la souveraineté du Parlement et du peuple français à travers les lois que le Parlement peut voter".