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La crise économique serait-elle bientôt derrière nous ? Notre pouvoir d’achat recommence en effet à augmenter, notamment grâce à l’indexation des salaires, pendant que les prix de l'énergie et de l'immobilier diminuent. Pourtant, pour de nombreux Belges, la situation est toujours critique. Certains ont l’impression que le pouvoir d’achat ne fait que baisser malgré tous leurs efforts. Qu’est-ce qui donne ce sentiment si différent ?
Invitée sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, Sofie Merckx pointe à juste titre le prix des courses alimentaires. "250 euros pour un caddie de courses, c'est énorme", souligne la cheffe de groupe à la Chambre pour le PTB. On estime en effet qu'entre 20 et 30% de nos dépenses sont dédiés à l'alimentaire. Et les produits dans les supermarchés ne cessent d'augmenter...
Interrogée par Christophe Deborsu, l'économiste en chef chez Belfius, Véronique Goossen, explique : "La situation est bonne, mais on peut s’attendre à un ralentissement de l’économie, parce qu'on est en train de lutter contre l'inflation qui est assez élevée. Et une des conséquences de cela, c'est le ralentissement de l'économie, pas une récession."
Selon la Banque nationale de Belgique, le pouvoir d'achat des Belges devrait augmenter de 5% durant la période 2023-2025. "C'est un effet de rattrapage", pour Bertrand Candelon, économiste à l'UCLouvain. "C'est un effet positif du pouvoir d'achat, mais il y a néanmoins un nuage : toute sortie de crise cause des problèmes. Par exemple, une augmentation des taux d'intérêt qui peut être problématique, que ce soit pour nos finances et les finances de l'état", avertit-il.
Les taux d'intérêt, le sujet brûlant de la semaine
Et c'est vrai que les taux d'intérêt, c'est un peu le sujet de la semaine. Comment expliquer que les taux d'intérêt sur les carnets d'épargne rapportent si peu d'argent aux gens (entre 1 et 1,5%) alors que les taux d'intérêt sur les prêts d'hypothécaires rapportent beaucoup aux banques (entre 4 et 5%) ? "C'est une question légitime", concède Véronique Goossen, qui nous livre quelques explications : "Il faut savoir qu'il y a deux parties bilan dans une banque. Une partie 'prêt' et une partie 'dépôt'. Et la différence entre les deux, c'est la marge de taux d'intérêt."
En clair : les crédits hypothécaires actuels donnent une rémunération très faible aux banques, car des prêts ont été accordés à des taux très bas au cours des dernières années. Il faut donc attendre que de nouveaux crédits à des taux plus élevés soient accordés aux clients, afin que la rémunération des banques soit plus élevée. Cela équilibrera ainsi la marge sur ce qu'il est possible de donner sur les comptes épargne et dans les prêts. "Ça va lentement car la demande de crédits a baissé en ce moment", glisse cependant l'économiste en chef chez Belfius. Les clients sont, en effet, actuellement plutôt réticents à faire des emprunts.
Les taux d'intérêt vont-ils enfin augmenter pour les carnets d'épargne ? "Je ne sais pas", répond franchement Véronique Goossen. "Mais on est en train d'examiner. On examine chaque mois, mais il faut être prudent."
L'argent va coûter plus cher
L'économiste Bertrand Candelon met en garde : "Pour la première fois depuis 10 ans, on va avoir des taux réels positifs." C'est-à-dire que les taux d'intérêt seront supérieurs à l'inflation. Conséquence ? L'argent coûtera plus cher et cela aura un impact sur l'immobilier et sur les investissements. "C'est un risque. Cela ne veut pas dire que ça va se réaliser, mais il faut prendre ce risque en compte", conclut-il.