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Un quart de siècle après le premier album du Saïan Supa Crew porté par le tube "Angela", quatre "anciens" se réunissent version "Saïan Supa Celebration" pour partager leur "musicalité" autour du hip-hop, avec un inédit et une tournée.
"Le temps passe, on ne sait pas de quoi demain est fait. On s'est dit que c'était le moment de réunir ceux qui étaient encore en contact et encore motivés à cette idée de célébrer le Saïan", explique Vicelow, le plus volubile de la bande rencontrée par l'AFP.
Répondent présents Sly Johnson, Sir Samuel, Specta et Vicelow, soit quatre des six membres d'origine, bien décidés à porter "l'ADN" du collectif sous ce nouveau nom, "Saïan Supa Celebration".
Leeroy et Féfé ne font, eux, pas partie de l'aventure.
"Si on avait été à six, ça n'aurait pas été aussi fluide. Pourquoi ? Parce qu'il faut crever des abcès", élude Vicelow.
En mûrissant, "on s'est dit qu'il fallait réfléchir différemment et partir sur des bases plus solides. Voilà, ça c'est la vraie direction qu'on a", affirme Specta, le premier à avoir quitté l'équipe de départ.
La tournée, à partir du 31 octobre, coïncide avec les 25 ans de "KLR", premier album du collectif d'artistes originaires de banlieue parisienne, lui-même fusion de trois binômes.
Ce disque sorti en 1999 contient un tube: avec son rythme chaleureux, sa mélodie entêtante et ses paroles grivoises en partie en créole qui échappent à la compréhension générale, "Angela" connaît un succès retentissant.
A tel point que la chanson a inspiré des artistes actuels de la scène française (Hatik, "Angela") et internationale (J Balvin, "Amarillo").
- "S'amuser" avec "sérieux" -
Après trois albums studio et des divergences artistiques, le "crew" se sépare officiellement en 2007 et chacun poursuit ses projets en solo, sans renier le passé.
"Quand on a quitté le Saïan, on a pu quand même voler de nos propres ailes et continuer à assouvir notre passion", remarque Sir Samuel.
La question d'une reformation n'avait jamais cessé de planer au-dessus des têtes de leurs fans, séduits par la richesse de leur musique.
Soul, rap, beatbox, reggae, dancehall et autres influences afro-caribéennes se mêlent autour du hip-hop, pivot central.
Dans sa version "Celebration", le groupe fédère "quatre individualités" qui mettent en commun leurs univers artistiques.
"L'objectif, c'est de s'amuser, mais aussi de faire quelque chose de très sérieux, de très lourd", souligne Vicelow, barbe et dreadlocks argentées. Encore maintenant, "on a des choses à dire".
"Le sérieux a toujours été présent dès le départ, dans l'envie de faire les choses autrement, l'envie de sonner autrement". Et, ce, "même si on était sur des thèmes plus légers ou si on voulait faire danser les gens", atteste Sly Johnson.
Avec 48 ans de moyenne d'âge mais toujours des âmes de "gamins", les quatre acolytes à l'allure décontractée mais aux caractères trempés n'hésitent toutefois pas à se chambrer allègrement.
- "Vieux dans la musique" -
Leur nouveau titre "1 fois 2 trop" porte "un regard" sur la jeunesse et les dangers qui la guettent, de l'alcool au volant aux rixes à coups de couteau, pourvoyeurs de drames.
"On est des espèces de chroniqueurs d'humeur", lance Sir Samuel. "A l'époque, on avait réussi à mettre le doigt sur le racisme ("La preuve par trois", NDLR) et, là, on a mis le doigt sur ce qui nous touche. (...) On traite les sujets qui nous entourent."
Sur scène, ils chanteront des "classiques", des morceaux retravaillés et des inédits, en espérant ne pas toucher uniquement "un public de 40-50 piges".
"On en a encore sous le capot, on a une musicalité à partager, une vision du hip-hop", assure Vicelow, pour qui il paraissait inconcevable de revenir "avec juste du réchauffé".
Specta tranche: "On ne fait pas de la musique de vieux, on est juste vieux dans la musique, c'est deux choses différentes."