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Le président russe Vladimir Poutine a limogé dimanche soir son emblématique ministre de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012, lors d'un remaniement surprise, quelques jours après son investiture pour un cinquième mandat et après plus de deux ans de conflit en Ukraine.
Sergueï Choïgou est remplacé par Andreï Belooussov, un économiste de formation, et devient secrétaire du Conseil de Sécurité, poste occupé jusque-là par Nikolaï Patrouchev, qui est lui démis de ses fonctions, selon un décret publié par le Kremlin.
Ce remaniement intervient au moment où l'armée russe avance dans la région ukrainienne de Kharkiv, quelques jours après y avoir lancé un assaut terrestre, et accentue sa pression dans le Donbass, autour de Tchassiv Iar.
"Choïgou continuera à travailler dans ce domaine, qu'il connaît bien, qu'il connaît très bien de l'intérieur, avec ses collègues et ses partenaires sur son ancien lieu de travail", a rapidement précisé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par les agences russes.
Le ministre de la Défense Britannique Grant Shapps l'a accusé d'être responsable de "plus de 355.000 victimes", des morts et des blessés, "parmi ses propres soldats" dans la guerre en Ukraine.
"Moscou a besoin d'un ministre de la Défense capable (...) de mettre fin à l'invasion, mais tout ce qu'elle obtiendra, c'est une autre marionnette de Poutine", a-t-il déclaré sur X (anciennement Twitter).
Sergueï Choïgou, 68 ans, était ministre de la Défense en Russie depuis 2012 et incarnait la stabilité des différents gouvernements sous Vladimir Poutine, tout comme le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, qui conserve lui son poste de ministre des Affaires étrangères.
Malgré une série de revers humiliants pour les troupes russes en Ukraine en 2022, après l'offensive initiale du 24 février de cette année-là, Vladimir Poutine avait maintenu sa confiance envers Sergueï Choïgou, en dépit des critiques d'une partie de l'aile va-t-en-guerre de l'armée.
Cela avait notamment été le cas à l'issue de la révolte avortée en juin 2023 des combattants du groupe paramilitaire de Wagner, menés par Evguéni Prigojine, qui avait fait vaciller le pouvoir.
Andreï Belooussov, remplaçant de M. Choïgou, a lui une formation d'économiste et aucun bagage militaire.
A 65 ans, il était premier vice-président du dernier gouvernement depuis 2020 et un des principaux conseillers économiques de Vladimir Poutine ces dernières années, ayant même été brièvement ministre du Développement économique entre mai 2012 et juin 2013.
- Besoin d'"innovation" -
Dmitri Peskov a lui justifié la décision de Vladimir Poutine par un besoin venant directement du front, après plus de deux ans de combats en Ukraine et sans issue claire au conflit.
"Aujourd'hui, sur le champ de bataille, celui qui l'emporte, c'est celui qui est le plus ouvert à l'innovation", a-t-il affirmé.
Selon Vladimir Poutine, "le ministère de la Défense doit être absolument ouvert à l'innovation, à l'introduction de toutes les idées avancées, à la création des conditions de la compétitivité économique", a encore fait valoir M. Peskov.
Le président russe a encouragé ces derniers mois l'industrie de défense du pays à innover et produire en plus grandes quantités pour poursuivre l'offensive en Ukraine, coûteuse en matériel et en hommes.
Car si l'Ukraine s'appuie sur des équipements donnés par les Européens et les Etats-Unis, la Russie ne peut compter militairement que sur ses partenaires iranien et nord-coréen principalement.
La demande chinoise, elle, permet en grande partie de maintenir l'économie russe à flot.
Le porte-parole du Kremlin a par ailleurs indiqué que Valéri Guerassimov, chef d'état-major, garderait sa mission de commandant sur le terrain, sans que M. Belooussov n'empiète sur ses fonctions.
Le futur rôle de Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de Sécurité depuis 2008 et avant cela patron du FSB sous les deux premiers mandats de Vladimir Poutine au Kremlin, sera lui communiqué "dans les prochains jours", a précisé Dmitri Peskov.
Le patron du renseignement extérieur (SVR), Sergueï Narychkine, va lui conserver ses prérogatives, tout comme le chef des puissants services de sécurité russes (FSB), Alexandre Bortnikov.
Les représentants de la Douma d'Etat et du Conseil de la Fédération, les deux chambres du Parlement russe, doivent entériner lundi et mardi ces changements inattendus, une formalité tant elles sont dominées par Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, en l'absence de toute opposition tolérée.