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Une femme travaillant pour l'armée australienne et son mari, tous deux d'origine russe, ont été inculpés vendredi à Sydney par la police pour tentative d'espionnage et de transmission à Moscou de documents relatifs liés à sécurité nationale de l'Australie.
Titulaires de passeports russes, Kira Korolev, 40 ans, et son époux Igor âgé de 62 ans, vivent en Australie depuis plus de dix ans et ont obtenu la nationalité australienne, a précisé la police.
Ils ont été arrêtés jeudi à leur domicile de Brisbane (est) et inculpés pour "préparation d'un délit d'espionnage", a annoncé vendredi Reece Kershaw, plus haut responsable de la police fédérale, lors d'une conférence de presse.
Ils risquent jusqu'à 15 ans de prison.
Kira Korolev travaillait pour l'armée australienne depuis plusieurs années en tant que "technicienne des systèmes d'information", a précisé le commissaire de la police fédérale Reece Kershaw.
Elle a effectué un voyage "non déclaré" en Russie lors d'un congé de longue durée.
Depuis la Russie, elle aurait expliqué à son mari, un travailleur indépendant, comment se connecter à son compte officiel australien depuis leur domicile.
"Nous affirmons que son mari aurait accédé aux documents demandés et les aurait envoyés à sa femme en Russie", a indiqué M. Kershaw.
- Membre des "Five Eyes" -
"Nous affirmons qu'ils ont recherché ces informations avec l'intention de les fournir aux autorités russes", a-t-il ajouté.
"La question de savoir si ces informations ont été transmises ou non demeure au coeur de notre enquête", a-t-il souligné.
M. Kershaw a assuré qu'aucune divulgation d'informations importantes n'avait été identifiée pour l'instant, même si la police a précisé que les documents étaient liés à la sécurité nationale.
L'Australie est membre des "Five Eyes", une alliance de services de renseignement avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la Nouvelle-Zélande, qui partagent des informations sensibles.
Le responsable a précisé que la femme avait obtenu la nationalité australienne en 2016 et son mari en 2020.
Les deux suspects ont comparu séparément et brièvement vendredi devant un tribunal de la ville, selon des médias locaux. Tous deux ont été placés en détention dans l'attente d'une audience le 20 septembre, selon la même source.
Contactée par l'AFP, l'ambassade de Russie à Canberra n'a immédiatement réagi.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré durant un point de presse qu'il n'avait aucun détail sur l'affaire.
"Oui, pour nous ce sont des citoyens russes, mais ils ont toujours vécu en Australie, donc nous n'avons aucun détail sur cela et je ne peux rien vous dire", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre Anthony Albanese a indiqué qu'il avait été informé de l'affaire de façon détaillée. "Ceux qui interfèrent avec nos intérêts nationaux devront rendre des comptes", a-t-il déclaré.
- Message aux agents russes -
Mike Burgess, plus haut responsable des services de renseignements australiens, a relevé que les contrôles de sécurité effectués à l'embauche des forces armées ne représentaient pas une garantie totale contre l'espionnage car "tout dépend de ce que vous dites".
"Si vous remplissez les conditions requises pour obtenir une habilitation de sécurité, vous l'obtiendrez. Mais cela ne signifie pas que le parcours de sécurité s'arrête à ce stade", a-t-il expliqué aux journalistes.
M. Burgess, directeur général de l'agence australienne de renseignements (ASIO), a souligné que les autorités avaient été en mesure "d'intervenir et de contrôler cette opération".
"Cette affaire reflète et démontre une culture de sécurité efficace, et non une culture déficiente", a-t-il affirmé.
Il a aussi lancé un appel aux espions russes pour qu'ils se rendent aux autorités australiennes.
Il a rappelé la défection en 1954 des espions soviétiques Vladimir et Evdokia Petrov vers l'Australie, ce qui avait permis de révéler des dispositifs du renseignement russe au niveau international.
"Je souhaite m'adresser directement aux agents des services de renseignement russes". "Cette année marque le 70e anniversaire de la défection de Petrov. "Si vous souhaitez partager vos secrets, n'hésitez pas à me contacter. L'ASIO est toujours à l'écoute".
Selon M. Burgess, l'Australie est confrontée à une menace d'espionnage importante de la part de multiples pays.
"Les services de renseignement étrangers sont compétents, déterminés et patients. Ils jouent un jeu à long terme. Le problème pour eux, c'est que l'ASIO fait de même", a mis en garde M. Burgess.
"Si vous vous livrez à de l'espionnage dans ce pays, nous vous détecterons et nous nous occuperons de vous". "Lorsque nous pouvons engager des poursuites, nous le faisons", a-t-il averti.