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Vitrines des investissements colossaux de Samsung dans l'IA, les nouveaux téléviseurs 8K du géant coréen promettent une qualité d'image exceptionnelle, et une capacité à "inventer" des pixels pour compenser les contenus à faible définition. Mais à un prix élevé (5.799€), leur véritable valeur est-elle justifiée?
Les téléviseurs 8K, comme les nouveaux Neo QLED de Samsung, sont à la pointe de la technologie ; mais leur utilité reste sujette à débat. Avec une résolution (et parfois un prix...) quatre fois supérieure à la 4K, l’idée est de fournir une image incroyablement détaillée sur de grands écrans, dépassant souvent les 75 pouces. Le modèle de Samsung que j'ai pu essayer durant un mois répond au doux nom de "Neo QLED 8K Smart TV QN900D", en version 65" (déjà assez imposante pour un salon 'belge', comme vous l'imaginez).
L'argument de Samsung, plutôt attendu en 2024: parler de "AI TV", donc de télévision dopée à l'intelligence artificielle. J'ai pu m'en rendre compte durant ma visite des infrastructures du géant sud-coréen de l'électronique à Séoul: l'IA est au cœur des décisions stratégiques du groupe, même si celui-ci est actif dans de très nombreux domaines (TV, smartphone, électroménager au sens large, maison connectée, écran, semi-conducteur, etc...).
Une IA qui génère des pixels
Si Samsung parle d'IA pour ses nouvelles télévisions, c'est parce que ses logiciels ont regardé des millions de vidéos afin de trouver le meilleur moyen de transformer du contenu 2K (ou 4K) en 8K. Algorithme qui apprend sur de la matière existante pour s'améliorer et générer du contenu (inventant des millions de pixels par seconde), on peut effectivement parler d'intelligence artificielle.
J'ai pu le constater en regardant toutes sortes de contenu durant quelques semaines: l'algo de Samsung fait des merveilles, surtout si sa source est du 4K. Une vidéo YouTube en 4K, un film en 4K sur une plateforme de streaming: c'est du régal pour les yeux et même en Wi-Fi, même en approchant le visage à quelques centimètres de cet écran pourtant gigantesque (65" de diagonale = 1,65 mètre !), il est presque impossible d'apercevoir les pixels "créés" par Samsung. Pas de bruit dans l'image (hormis les limites logiques de la compression/décompression du streaming vidéo), pas de bouilles de carrés, c'est net, c'est propre. C'est un peu moins vrai pour la même vidéo en 2K (donc Full HD), mais à 3 mètres de distance, ça ne se voit pas.
Tout cela est rendu possible par le processeur NQ8 AI Gen3, un système développé par Samsung et doté d'un Neural Processing Unit (NPU) deux fois plus rapide que son prédécesseur, "offrant 25 fois plus de réseaux neuronaux", selon Samsung. Dont coût: minimum 5.799€ pour le Neo QLED 8K Smart TV QN900D en version 65" (et ça monte à 11.000€ pour la version 85", aïe...). Au-delà de l'upscale, il y a d'autres technologies qui améliorent la qualité globale de l'image: l'AI Motion Enhancer Pro assure des mouvements plus fluides en diminuant l'effet saccade, tandis que le Real Depth Enhancer Pro ajoute de la profondeur. Difficiles à mesurer, ces technologies contribuent, on le croit sur parole vu le confort visuel, à rendre cette TV exceptionnelle.
Cerise sur le gâteau: vous avez presque une œuvre d'art dans votre salon. L'épaisseur de cet appareil imposant n'est que de 12,9 mm, tandis que les bordures d'écran sont pratiquement invisibles. Toute la connectique et une grande partie de l'électronique sont déportées dans un plateau noir qu'il faudra cacher (mieux que moi pour mon test) dans une armoire: seul un discret câble transparent sort de l'écran.
D'autres formes d'intelligence ?
Vous l'aurez compris, l'image de ce téléviseur est dingue, quelle que soit la source (cependant, n'attendez rien de magique si vous diffusez un vieux DVD d'un vieux film tourné en 4:3, la génération de pixels a ses limites). Mais Samsung met aussi de l'IA (ou de la prétendue IA, l'appellation devient ici discutable) dans le traitement du son. En analysant la scène diffusée à l'écran, la télévision peut diriger le son vers l'un des nombreux haut-parleurs situés à l'arrière, augmentant la sensation de spatialisation (bon, le son reste très criard vu l'épaisseur de l'écran ; relié à une barre de son haut de gamme, ça donnera beaucoup mieux). Nettement plus utile: l'analyse de la bande son pour amplifier les voix et les détacher du bruit ambiant.
Enfin, Samsung propose de faire de sa TV 8K, mais là on quitte clairement le domaine de l'IA, le nouveau hub de votre maison connectée. Si vous avez une maison connectée Samsung (donc si vous utilisez SmartThings comme plateforme de gestion et de contrôle des appareils connectés), et si vous avez le temps, vous pourrez la schématiser sur l'écran de votre TV. Amusant, geek, sans doute pratique si on le fait bien et si on a "tout Samsung à la maison", cette fonctionnalité reste un peu trop niche pour le grand public belge (et personnellement, je crois plus au recours aux assistants vocaux, qu'à l'affichage d'une maison virtuelle sur une TV, ce que Bixby permet, soit dit en passant).
Conclusion
Samsung réussit le pari d'offrir une image magnifique sur une dalle gigantesque. Je n'ai jamais vu une mise à l'échelle (upscaling) si performant: une vidéo YouTube en 2K devient agréable à regarder sur un écran 8K de 65 pouces, même à 2 mètres de distance. L'IA pour l'entraînement, la nouvelle puce maison pour le traitement et l'affichage, font des miracles, si vous avez (minimum) 5.800€ à consacrer à une télévision. Difficile de juger le rapport qualité-prix à ce niveau. Disons que c'est ce qui se fait de mieux, mais c'est très, très cher pour une télévision. C'est aussi la vitrine la plus spectaculaire des investissements colossaux de Samsung dans l'intelligence artificielle, qui s'invite à tous les étages du géant coréen de l'électronique.