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Une rapporteuse de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a exprimé sa "profonde préoccupation face à la situation de l'homme politique d'opposition et historien russe Vladimir Kara-Mourza", hospitalisé sans que sa famille puisse connaître son état de santé, a annoncé mardi cette institution siégeant à Strasbourg.
M. Kara-Mourza, 42 ans, a survécu à deux tentatives d'empoisonnement avant d'être arrêté et condamné à 25 ans de détention.
Il a été hospitalisé dans un établissement de soins pénitentiaire, avaient annoncé son épouse et ses avocats vendredi.
Jeudi, ses avocats "ont tenté de lui rendre visite dans un centre de détention d'Omsk (Sibérie), après avoir été sans contact depuis le 2 juillet", a noté la rapporteuse de l'APCE pour les prisonniers politiques et pour le suivi de "la détention arbitraire de M. Kara-Mourza et de la persécution systématique des manifestants anti-guerre en Fédération de Russie", l'Islandaise Sunna Aevarsdottir.
Ils ont alors été informés par "les autorités russes" qu'il avait été transporté, "plus tôt dans la journée", vers un hôpital, sans fournir d'informations sur les raisons de son hospitalisation ou son état de santé, selon Mme Aevarsdottir.
Les avocats de Vladimir Kara-Mourza n'ont pas pu le voir à l'hôpital, a-t-elle ajouté.
"Avant son arrestation illégale, M. Kara-Mourza souffrait déjà d'une polyneuropathie à la suite de tentatives d'empoisonnement par les autorités russes", a précisé la responsable, ajoutant que "cet état de santé s'est gravement détérioré au cours de sa détention et de son emprisonnement".
"Il est absolument inacceptable d'empêcher délibérément une famille de savoir pourquoi son proche est hospitalisé et quel est son état de santé actuel", a-t-elle poursuivi. "Je suis profondément préoccupée par cet acte d'inhumanité effrayant."
Après la mort d'Alexeï Navalny en prison en février, les craintes "selon lesquelles le régime russe ferait en sorte que ses détracteurs les plus éminents meurent derrière les barreaux" se sont développées, selon Mme Aevarsdottir.
Elle a demandé à ce que les autorités russes permettent aux avocats de ce citoyen russo-britannique de lui rendre visite et "à garantir (sa) libération immédiate".
Elle a également appelé à ce que les autorités américaines et britanniques utilisent "la voie diplomatique" pour être informées de l'état de santé de M. Kara-Mourza.
Vladimir Kara-Mourza a été condamné en avril 2023 à 25 ans de prison pour "trahison" et diffusion de "fausses informations" sur le conflit en Ukraine, une peine particulièrement lourde, même dans le contexte de répression accrue en Russie.
Selon plusieurs médias d'investigation, dont Bellingcat, The Insider et Der Spiegel, les services secrets russes sont impliqués dans les empoisonnements qu'il a subis.
L'opposant a été début mai honoré par le jury du prix Pulitzer, pour "ses articles passionnés écrits au péril de sa vie depuis sa cellule de prison".
Le Conseil de l'Europe est une organisation internationale réunissant les 46 Etats signataires de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme. Ses différents organes veillent à l'application de ces droits sur le continent.