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Statu quo ou baisse des prix? Le marché pétrolier a tranché lundi, le prix du pétrole Brent a plongé sous la barre des 80 dollars après que l'Opep+ a annoncé dimanche mettre fin à l'une de ses strates de réduction de production dès octobre.
Le Brent de la mer du Nord, la référence du pétrole en Europe, a perdu 3,39% lundi, glissant sous la barre des 80 dollars à 78,36 dollars. Le WTI, son équivalent américain, a fondu de 3,59% à 74,22 dollars. Chacun évolue désormais à son plus bas niveau depuis février.
Pour Tamas Varga, analyste de PVM Energy interrogé par l'AFP, la baisse des cours est liée à la réunion de l'Opep+ la veille, "le marché étant déçu que le groupe relâche progressivement certaines de ses limitations de production malgré l'absence de signes tangibles d'amélioration de la demande".
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l'alliance Opep+ ont en effet annoncé une prolongation des réductions de production en cours jusqu'à fin septembre, avant de remettre progressivement des barils sur le marché au cours des 12 mois suivants. Dès octobre 2024, donc.
Cette réunion dans un format hybride inédit, à la fois en visioconférence et en présentiel à Ryad, a permis de préciser quand le groupe envisage "l'abandon de sa politique de réduction de l'offre", explique Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote.
Et même si les réductions de production sont maintenues au troisième trimestre, Goldman Sachs décrit dans une note la décision comme "bearish" (accommodante), autrement dit le fait que l'Opep+ se décide à ouvrir les vannes de pétrole dès octobre est baissier pour le marché.
"Cette décision intervient à un moment où l'incertitude quant aux perspectives de la demande chinoise a pesé sur les matières premières mondiales", rappelle aussi à l'AFP Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.
- Davantage de barils -
Dans le détail, les membres de l'Opep+ réduisent actuellement leur production sur trois niveaux: à l'échelle du groupe d'abord, avec des objectifs de production officiels réduits de 2 millions de barils par jour (mbj) depuis la fin 2022. Ces quotas officiels ont été étendus jusqu'à fin 2025.
Viennent ensuite des réductions volontaires de certains membres, annoncées en avril 2023, de l'ordre de 1,65 mbj au total, reconduites elles aussi jusqu'à fin 2025.
Enfin, huit membres (l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Algérie, l'Irak, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et la Russie) ont procédé à des réductions volontaires supplémentaires à hauteur d'environ 2,2 mbj en novembre 2023. A l'issue de la réunion de dimanche, ces réductions supplémentaires ont été étendues jusqu'à fin septembre 2024.
En résumé, les trois coupes de l'Opep+ totalisent un peu moins de 6 mbj, et sont toutes reconduites au moins jusqu'en septembre. Ce montage complexe avait initialement laissé les cours du brut de marbre.
Les Émirats arabes unis ont obtenu cependant dimanche un relèvement de leur quota officiel de production de 300.000 barils par jour, qui sera mis en place de façon progressive de janvier à septembre 2025.
Avec la fin des réductions volontaires supplémentaires et l'augmentation de l'objectif de production des Émirats, l'Opep+ pourrait réintroduire 2,5 mbj de septembre 2024 à septembre 2025.
Réintroduire ces barils sans inonder le marché ni faire plonger les cours dans le rouge s'annonce un véritable casse-tête pour le groupe élargi, en particulier "si les perspectives de la demande restent négatives", note Lukman Otunuga.
Selon les analystes de DNB, le groupe des pays exportateurs va même devoir faire le deuil du baril de Brent à plus de 80 dollars "si (l'alliance) agit comme prévu", ne voyant "pas de place pour des barils supplémentaires de l'Opep+ sur le marché".
Le groupe a toutefois rappelé qu'il conservait la possibilité d'arrêter ou même d'inverser la sortie de l'une de ses strates de réduction de production si les conditions de marché se détériorent. Comprendre si les prix sombrent.