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"Cela fait 50 jours que je tousse, c'est affreux": les cas de coqueluche en forte hausse en Wallonie, comment éviter de l'attraper?

Depuis l'hiver dernier, les cas de coqueluche se multiplient en Wallonie. Les médecins constatent une recrudescence de cette maladie respiratoire très contagieuse. Elle touche surtout les jeunes, mais également les adultes. C'est le cas d'un habitant de Herve. Ce retraité de 74 ans explique souffrir de quintes de toux "atroces" depuis 50 jours. Et c'est loin d'être fini. Comment reconnaître la coqueluche et comment s'en prémunir ?  

"Cela fait 50 jours que ça dure. J’ai des quintes de toux atroces et permanentes. Je suis épuisé", confie Jean-Pierre via notre bouton orange Alertez-nous. Cet habitant de Herve, en région liégeoise, est atteint de coqueluche. Cette maladie respiratoire potentiellement grave touche la gorge et les poumons. 

"Début avril, j’avais une toux anormale. Mon médecin m’a donné des antibiotiques et des médicaments, mais cela ne marchait pas. J’ai fait une prise de sang et un test nasal. Et le diagnostic est tombé : c’est la coqueluche", se souvient le retraité de 74 ans. Cette infection respiratoire s’attaque aux voies respiratoires, la gorge et les poumons.  

"Et visiblement, je n’étais pas le seul. Mon médecin au cabinet médical de Chaineux m’a dit que j’étais déjà le 5ème cas en quelques semaines", ajoute Jean-Pierre.

On peut parler d’une augmentation des cas depuis l’hiver dernier

"Il y a clairement une recrudescence", confirme Jean Hick, médecin généraliste au cabinet médical de Chaineux. "J’exerce depuis 1980. Dans les années 80, il y avait quelques cas. Et puis, presque plus rien dans les années 2000. Et aujourd’hui, j’ai régulièrement des cas. Surtout depuis l’hiver dernier. J’en ai eu 6-7 à mon échelle. Et les autres médecins du cabinet ont également eu des cas", indique le docteur.

Depuis le début de l’année, la coqueluche est effectivement de retour dans notre pays. En Wallonie, le nombre de signalements est en hausse. 769 patients ont été diagnostiqués depuis le 1er janvier. Sur toute l’année 2023, 550 cas ont été confirmés dans le sud du pays. "Cela diminue petit à petit, mais on peut parler d’une augmentation des cas depuis l’hiver dernier", indique Lara Kotlar, porte-parole de l’Aviq (Agence wallonne pour une vie de qualité). 

A l'échelle européenne, on note également une forte hausse. Près de 60.000 cas de coqueluche ont été signalés dans les pays de l'Union européenne et de l'Espace économique européen en 2023 et jusqu'en avril 2024. Cela représente dix fois plus de cas qu'en 2022 et 2021, signale l'European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC).

On appelle cela la toux des 100 jours, c’est affreux

Face à cette recrudescence, comment reconnaître la coqueluche ? "Il s’agit d’une bactérie très résistante qui touche les voies respiratoires. On appelle cela la toux des 100 jours. C’est affreux. Certains patients se filment pour me montrer leurs symptômes et c’est épouvantable. Ce sont des quintes de toux pendant 2 minutes. Il y a un blocage au niveau de la gorge. C’est très invalidant. Et après 1 heure ou 2 heures, cela recommence", détaille Jean Hick. "La toux peut être tellement violente que cela peut casser des côtes", ajoure le médecin.  

Jean-Pierre connaît bien ces symptômes. "Je tousse tellement que je suis extrêmement fatigué. Cela vous épuise. Cette maladie s’appelle coqueluche parce que la quinte de toux se termine par un cri de coq très sec", assure le septuagénaire. 

Ces adultes ne possèdent plus d’anticorps pour se protéger contre la maladie

Les cas de coqueluche sont surtout constatés chez les enfants et les adolescents. Mais les adultes peuvent aussi être touchés. "Ce sont souvent des adultes qui ont été vaccinés il y a longtemps, il y a 30-40 ans et qui ne possèdent plus d’anticorps pour se protéger contre la maladie", explique le médecin. 

La coqueluche est particulièrement éreintante pour les malades. Les personnes plus âgées, les personnes immunodéprimées et les personnes souffrant d’autres pathologies sont susceptibles de développer une forme grave de la maladie.  

Mais il faut surtout être attentifs aux nourrissons. La coqueluche est particulièrement dangereuse pour les petits enfants. "Chez les bébés de moins de 2 mois, la coqueluche peut provoquer des arrêts respiratoires et des cas de mort subite", met en garde Jean Hick.

La vaccination, la solution préventive la plus efficace 

La solution la plus efficace pour éviter la maladie est la vaccination. "Les premières doses sont données aux bébés à 2-3-4 mois, puis à 15 mois, à 5-6 ans et ensuite à 15-16 ans. Après, il faut faire un rappel tous les 10 ans", détaille Lara Kotlar, porte-parole de l’Aviq. 

Il s’agit d’un vaccin combiné qui permet de protéger les patients contre le tétanos, la diphtérie et la coqueluche. "La vaccination actuelle est efficace. Ce vaccin combiné est systématique depuis 6-7 ans. Avant, c’était un vaccin contre le tétanos et la diphtérie et un autre contre la coqueluche. Du coup, j’ai eu le cas d’un monsieur vacciné contre le tétanos et la diphtérie qui a attrapé la coqueluche. Sa femme, qui avait reçu le vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche, n’a pas été contaminée. Pourtant, son mari toussait comme un fou", relate le médecin généraliste. 

"Mais certaines personnes n’ont pas fait les rappels. C’est pourquoi je rappelle à mes patients de poursuivre leur vaccination pour les protéger", ajoute-t-il. 

Comment protéger les nourrissons ? 

Depuis 10 ans, les professionnels de la santé recommandent également la vaccination maternelle contre la coqueluche. "Chez les femmes enceintes, c’est important de les vacciner vers la 28-32ème semaines. Le bébé sera alors immunisé à la naissance car il aura reçu les anticorps de sa maman via le placenta", explique Jean Hick.

"Le nourrisson sera ainsi protégé les deux premiers mois de sa vie", confirme Lara Kotlar. "Au-delà de ça, l’ONE (NDLR: Office de la naissance et de l’enfance) conseille le vaccin cocoon pour protéger le nouveau-né. Tous les proches, comme les grands-parents, sont vaccinés avant la naissance pour ne pas le contaminer", explique la porte-parole de l’Aviq. 

Existe-t-il un traitement ? 

Et que faire si on est atteint de coqueluche ? Existe-t-il un traitement ? "Il y a des antibiotiques mais qui sont surtout efficaces pour stériliser le malade, pour éviter une contamination de l’entourage. Néanmoins, le mal est souvent fait. C’est une maladie très contagieuse", souligne le médecin généraliste. "Et les antitussifs, les aérosols ne sont pas très efficaces", ajoute-t-il. 

Lara Kotlar rappelle qu’il s’agit d’une maladie avec déclaration obligatoire. "Les écoles, les médecins et les hôpitaux doivent nous transmettre l’information. Le but est de pouvoir éventuellement mettre en place des mesures de prévention dans les écoles par exemple et de contacter les proches pour éviter une propagation de la maladie", indique la porte-parole de l’Aviq. 

"Depuis le début de cette année, il y a eu une cinquantaine d’hospitalisations, mais pas de décès", précise-t-elle.

Jean-Pierre devra encore faire preuve de patience avant de retrouver sa forme. "Cette maladie dure 100 jours. J’en suis à la moitié. Et c’est très handicapant", confie le septuagénaire, dépité.  

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