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Les autorités ont pour objectif de rouvrir les bars, restaurants et cafés le 1er mai prochain. Mais vu les nouvelles restrictions annoncées lors du comité de concertation de ce mercredi 24 mars, certains doutent fortement qu'une réouverture de l'horeca soit possible. "Ça n'a jamais été une promesse absolument fixée", a expliqué le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke sur le plateau du RTL INFO 19h, ce mercredi 24 mars.
Face à ce manque de perspectives, l'Horeca a manifesté ce jeudi à Namur. Leur message et leur colère contre les propos du ministre de la Santé sont clairs: "STOP a la privation de nos libertés, STOP au diktat de ce gouvernement incompétent". Des centaines de restaurateurs, gérants de café mais aussi fournisseurs se sont rassemblés dès 8h à Jambes. Ils sont tous venus des quatre coins de Wallonie et de Bruxelles pour bloquer Namur. Parmi eux, Cédric Clamar, grossiste en viande. "Une fois de plus, c'est une déception, une claque. On avait ça (la date de réouverture du 1er mai ndlr) en ligne de mire. On a nos marchandises. On allait remettre notre activité en route car on doit se préparer. C'est encore l'inconnu", a-t-il confié au micro de Bel RTL. "On va demander des aides. Il faut impérativement qu'ils (les autorités ndlr) nous donnent des aides et pas des assiettes vides. On nous a donné une première fois des assiettes, on n'en veut pas (...) Stop! On a faim et on doit impérativement reprendre notre commerce."
"Le café, ça peut avoir une image où les mecs viennent boire des chopes, le côté un peu poivrot, explique Julien Poppe, gérant de café. Mais tous les petits vieux du quartier viennent le matin jouer aux cartes et boire café. Là, ça fait 5 mois qu'ils sont isolés, qu'ils sont tous seuls."
On doit impérativement reprendre notre commerce
La police était présente en nombre sur place. Certains manifestants ont distribué des affiches montrant le visage des politiques avec un message "non essentiel". Eric Martin, artiste, avait une bâche avec ces affiches sur son véhicule. "Moi, je suis venu avec les vrais non-essentiels, explique-t-il. Les voleurs qui ont notre argent et qui nous font crever. Alors aujourd'hui, c'est fini. Et si on crève, ils vont crever avec."
D'autres ont décidé de vider leurs fûts de bière périmés dans la Sambre. "On fait une manoeuvre tout à fait pacifiste, explique Antoine Limbourg, brasseur, pour montrer à quel point c'est difficile cette année. Difficile pour nous, les petits brasseurs, pour les clients, pour les gens qui perdent leur vie au quotidien." "Moi, j'ai 8.000 litres de bière périmés, cela fait 400 fûts de 20 litres, ajoute un Jean-Philippe Humblet. Il y a des brasseries plus grosses qui en ont 10.000, il y a vraiment des dizaines de milliers de litres de bière périmés dans les brasseries actuellement."
Certains ont assisté à la manifestation depuis leur balcon. Le secteur de l'événementiel était également présent dans la foule. "Moi, je suis là parce que j'aimerais vraiment bien reprendre le travail, explique Marcel, DJ Papi Jumper. J'ai simplement envie de vivre ma passion et on m'en empêche depuis plus d'un an aujourd'hui".
Nous avons l'impression que la Wallonie essaie de gagner du temps
Les manifestants ont dit vouloir rester jusqu'au finish. Pas question de quitter Namur avant d'avoir rencontré les ministres. Des représentants ont discuté avec des membres du gouvernement wallon en début d'après-midi. La manifestation s'est disloquée peu après 14H. Après une réunion virtuelle de deux heures, une délégation a convenu de revoir le gouvernement wallon la semaine prochaine. "Trois rendez-vous sont prévus au calme, mais nous avons l'impression que la Wallonie essaie de gagner du temps. Rien n'a avancé depuis la manifestation du mois dernier et nous craignons que les ministres fassent traîner le dossier pour éviter de prendre des mesures avant la réouverture de l'horeca", a expliqué M. Van Crombrugge.
Les secteurs de l'horeca, de l'événementiel et du B2B mettent en exergue les aides accordées dans les pays voisins. "La Wallonie n'a pris en charge que 25% des frais fixes. Le Luxembourg, la Flandre et la France, eux, sont à 90%. Nous demandons qu'on se rencontre à mi-chemin, mais cela représente quelque 600 millions d'euros que la Wallonie devrait emprunter pour aider le secteur. Nous n'avons pas l'impression que M. Di Rupo soit prêt à l'envisager même si nous sentons une oreille plus attentive auprès de Monsieur Borsus", a conclu M. Van Crombrugge.