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Les Lituaniens ont voté dimanche au premier tour d'élections législatives avec en vue une possible alternance mais pas de véritable changement de politique étrangère, les principaux partis s'accordant tous sur un soutien fort à l'Ukraine et une défense renforcée face aux menaces russes.
Le vote devrait voir le centre gauche remplacer les conservateurs au pouvoir, selon les observateurs, et pourrait marquer l'entrée au Parlement d'un nouveau parti populiste dont le dirigeant est en procès pour des commentaires antisémites présumés.
Les bureaux de vote ont fermé à 17H00 GMT, avec un taux de participation de 52,06%, dans cet Etat balte de 2,8 millions d'habitants.
Aucun sondage à la sortie des urnes n'a été prévu, les résultats devraient être connus dans la nuit. Le second tour doit se tenir le 27 octobre.
Les principaux partis de cet Etat membre de l'Otan et de l'UE, qui craint d'être la prochaine cible de la Russie, après l'invasion de l'Ukraine, conviennent tous de la nécessité de soutenir fortement Kiev et de maintenir voire d'augmenter les dépenses de défense qui s'élèvent actuellement à environ 3% du PIB.
Selon les sondages, le parti social-démocrate, qui fut au pouvoir de 2012 à 2016, l'emporterait sur 14 autres partis et coalitions, avec environ 20% des voix.
Le parti de centre droit au pouvoir, l'Union de la Patrie-Chrétiens démocrates de Lituanie, devrait obtenir environ 15%. Six ou sept partis sont susceptibles de franchir le seuil électoral.
Malgré l'alternance potentielle au gouvernement, aucun changement majeur n'est attendu en matière de politique étrangère.
"Il n'y a pas de véritable alternative à ce que la Lituanie a choisi il y a 20 ans", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Linas Kontrimas, en référence à l'adhésion du pays à l'UE et à l'Otan.
- Soutien du président -
Le président Gitanas Nauseda, réélu pour un second mandat en mai dernier avec le soutien des sociaux-démocrates, serait favorable à un changement de gouvernement.
Au cours de la campagne, il a évité de rencontrer les conservateurs qui ont souvent été en conflit avec lui au long de leur mandat.
"J'ai donné ma voix pour que les autorités travaillent ensemble, et non l'une contre l'autre", a déclaré M. Nauseda après avoir voté par anticipation.
D'autres partis d'opposition se sont unis contre les conservateurs.
"Le temps des conservateurs est révolu", a déclaré à la presse Vilija Blinkeviciute, cheffe de file des sociaux-démocrates et ancienne ministre de la Sécurité sociale et du Travail.
Les sociaux-démocrates se sont engagés à augmenter l'impôt progressif, à taxer les produits de luxe et à fournir des fonds supplémentaires pour les services sociaux, ainsi qu'à réduire les impôts pour les familles avec enfants, à augmenter les pensions et à offrir un allègement de la TVA sur les denrées alimentaires.
"Nous voulons vivre mieux, on ne peut pas vivre avec des pensions comme ça (...) Tout est si cher", a dit dimanche à l'AFP Julija, retraitée de 65 ans, après avoir voté pour les sociaux-démocrates.
Mais Monika, 34 ans, avocate, se dit fière du gouvernement conservateur et a voté "pour le statu quo". "Ces dernières années, la Lituanie s'est développée malgré des circonstances très difficiles liées à la guerre" en Ukraine, fait-elle valoir.
- Préoccupations d'antisémitisme -
Les élections sont également marquées par la controverse autour d'un nouveau parti populiste, Aube sur Niémen, dirigé par un ancien député, Remigijus Zemaitaitis, qui devrait aussi remporter des sièges au Parlement.
L'année dernière, M. Zemaitaitis a renoncé à son siège après avoir été critiqué pour des commentaires jugés antisémites.
Il est poursuivi pour incitation à la haine, mais rejette l'accusation, affirmant n'avoir fait que critiquer la politique du gouvernement israélien dans la bande de Gaza.
La plupart des partis politiques ont promis d'exclure M. Zemaitaitis de toute coalition potentielle au pouvoir.
"Je pense que nous sommes confrontés non seulement à une menace géopolitique, mais aussi à une menace politique interne", a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis, chef de file des conservateurs.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, 90% des quelque 208.000 juifs de Lituanie ont été tués, souvent avec l'aide de collaborateurs locaux, et la mémoire historique de l'Holocauste dans ce pays fait toujours l'objet d'un débat intense.
Le premier tour de l'élection attribuera environ la moitié des 141 sièges par la proportionnelle, les autres devant l'être lors du second tour.