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Attaque mortelle d'un fourgon pénitentiaire: le fugitif traqué, les syndicats entendus par le ministère

Les syndicats de l'administration pénitentiaire ont obtenu mercredi des "engagements" de la part du ministre de la Justice au lendemain de la mort de deux de leurs collègues dans l'attaque d'un fourgon transportant un délinquant, toujours traqué avec ses complices en fuite.

Les représentants syndicaux se sont félicités de l'ouverture du dialogue avec Eric Dupond-Moretti sur certaines revendications, mais ils ont appelé à maintenir jeudi les blocages des centres pénitentiaires dans l'attente d'un accord écrit.

"Un certain nombre d'engagements vont être pris rapidement" par le ministère, notamment pour améliorer l'armement des agents lors des transferts, et pour limiter ces transferts en développant les auditions judiciaires en visioconférence, a déclaré Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO Justice, à l'issue de la rencontre.

Selon Emmanuel Chambaud, secrétaire général de l'UFAP-UNSA Justice, "le ministre s'est engagé très fermement sur des mesures (immédiates), concrètes, pour la sécurisation de nos missions extérieures".

Dans la matinée, des centaines d'agents ont observé une minute de silence à l'appel de l'intersyndicale nationale devant les prisons en mémoire des deux agents tués la veille dans l'attaque violente d'un fourgon à une barrière de péage dans l'Eure, à hauteur d'Incarville, au cours de laquelle trois autres agents ont été grièvement blessés.

L'un d'entre eux avait toujours un pronostic vital engagé mardi soir mais "on nous a annoncé qu’ils allaient le sortir progressivement du coma et que c’était bien parti pour qu’on ne soit pas obligé de l’amputer" d'une jambe, a dit M. Baudin à la presse.

Dans la cour d'honneur du centre pénitentiaire de Caen, où étaient basées les deux victimes, la minute de silence a été chargée en émotion pour la centaines de personnes présentes, parmi lesquelles figuraient des pompiers, gendarmes et le préfet du Calvados Stéphane Bredin.

"Toute une profession est meurtrie", a confié à l'AFP Olivier Duval, surveillant au centre pénitentiaire de Caen et secrétaire local CGT.

L'intersyndicale avait lancé mercredi à l'aube une opération "prisons mortes" pour protester contre le manque de moyens des agents pénitentiaires, une action suivie dans de nombreux établissements français.

Face aux agresseurs, les agents n'avaient qu'"un simple Sig Sauer (une arme de poing, NDLR) contre des armes de guerre", a accusé Frédéric Liakhoff, secrétaire FO-Justice au centre pénitentiaire de Caen.

La traque du détenu multirécidiviste qui s'est évadé, Mohamed Amra, et de ses complices se poursuivait activement mercredi.

Interpol, organisation internationale de coopération policière basée à Lyon, a annoncé avoir diffusé une "notice rouge" pour localiser le fugitif.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a dit espérer que l'évadé mais aussi le "gang de meurtriers qui l'a accompagné" puissent être appréhendés "dans les jours qui viennent."

"Rien que dans le département de l'Eure", "plus de 450 policiers et gendarmes" ont été mobilisés, a-t-il affirmé sur RTL.

- Détenu multirécidiviste -

La commission des Lois de l'Assemblée nationale a annoncé qu'elle allait mettre sur pied une mission "flash" chargée de faire des propositions d'ici à un mois "sur le transfèrement et les extractions de l'administration pénitentiaire".

Le détenu en fuite, Mohamed Amra, 30 ans, a été condamné à 13 reprises mais jamais "pour infraction à la législation sur les stupéfiants", a précisé devant la presse la procureure de Paris Laure Beccuau.

La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d'Evreux "pour un vol avec effraction" qui lui a valu 18 mois de prison. Il était en détention provisoire pour d'autres dossiers, dont une mise en examen par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille dans un dossier d'enlèvement et assassinat en bande organisée, a-t-elle ajouté.

La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), basée à Paris, a été saisie de l'enquête, confiée à l'Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen.

Durant sa courte détention à Evreux, où il avait été transféré en avril pour être jugé, les barreaux de sa cellule avaient commencé à être sciés, selon la magistrate.

- "Crime ignoble" -

L'un des deux agents tués, un capitaine de 52 ans, était responsable du pôle d'extractions judiciaires de Caen. "C'est la mission qu'il exerçait hier et dans laquelle il a été abattu", a relevé auprès de l'AFP le maire de Thury-Harcourt-le-Hom (Calvados), où il résidait avec sa famille.

L'autre victime avait 35 ans et allait être père.

Son père a posté sur la page Facebook de sa commune, où ce dernier est élu communal, ce message : "Aujourd'hui mon fils (...) a été assassiné dans l'exercice de son métier. Colère et courage à (...) son épouse".

C'est la première fois depuis 1992 qu'un agent de la pénitentiaire est tué dans l'exercice de ses fonctions, avait rappelé le ministre de la Justice mardi après avoir rencontré à Caen les familles et collègues des victimes.

"Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", avait-il dit.

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