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Le procès de deux artistes russes qui risquent sept ans de prison pour une pièce de théâtre a débuté lundi à Moscou, nouvelle illustration de la répression à l'oeuvre en Russie, notamment dans la sphère culturelle.
La metteuse en scène Evguénia Berkovitch, 39 ans, et la dramaturge Svetlana Petriïtchouk, 44 ans, avaient été arrêtées le 5 mai 2023 pour "justification du terrorisme".
Les deux femmes ont souri en entrant dans la salle d'audience, selon un journaliste de l'AFP sur place. Les policiers présents ont interdit au public d'applaudir les accusées en signe de soutien.
L'accusation concerne un spectacle de 2020, "Finist, le clair faucon", racontant l'histoire de Russes recrutées sur internet par des islamistes en Syrie et partant les rejoindre pour les épouser.
Les deux femmes clament fermement leur innocence, soulignant que l'oeuvre visait à dénoncer "le terrorisme".
"Dans cette pièce, il n'y a aucune justification du terrorisme", a déclaré lundi à la cour Svetlana Petriïtchouk, le "but était d'attirer l'attention et d'éclairer ce problème".
"J'ai monté ce spectacle dans le but de prévenir le terrorisme", a déclaré pour sa part Evguénia Berkovitch.
Avant son arrestation, cette artiste reconnue dans les milieux d'avant-garde et ancienne élève du réalisateur et metteur en scène en exil Kirill Serebrennikov, s'était publiquement prononcé contre l'offensive en Ukraine.
Depuis le début de l'assaut contre Kiev, en février 2022, une répression exacerbée vise toute critique du régime et une épuration est à l'oeuvre dans les milieux culturels, sommés de se plier au discours patriotique et militariste du Kremlin.
La pièce en question avait été chaleureusement saluée par la critique et le public au moment de sa sortie et reçu deux "Masques d'or" en 2022, principale récompense du théâtre en Russie.
En détention provisoire depuis plus d'un an, Evguénia Berkovitch a réclamé en vain lors de multiples audiences son assignation à résidence, pour pouvoir s'occuper de ses deux enfants.
A la mi-avril, les deux femmes ont été inscrites dans la liste des "terroristes et extrémistes" établie par les autorités russes, avant même leur procès.
Evguénia Berkovitch avait déjà été condamnée à 11 jours de détention, après avoir manifesté contre l'offensive russe, en sortant seule dans la rue avec une pancarte où il était écrit "non à la guerre" le 24 février 2022, le jour même du début de l'assaut.
Elle avait aussi publié de la poésie contre cette attaque.