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Bastien Vivès revanchard dans la BD sur ses déboires

Revanchard, grinçant, le dessinateur Bastien Vivès prend le risque de heurter dans sa nouvelle BD, "La Vérité sur l'affaire Vivès", satire sur ses déboires après les accusations le visant pour ses œuvres mêlant mineurs et pornographie.

L'ouvrage, traits noirs sur fonds blancs, paraît mercredi chez une nouvelle maison de bande dessinée, Charlotte Éditions.

L'auteur a un statut particulier, depuis décembre 2022. Le Festival international de la BD d'Angoulême avait alors annulé une exposition, en raison de "menaces physiques" proférées contre lui.

Puis le parquet de Nanterre avait ouvert le mois suivant une enquête préliminaire, confiée à la Brigade de protection des mineurs, pour "diffusion d'images pédopornographiques".

Celle-ci est toujours en cours, sans poursuite à ce stade.

En cause: trois ouvrages dont "Petit Paul", polémique au moment de sa sortie en septembre 2018. Le livre, qui met en scène un enfant au pénis démesuré ayant des relations sexuelles avec des femmes majeures, avait fait l'objet d'un signalement de l'association Face à l'inceste. En février 2019, le parquet de Nanterre avait conclu à l'"absence d'infraction".

Les deux autres titres sont "Les Melons de la colère" (2011), vague parodie des "Raisins de la colère" où une adolescente paysanne est violée par plusieurs hommes de son village, et "La Décharge mentale" (2018).

- Outrancier -

Bastien Vivès plaide qu'il s'agit de fictions et de dessins, et qu'il n'y a donc pas d'infraction.

"Je me retrouve dans un truc qui me paraît très kafkaïen. On parle de représentations, de dessins, de personnages fictifs. Ou alors les règles du jeu ont complètement changé, et je ne m'en suis pas rendu compte", affirme-t-il auprès de l'AFP.

Pour plusieurs associations de défense de l'enfance, au contraire, il y a, comme dispose l'article 227-23 du code pénal, "représentation d'un mineur" qui "présente un caractère pornographique". Que ce soit des dessins et de la fiction ne permet pas d'échapper à la loi, répètent ces associations.

"La Vérité sur l'affaire Vivès" donne une version outrancière de ce qui aurait pu arriver à l'auteur: obligation de suivre un "stage antipédophilie" d'une semaine, où il dort dans une cellule ressemblant à un cachot vétuste, puis un "stage de déconstruction de la bande dessinée", auditions devant des policiers retors, incarcération, harcèlement d'éditeurs japonais lui demandant de devenir un "grand auteur manga pédophile", etc.

- "Dissident passif" -

Sa manière de tourner en dérision un sujet grave, et de friser avec la posture de victime, devrait mal passer auprès de ses détracteurs.

"Un règlement de comptes virulent", d'après le quotidien Libération, "façon de se présenter en glorieux résistant, en dissident passif et surplombant, comme si ce genre de charge antiwoke n'était pas portée en permanence dans les médias".

"Je ne cherche à convaincre personne", insiste l'auteur. "Je propose d'en rire. Il y aura ceux que ça fait rire, et ceux que ça ne fait pas rire".

Depuis l'annulation de l'exposition d'Angoulême, il n'a pas fait de promotion en France.

"J'ai évité les événements publics, même si je compte revenir à Angoulême l'année prochaine. J'espère que dans le milieu les choses se seront tassées. Qu'aucun auteur ou autrice ne pense que je suis un pédocriminel", dit-il.

Charlotte Éditions a lancé un mensuel, auquel il collabore. Le numéro un, en septembre, comptait entre autres un poème illustré de Michel Houellebecq, inédit. Mais il manquait d'autrices.

"On essaie d'en recruter, mais c'est compliqué parce qu'il y a mon nom. Les gens, aujourd'hui, avant d'entrer dans quoi que ce soit, regardent qui il y a d'autre pour ne pas être associé à telle ou telle personne", déplore Bastien Vivès.

En pleine polémique, en décembre 2022, il avait présenté des excuses. Il assurait n'avoir "à aucun moment voulu blesser des victimes de crimes et abus sexuels" et "condamner la pédocriminalité, ainsi que son apologie et sa banalisation".

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