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Carrefour: assemblée générale animée entre rémunération du PDG et modèle social

La rémunération du PDG de Carrefour Alexandre Bompard, objet de contestation actionnariale un an plus tôt, a été largement avalisée vendredi lors d'une assemblée générale par ailleurs animée par la grogne syndicale concernant le changement du mode de gestion de certains magasins.

Comme chaque année, le géant de la distribution rassemblait ses actionnaires aux Docks de Paris, à Aubervilliers, en proche banlieue nord de la capitale. Et comme les années précédentes, les organisations syndicales étaient de la partie.

La CFDT avait annoncé jeudi prévoir de "porter la voix des salariés" devant les actionnaires.

C'est un salarié d'un magasin passé en location-gérance qui a interpellé le PDG du groupe sur le malaise social en interne, rappelant au passage que la branche services de la CFDT avait assigné Carrefour en justice "pour pratique abusive de la location-gérance et de la franchise".

La CFDT reproche à Carrefour l'externalisation de plus de 300 magasins et 23.000 salariés via la cession à des tiers, franchisés ou locataires-gérants. Passer les magasins en franchise ou en location-gérance permet au distributeur de conserver sa part de marché commerciale tout en se libérant d'un certain nombre de dépenses, à commencer par les salaires. Mais cela n'est pas sans conséquence pour les salariés.

M. Bompard a répondu en mettant en avant le fait que Carrefour n'avait fermé aucun magasin grâce à cette politique, dans un contexte "extraordinairement difficile" pour le secteur de la grande distribution, sous la "pression concurrentielle" de spécialistes du discount, comme Lidl ou Action, et de réseaux de magasins "indépendants", E.Leclerc, Intermarché, Coopérative U, "dont le modèle social n'a rien à voir avec le nôtre".

- "Champion olympique de la casse sociale" -

La CGT, qui a baptisé son PDG le "champion olympique de la casse sociale" - Carrefour est l'un des importants sponsors des JO-2024 -, a pour sa part perturbé l'assemblée générale par des slogans, chansons et invectives, sifflant l'arrivée au pupitre de M. Bompard et lui demandant d'"augmenter les salaires, pas les actionnaires".

Alexandre Bompard a par ailleurs été interpellé sur sa rémunération, mais, contrairement à l'année précédente, les actionnaires de Carrefour ont validé largement son schéma de rémunération pour l'année 2023 (à plus de 70%) comme pour 2024 (à 93,49%).

Lors de la précédente assemblée générale, les actionnaires n'avaient été que 60,69% à approuver la rémunération du PDG en 2022, et 56,75% pour la rémunération 2023.

M. Bompard touchera donc, dans la continuité des années précédentes, 4,5 millions d'euros pour 2023, à quoi s'ajouteront jusqu'à 5,3 millions d'euros en actions ultérieurement.

La rémunération du dirigeant pour 2024 prévoit une part fixe inchangée (1,6 million d'euros) et une part variable pouvant aller jusqu'à 3,04 millions d'euros. Un plan à long terme en actions est également prévu, à hauteur "55% de la rémunération globale maximum".

Alexandre Bompard a en outre été interpellé sur un supposé soutien à Israël, ce à quoi il a répondu que Carrefour n'avait "pas d'engagement partisan ou politique" et ne prenait "pas partie dans un contexte tel que celui-là."

Carrefour avait annoncé son arrivée en Israël en mars 2022, via un partenariat de franchise avec le groupe israélien Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan.

"Nous n'avons pas de magasin en territoires occupés sous marque Carrefour", a-t-il déclaré. "Cette disposition est stipulé dans notre contrat de franchise avec notre partenaire franchisé, s'il ne la respectait pas, il aurait de graves sanctions. Nous ne sommes pas présents dans les territoires occupés sous marque Carrefour".

Les actionnaires du distributeur ont validé l'ensemble des résolutions sur lesquelles ils devaient se prononcer, la plupart très largement, et notamment l'entrée au conseil d'administration de Marguerite Bérard, ancienne haut cadre de BNP Paribas.

Ils ont aussi plébiscité à 97,01% l'arrivée comme administrateur d'Eduardo Rossi, en remplacement du milliardaire brésilien Abilio Diniz, décédé mi-février. Eduardo Rossi est président de Peninsula, le holding de la famille d'Abilio Diniz qui est depuis mars premier actionnaire de Carrefour.

Le groupe a par ailleurs annoncé lors de l'assemblée générale qu'il allait ouvrir "dans les prochaines semaines" à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) un magasin Atacadao, enseigne originaire du Brésil où elle vend des produits alimentaires et non alimentaires à prix de gros, et dont Carrefour est propriétaire.

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