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Nous vous le disions plus tôt dans la journée, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait part de son inquiétude face à la propagation croissante de la souche H5N1 de la grippe aviaire à l'Homme. Yves Van Laethem, infectiologue à l'hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, était notre invité dans le Bel RTL Soir pour évoquer ce virus.
Cette inquiétude nous rappelle de mauvais souvenirs, ceux du coronavirus. Comment faut-il interpréter ce signal de l'OMS?
Je pense que l'Organisation mondiale de la santé sait qu'elle ne doit pas donner le signal trop tard. Elle l'a appris avec le Covid et d'autres choses, donc elle préfère prendre les devants. Je pense qu'elle a parfaitement raison de dire qu'il faut faire attention parce qu'on a là un virus respiratoire. On sait depuis le Covid amplement ce que ça veut dire.
On sait qu'il fait des dégâts extrêmement importants qui n'ont rien à voir avec ceux du Covid. Et on sait maintenant qu'il se rapproche de nous. Il n'est pas encore en transmission interhumaine, mais il se rapproche de nous puisqu'il peut infecter de nombreux mammifères et qu'au moins un cas de passage d'un mammifère à l'homme a été démontré.
Ça veut dire quoi pour nous? On doit être attentif à quoi?
Alors pour nous, ça ne va rien changer pour la population générale. Ça, c'est extrêmement clair. Je pense qu'au niveau gouvernemental, il y a plusieurs choses à faire: vérifier que tout ce qu'on nous a promis qui serait en place pour une prochaine crise est bien en place. Deux, surveiller au point de vue sanitaire vétérinaire ce qu'il en est. Ça, c'est le boulot de grandes agences comme Sciensano, par exemple. Trois, c'est rappeler, si nécessaire, aux firmes pharmaceutiques qu'il n'est peut-être pas inutile de se pencher déjà sur un potentiel vaccin.
Pour être prêts plus rapidement qu'on n'a pu l'être pour le Covid.
Exactement. Il faut que dans ce cas-ci, on ne cherche plus de masques. Il faut que dans ce cas-ci, l'industrie puisse être encore plus vite prête. Elle a été quand même très rapide, mais encore plus vite prête avec un vaccin potentiel. Il faut qu'on puisse décider ce que l'on fait si le virus a vraiment une transmission interhumaine. Est-ce qu'il faut relancer ces grandes mesures, peut-être, de black-out total dans lequel on ferme tout?
On parle de grippe aviaire, ça veut dire que ceux qui touchent ou manipulent des oiseaux sont plus à risque? Y a-t-il quelque chose à surveiller?
Si ces gens doivent être testés par cas de syndromes grippaux, ce sont ceux qui sont plus proches des animaux par leur fonction qui pourraient être les premiers à manifester de nouveaux cas de transmission entre un animal et un humain.
On sait qu'aux États-Unis, c'est à partir d'une vache, effectivement, vers un homme. Mais on sait qu'une grande variété d'animaux de type mammifère, depuis le phoque jusqu'à l'ours polaire, le chacal et le coyote, ont été trouvés déjà positifs.
Donc, clairement, le virus s'est adapté au mammifère. Il ne s'est pas encore adapté à nous, mais c'est la dernière phase avant l'éventuelle propagation qui pourrait parfaitement ne pas avoir lieu.
Autant être prêt. Il faut être attentif et ne pas se dire qu'on ne va pas avoir peur d'une grippette.
Pas d'inquiétude, mais beaucoup d'attention et beaucoup de préparation donc. Si on a un doute, bien sûr, on peut s'adresser à son médecin.
Tout à fait. Et il faut bien insister sur le fait que les transmissions de l'animal vers l'homme n'ont pas eu lieu dans notre pays, ni de l'oiseau, ni d'un mammifère vers l'homme. Aucun cas dans nos régions. Ça reste une situation qui, pour l'instant, doit évoquer l'éveil des structures de santé publique qui doivent justement éviter que la situation tourne mal si elle devait évoluer.