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Un Premier ministre qui s'invite à la radio pendant l'interview de sa candidate, un président qui s'annonce à la télé à quelques jours du scrutin: à l'approche des européennes du 9 juin, les oppositions dénoncent la "propagande" du gouvernement, taxé de machisme envers Valérie Hayer.
Surprise à Radio France: en pleine interview de Valérie Hayer lundi matin, Gabriel Attal a surgi dans le grand auditorium. "Bonjour, je suis désolé, je fais irruption sur la scène", a fait mine de s'excuser le Premier ministre, qui sortait lui-même d'une interview sur franceinfo dans le même bâtiment.
"On m'a dit que Valérie était là", a-t-il enchaîné, avant de dérouler ses arguments en faveur de sa propre tête de liste, puis de lâcher en repartant: "Je vous laisse avec elle".
Les critiques en paternalisme ont aussitôt fusé, de la patronne des Ecologistes Marine Tondelier réclamant "d'arrêter d'invisibiliser les femmes", à la triple candidate Rassemblement national à l'Elysée, Marine Le Pen, pour qui M. Attal ne se serait "jamais permis cela si le candidat avait été un homme".
"Instrumentaliser la cause féministe ne fait que lui nuire", a pour sa part assuré Valérie Hayer sur X, avant de cibler directement le RN: "Nous entendons moins nos adversaires s'indigner quand Marine Le Pen conclut tous les meetings de Jordan Bardella et fait des matinales à sa place."
Le candidat de droite François-Xavier Bellamy a lui pointé "une forme de mépris" et "un côté un peu macho" dans cette intervention du chef du gouvernement.
Le candidat LR a également dénoncé une "confusion des rôles" avec "un exécutif (qui) passe son temps à saturer l'espace médiatique", faisant clairement allusion à l'entretien d'Emmanuel Macron prévu jeudi au 20H00 de TF1 et France 2.
Les européennes risquent en effet de s'inviter dans cette édition spéciale organisée depuis Caen, dans la foulée des commémorations des 80 ans du débarquement de Normandie.
Encore un casus belli pour les oppositions, qui ont multiplié les saisines de l'Arcom, pour que le gendarme des médias décompte le temps de parole du chef de l'Etat de celui de Mme Hayer, comme ce fut le cas pour son "discours de la Sorbonne" fin avril ou pour le débat entre M. Attal et le candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, il y a dix jours.
Cette omniprésence du couple exécutif est "assez inédite en Europe", a relevé Raphaël Glucksmann sur France Inter.
Le pouvoir semble ainsi engager toutes ses forces dans la bataille pour tenter d'éviter une sévère déroute de la liste Hayer, créditée de 15% à 16% des intentions de vote, juste devant M. Glucksmann autour de 13%-14% et très loin de M. Bardella, grand favori avec 32% à 34% selon les derniers sondages.
- Motions de censure -
Pendant ce temps, l'Assemblée nationale a sans surprise rejeté successivement deux motions de censure déposées par LFI et le RN, qui voulaient mettre la pression sur le gouvernement alors que les déficits dérapent.
Mais les flèches décochées à la tribune, face à un hémicycle fortement clairsemé y compris dans les rangs de la majorité, étaient avant tout politiques à six jours des élections.
Gabriel Attal a accusé LFI et le RN de former "une communauté d'intérêts" pour "l'instabilité politique". "Vous exécrez l'Europe. Vous voulez rompre avec les traités, sortir du marché européen", a-t-il lancé.
"Vous n'échapperez pas à la censure populaire car le vote de dimanche commencera l'après-Macron !", a de son côté invectivé Matthias Tavel (LFI).
Au Rassemblement national, Sébastien Chenu s'en est pris aux députés Les Républicains (LR), leur reprochant de ne pas soutenir ces motions de censure et de "sauver la tête d'Emmanuel Macron".
"Ils sont désormais des supplétifs voire pour certains de futurs alliés", a grincé Marine Le Pen devant la presse.
Le président du groupe LR, Olivier Marleix, a balayé le reproche. "Personne évidemment n'est dupe de la finalité de ces deux motions à quelques jours" des européennes, a-t-il lancé. "Elles font partie de ce que le général de Gaulle appelait les jeux, les poisons et les délices parlementaires".
Avec dans toutes les têtes, la perspective d'une future tentative de censure plus menaçante, peut-être à l'automne pendant l'examen du budget, portée par les indépendants du groupe Liot ou par les députés LR, qui agitent régulièrement cette menace sans la mettre à exécution.
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