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Suspicion de botulisme: cinq personnes en réanimation, 600 bocaux recherchés

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Guillaume SOUVANT

Une enquête est ouverte après l'hospitalisation en réanimation à Tours de cinq personnes ayant mangé des conserves de pesto à l'ail des ours, les autorités soupçonnant ces bocaux d'en être à l'origine et cherchant à retracer les 600 pots vendus.

Lors d'une conférence de presse au centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Tours, le préfet d'Indre-et-Loire Patrice Latron a indiqué que "deux couples (s'étaient) présentés aux urgences samedi", suivis d'une cinquième personne dimanche après avoir participé à un même "repas d'anniversaire".

Les patients, tous majeurs, "sont actuellement en réanimation, conscients, intubés, ventilés" au CHRU de Tours, a précisé M. Latron.

Aucune autre précision n'a été donnée sur l'état de santé et l'identité des patients.

"Sur la base d'indices convergents", les autorités sanitaires suspectent des cas de botulisme liés à l'ingestion "d'un produit qui s'appelle Ô p'tits Oignons, qui est un pesto à l'ail des ours, produit en Touraine", selon le préfet.

Ce produit artisanal est "fortement suspecté d'être à l'origine de cette contamination", qui peut être mortelle, a-t-il souligné.

La priorité est désormais de "valider scientifiquement l'hypothèse du botulisme et puis de leur assurer le meilleur traitement possible" ainsi que de faire de "la prévention pour éviter que d'autres personnes ne consomment le produit" suspecté.

- Rappel de 600 bocaux -

Au total, "c'est 600 bocaux que nous cherchons" dans toute la France, a estimé le préfet.

Ils ont été vendus lors de quatre foires entre fin mars et début septembre en Indre-et-Loire.

"Le délai d'incubation de cette toxine est entre 4 heures et 8 jours", a-t-il rappelé, voulant "rassurer les personnes qui ont consommé ce produit il y a plusieurs semaines" et appelant ceux qui ont acheté les conserves à "les jeter, les détruire".

Si les points de vente sont localisés au sein d'une même région, l'alerte a été donnée "immédiatement au niveau national avec un relais au niveau des ministères de la Santé et de l'Agriculture", selon le directeur de la santé publique pour l'Agence régionale de santé (ARS) du Centre-Val de Loire, Jean-Christophe Comboroure, lors de cette même conférence de presse.

Une équipe d'enquêteurs "sont en train de rechercher tous les clients et de les contacter", a signalé la directrice départementale de la protection des populations (DDPP) d'Indre-et-Loire, Carine Bar.

D'après M. Latron, une "enquête alimentaire" a "immédiatement été diligentée" entre l'ARS du Centre-Val de Loire et les services de la DDPP.

Elle est doublée d'une enquête judiciaire, a-t-il confirmé.

Cette "enquête pénale", confiée à la direction interdépartementale de la police nationale et la DDPP, retient "pour le moment" l'infraction de "blessures involontaires par personne morale suivies d'une incapacité supérieure à trois mois", a indiqué à l'AFP la procureure de la République de Tours, Catherine Sorita-Minard.

Aucune garde à vue n'a été effectuée, précise-t-elle, ajoutant que "les analyses se poursuivent" en vue de confirmer ou d'infirmer les suspicions de botulisme.

Les résultats des analyses, réalisées par le Centre national de référence de l'Institut Pasteur, "seront disponibles environ dans 24 heures", a affirmé Pierre Buffet, directeur médical de l'institut, sur les ondes de RTL.

- "Sincèrement désolé" -

Sur sa page Facebook, le producteur des conserves mises en cause s'est dit "sincèrement désolé" de cette situation.

Le botulisme est une affection neurologique rare et grave, mortelle dans 5 à 10% des cas, provoquée par une toxine très puissante produite par une bactérie qui se développe notamment dans les aliments mal conservés, faute de stérilisation suffisante.

Elle engendre des problèmes oculaires (vision double), un défaut de déglutition et, dans les formes avancées, une paralysie des muscles, notamment respiratoires, qui peut conduire au décès.

En septembre 2023, 16 clients, dont une femme qui en est décédée, ont été identifiés comme "cas suspects de botulisme" après avoir mangé des sardines en conserve de fabrication artisanale dans un restaurant touristique du centre de Bordeaux.

En France, le botulisme est rare: l'incidence moyenne s'est stabilisée depuis 1980 autour de 20-30 foyers par an, impliquant le plus souvent chacun un à trois malades.

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