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En début d'année, la sphère musicale guette les nouvelles voix et Solann en fait partie: son premier mini-album, "Monstrueuse", sort vendredi, avant concerts et festivals, en France et pays voisins, dont la liste s'allonge.
Le Café de la Danse, date à Paris, le 30 janvier, affiche déjà complet. Avant de s'y produire en tête d'affiche, c'est là que beaucoup l'ont repérée en première partie de Patrick Watson, esthète québecois de la pop, à l'automne 2023.
Ce soir-là, même si c'est sa première scène d'importance, la voix cristalline de la jeune Française aux racines arméniennes impressionne. Tout comme ses textes.
"Non je compte même plus les fois où on m'a traitée de chienne/Mais c'est une chienne qui a élevé Rome/Les putes comme moi portent les rêves des hommes", entend-on dans "Rome", single déjà sorti. Dans le mythe, c'est une louve qui a recueilli les futurs fondateurs de Rome. Mais on comprend ici l'image forte, on voit l'uppercut au patriarcat.
"Rome est une réponse aux attaques reçues de la part des hommes. Mais d'autres sont venues aussi de femmes, très virulentes, souvent pas pour mes propos mais pour des photos du temps du mannequinat que je faisais, ce qui m'a déçue, j'attendais un minimum de solidarité féminine", expose l'artiste rencontrée par l'AFP.
Celle qui ne dit pas son âge se dépeint "dans l'attente d'un matin de Noël et terrifiée en même temps", alors que son premier EP va sortir et que les dates vont s'enchaîner ensuite, avec les festivals Hyper Weekend à Radio France à Paris le 26 janvier et Avec le Temps à Marseille le 29 février, ou encore au Botanique à Bruxelles le 30 avril.
- "Comme une voiture dans un arbre" -
"S'il faut miser sur quelqu'un, c'est sur elle, ça peut aller vite. Il y a une voix qui va emmener sur scène une théâtralité évidente", prédit pour l'AFP Patrice Demailly, journaliste spécialiste de la scène émergente. Et de décrire quelque chose "d'immédiat, une personnalité affirmée, une écriture racée entre introspectif et romanesque".
"Solann +envoie+, parle de relations toxiques, du rapport au corps, entre tradition et modernité, dans une tension permanente", poursuit ce connaisseur.
Cette enfant de la balle - père comédien qui reprend des classiques pour les lycées, mère styliste-comédienne-chanteuse-danseuse-costumière - a débuté son parcours artistique par le théâtre. "Mais je me suis rendu compte que je préférais l'écrire, le théâtre, que le jouer, et que la chanson me permettait de parler de moi, que c'était moins cher qu'un psy", sourit-elle.
Tout bascule quand la musicienne autodidacte voit une vidéo d'un live de Jeff Buckley: "Il faisait un cadeau au public et il purgeait quelque chose pour ne pas exploser".
Et aujourd'hui, tout ce qu'elle a sur le cœur fuse dans ses titres. Comme dans le morceau cinématographique "Crash", sur une histoire d'amour viciée. "Pour celle-là, j'ai voulu aller tout droit, comme une voiture dans un arbre", décrit la chanteuse, voguant sur les eaux d'une pop entre néo-folk et électro.
"Petit corps" parle du sien, qu'elle "n'arrive pas" à accepter. "Là, c'était +voilà ma névrose+, il fallait que ça sorte". Quand on lui demande si un effet thérapie se dessine, elle répond, philosophe: "je ne sais pas si ça va s'arranger, disons que ça va mieux quand je la chante".