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"Débitumer pour végétaliser": face aux températures caniculaires, à Toulouse, comme à Paris ou dans d'autres villes françaises, des "cours oasis" fleurissent dans les écoles primaires, où l'espace est repensé et adapté au changement climatique.
Si auparavant la cour de l'école Anatole France, non loin du centre de Toulouse, n'était tapissée que de goudron, à présent, ce sont des plantes, des installations de jeux et des copeaux en bois qui occupent une partie de l'espace.
"On ressent qu'il y a moins de chaleur. (...) C'était vraiment du bitume partout, c'était assez étouffant", se félicite Malika Prunès, 28 ans, directrice pédagogique du centre de loisirs de cette école installée au bord du canal du Midi.
L'établissement a été l'un des premiers de la Ville rose à accueillir une "cour oasis", installée par la mairie en 2022.
Depuis, la mairie a étendu ces dispositifs à plusieurs écoles, où 30% de la superficie minimum est débitumée avant d'être végétalisée.
- Fournaise du bitume -
En janvier 2024, Toulouse comptait 64 "cours oasis" et 70 supplémentaires devraient voir le jour d'ici 2026.
"Depuis 2014, quand on crée une nouvelle école, on met beaucoup de végétal. Maintenant, on s'attaque aux écoles existantes", construites "dans les années 60, 70, 80, où il y a beaucoup de bitume et peu d'arbres", dit à l'AFP Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse.
Le règne du bitume, un phénomène "national, voire international" et aujourd'hui obsolète, selon Pascal Héral, chef de projet des "cours oasis".
"On mettait de l'enrobé pour des questions d'entretien, (pour) qu'on n'ait pas à ramasser les feuilles", fait-il remarquer.
Mais "avec le réchauffement climatique", les cours bitumées "se transforment vite en four" au printemps et à l'automne, où les températures avoisinent 30 degrés, donc "il faut que l'eau s'infiltre", pointe le chef de projet.
Alors, la création d'îlots de fraîcheur "permet de gagner quelques degrés Celsius et, dans plusieurs années, les arbres plantés créeront beaucoup d'ombrage et de fraîcheur", poursuit Pascal Héral.
Durant l'année scolaire, les "cours oasis" sont pensées en concertation avec les écoles, les élèves et leurs parents, permettant l'élaboration d'un projet "porté par tous", selon Sébastien Hoonhorst, directeur de l'école Anatole France.
Et c'est durant les vacances d'été que les travaux se font.
- Plus inclusif -
A l'école Françoise Héritier, les travaux ont permis de retirer près de 100 mètres cubes de béton et de gravats, remplacés par un volume équivalent de copeaux de bois, le tout sous un bateau et des jeux d'escalade en bois, fraîchement installés.
"Ces copeaux sont très importants, ils retiennent l'humidité. Même en plein été quand il fait très chaud, si on creuse un peu on sent rapidement de l'humidité", témoigne Sébastien Hoonhorst.
En outre, neuf arbres et 180 plantes vivaces, plantés près des gouttières pour récupérer l'eau de pluie, verdiront bientôt la cour de cette école.
"En 2024, on ne peut plus faire les bêtises qu'on faisait dans les années 80 ou 90", estime Thibaut Morin, conducteur de travaux, mandaté pour l'installation des cours.
Cependant, pour l'opposition écologiste à Jean-Luc Moudenc, "la majorité municipale ne va pas assez loin. Elle est dans une logique de désimperméabilisation, mais pas de remettre de la pleine terre pour avoir des végétaux autour des arbres et des espaces suffisants à leur développement", affirme à l'AFP Antoine Maurice, élu des Écologistes et ancien candidat à la mairie de la Ville rose.
"Quand ils plantent des arbres, c'est des arbres isolés avec autour uniquement du sol avec des copeaux de bois, sans remettre de l'herbe ou de la terre", dit-il.
"Ils s'y mettent parce que tout le monde s'y met, mais ils ne vont pas au bout de la logique (...) Deux ou trois arbres avec des copeaux de bois n'auront jamais la capacité de se développer suffisamment", poursuit-il, ajoutant avoir visité d'autres cours oasis à Tours, plus ambitieuses selon lui.
"C'était flagrant de voir la différence" avec Toulouse, estime-t-il.
Des "cours oasis" ont été mises en place ou sont projetées, notamment depuis 2022, dans des écoles de nombre de villes ou de villages français, comme Paris ou Bordeaux.