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Une nouvelle sculpture a été dévoilée mercredi sur la célèbre place londonienne Trafalgar Square, destinée à donner "de la visibilité à la communauté transgenre", a indiqué à l'AFP l'artiste mexicaine qui l'a réalisée, Teresa Margolles.
Cette oeuvre, commandée par la mairie de Londres et intitulée "Mil Veces un Instante" ("Mille fois un instant"), est exposée sur l'un des quatre socles de Trafalgar Square, qui accueille de façon temporaire des oeuvres d'art contemporaines, en face de la National Gallery.
Elle y restera jusqu'en septembre 2026, sous plusieurs formes.
Haute de 2,5 m et d'un poids de 3,3 tonnes, elle est composée de moulages en plâtre des visages de 726 personnes transgenre et non binaires du Royaume-Uni et du Mexique.
"Il faut faire connaître le manque d'opportunités d'emploi et d'accès au soins dont pâtissent (les personnes trans). Et surtout les crimes de haine, car en Amérique latine des gens émigrent à cause de cela. Ils tentent d'aller aux Etats-Unis en pensant qu'au moins là-bas ils auront la vie sauve", a expliqué l'artiste à l'AFP.
La sculptrice a réalisé cette oeuvre en mémoire d'une amie, une femme trans prénommée Karla, assassinée le 22 décembre 2015 à Ciudad Juárez, au Mexique, un crime qui reste non élucidé.
"C'est un hommage que nous rendons à Karla (...) C'est elle qui m'a permis de commencer à dialoguer avec la communauté", raconte Teresa Margolles, 61 ans.
L'artiste trans Terry Holiday a fait le voyage depuis son pays, le Mexique, pour assister à l'inauguration de son amie.
Son visage est l'un de ceux qui composent la sculpture.
"Pour nous, il est très important de donner cette visibilité à la situation dans laquelle nous sommes, en tant que femmes trans au Mexique et en Amérique latine, confrontées à l'indifférence et sans défense", déclare Terry Holiday à l'AFP.
"Nous sommes des personnes, nous sommes tous des êtres humains, nous méritons un traitement équitable. Nous ne demandons pas de privilèges, juste l'équité et la justice", ajoute-t-elle.
Le quatrième socle, construit en 1841, devait à l'origine supporter une statue équestre du roi Guillaume IV mais le projet n'a pas abouti faute de fonds. Depuis 1999, il a accueilli 15 oeuvres d'art.
Parmi les installations passées figuraient un coq bleu électrique géant de l'artiste Katharina Fritsch, un squelette de cheval en bronze de Hans Haacke, ou encore un pouce s'allongeant jusqu'à 10 mètres de haut, signé David Shrigley.