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Le Belge et sa voiture, c'est une vraie histoire d'amour. Une passion qui n'a que faire de la raison. Il faut dire, les stéréotypes sont solidement ancrés dans nos sociétés. Voiture rime avec liberté. La liberté d'aller où on veut, quand on veut, mais aussi en conduisant "à sa manière" et selon les envies du moment. Et les publicités renforcent ce fantasme en jouant allègrement sur les images rêvées où l'on dispose d'une incroyable puissance sous le pied, seul sur une magnifique route de montagne, voire en plein désert.
Mais la réalité est tout autre. Il suffit de voir la tête des automobilistes pour se rendre compte que le taux de satisfaction au volant vole très bas. Contrariétés, embouteillages, travaux... La liste des "obstacles" rencontrés sur un parcours classique est longue. Et quand on dispose de 150 à 200 chevaux qui ne demandent qu'à rugir sous le capot, cette liste paraît interminable. Car oui, la densité sur nos routes a augmenté. Oui, les vitesses sont plus souvent contrôlées. Oui, l'espace dans les villes accordé aux voitures tend à lentement diminuer pour favoriser d'autres alternatives, sans doute plus adaptées à la réalité des villes. Et il est vrai que prendre du plaisir au volant devient de plus en plus difficile, voire impossible. En même temps, il existe des circuits pour cela, mais là on entre dans un autre débat...
Plus... toujours plus de puissance: mais pourquoi ?
Pourtant, un constat saute aux yeux: plus la "liberté" des automobilistes tend vers l'illusion, plus on parvient à les faire rêver de voitures puissantes, voire ultra-puissantes. Et qui rêve finit par acheter ! On en arrive à une situation qui frise le ridicule, avec des personnes aux commandes de voitures de plus en plus véloces mais dont les déplacements sont cadenassés par les impératifs de la route et sa densité. Sans oublier les objectifs de sécurité et environnementaux. "Il ne faut pas pour autant diaboliser les constructeurs automobiles", tempère Xavier Tackoen, administrateur-délégué de Espaces Mobilités. "Eux ils sont là pour vendre des voitures, et il faut reconnaître qu'ils le font très bien. Stigmatiser et se dire qu'ils détruisent la planète ou quoi que ce soit, ça ne sert à rien", juge-t-il.
Vendre des voitures, et donc les rendre plus attirantes. Pour cela, une technique a largement fait ses preuves et continue de fonctionner: gonfler le moteur. Selon des chiffres fournis par l'institut Vias, ex-IBSR (Institut belge pour la sécurité routière), la puissance moyenne des voitures neuves vendues en Europe a augmenté de 25,7% entre 2001 et 2015. Mais dans le secteur automobile, on avance un autre argument que celui de la "séduction" pour justifier la puissance croissante. "Le poids est la cause principale. Et cette masse augmente principalement pour deux raisons: les exigences en matière de sécurité qui augmentent et qui nécessitent des matériaux lourds, et l'exigence des consommateurs en matière de confort, connectivité et volume. Pour contrer cela et garder le même dynamisme, les constructeurs augmentent la puissance", défend Xavier Daffe, rédacteur en chef du Moniteur Automobile. D'autres interlocuteurs ont défendu, à quelques nuances près, le même raisonnement.
"On peut se demander s'il y a une réelle intention de rendre les routes plus sûres ?"
S'il n'est pas faux, ce constat n'est pas tout à fait correct non plus. Ou du moins, il est un peu "léger". En effet, si la masse des voitures a tendance à augmenter, les proportions ne sont pas comparables aux gains effectués en puissance. Pour la période allant de 2001 à 2015, on constate un poids moyen qui augmente de 8,4%. En comparaison avec les 25,7% d'augmentation moyenne de la puissance, il n'y a pas photo. La puissance augmente plus vite. Trois fois plus vite même. "D'un côté, on a de plus en plus d'équipements, notamment pour assurer la sécurité des usagers. Mais d'un autre côté, les voitures mais aussi les camionnettes deviennent de plus en plus puissantes. On peut se demander s'il y a une réelle intention de rendre les routes plus sûres ?", s'interroge Benoît Godart, porte-parole de Vias.
Vitesse et danger restent liés, n'en déplaise aux "chauffeurs pressés"
Pierre de Vilno, journaliste sur Europe 1, tirait déjà la sonnette d'alarme début 2016 dans une de ses chroniques: "Il y a ces voitures, très puissantes, et très lourdes qui font le 0 à 100 km/h en 4, 5 voire 6 secondes. Or les propriétaires sont censés respecter le 50 km/h, 70 km/h ou 120 km/h sur les routes. Alors comment ils font ? Eh bien ils sont hors limite. Et puis, il y a ces passe-droits, les fameux Coyote et cette communauté d'automobilistes qui préviennent les autres des emplacements des radars. Comment lutter ?"
Le journaliste poursuit en insistant sur le fait que de nombreux automobilistes ne réalisent même plus la vitesse qu'ils font, et manquent cruellement d'informations quant aux notions élémentaires de sécurité. "Les distances de freinage, qui les connaît ? A voir tous les abrutis qui se mettent devant vous, juste devant votre nez, parce que vous laissez de la place devant vous pour avoir le temps de freiner en cas de nécessité. C'est bien la preuve que les gens n'ont aucune conscience du danger", s'insurge-t-il.
"Il est très difficile de résister à la tentation d’utiliser le potentiel de puissance du véhicule que l’on conduit. Ce qui, bien sûr, est contre-productif en termes de sécurité routière"
Mais il y a encore plus étonnant: le fait que les constructeurs utilisent parallèlement l'argument de la sécurité pour vanter les qualités de leurs modèles. Or, puissance et sécurité ne font pas vraiment bon ménage... "L’accroissement des performances des voitures induit chez nombre de conducteurs des comportements contraires aux règles de prudence élémentaires : il est très difficile de résister à la tentation d’utiliser le potentiel de puissance du véhicule que l’on conduit. Ce qui, bien sûr, est contre-productif en termes de sécurité routière", peut-on lire dans une récente étude de l'Institut Vias.
Wauthier Robyns, porte-parole d'Assuralia, confirme à sa manière cette donnée, précisant que la puissance d'une voiture est toujours prise en compte dans le calcul de la prime d'assurance. Et dans le cas des compagnies, ce sont les statistiques qui parlent. "Les assurances ont, depuis toujours, tenu compte de la puissance d'un véhicule pour calculer la prime d'assurance. C'est un facteur de tarification classique. Bien sûr, il existe d'autres variables pour faire preuve de nuance. Notamment, avec un moteur similaire et donc une puissance similaire, la prime ne sera pas identique s'il s'agit d'un modèle de voiture coupé, cabriolet, ou s'il s'agit plutôt d'une voiture de type break, berline ou monovolume", indique-t-il.
L'automobiliste de plus en plus "coupé" du monde extérieur
Bien entendu, l'évolution de la vitesse moyenne que les conducteurs adoptent sur nos routes n'évolue pas aussi rapidement que l'augmentation des chevaux sous nos capots. Et heureusement d'ailleurs ! Mais si se contenter de l'argument poids n'est certainement pas suffisant, il y a une autre évolution à prendre en considération: la perception de la vitesse! Car à ce niveau, on a également énormément progressé. On déplace plus de masse, le confort est au top, les "bruits" extérieurs ont été gommés. Eh oui, c'est vrai, dans la plupart des voitures modernes, à 50 km/h, on "se traîne". On a l'impression de ne pas avancer. Mais demandez l'avis des piétons, cyclistes ou motards qui vous côtoient sur la route, et vous vous rendrez compte que vous n'allez pas si lentement que ça. Et surtout, que si vous enfoncez un peu plus le champignon pour atteindre 60 voire 70 km/h en circulation urbaine, vous allez très vite. Trop vite que pour arrêter vos deux tonnes dans les temps et éviter qu'un usager de moins de 100 kilos ne se les ramasse en pleine figure. Avec parfois des conséquences tragiques, pour l'un comme pour l'autre.
"Un bête accident peut briser des vies"
"Je sors de consultation et je réalise encore une fois à quel point un bête accident peut briser des vies", a un jour confié une psychiatre qui avait du mal à "digérer" tout ce que lui avait raconté un patient. "Il roulait trop vite dans une zone de travaux. Pas un excès de vitesse 'scandaleux', mais assez que pour ne pas avoir le temps de réagir quand il a aperçu un ouvrier sur l'autoroute. Il l'a fauché. La victime est morte sur le coup. Et mon patient, après plusieurs années, ne dort toujours plus. Dès qu'il ferme les yeux, il fait des cauchemars. Il est devenu alcoolique", poursuit le docteur. "Sa vie est foutue. Celle de sa femme et de ses enfants est fortement impactée. Il y a aussi un mort et, j'imagine, plusieurs vies démolies du côté de la famille de la victime. Bref, pour quelques secondes gagnées sur le tronçon des travaux, c'est vraiment stupide", avait-elle conclu.
Carton rouge pour les SUV
Si la plupart des modèles d'automobiles sont concernés par les évolutions développées ci-dessus, il y a un type de véhicule qui décroche la palme: les SUV. Pourtant, ils ne grappillent pas ça et là. Non, ils dévorent la concurrence ! Depuis 2001, il y en a plus de 7 fois plus. Il y en avait exactement 13.490 immatriculés en Belgique en 2001. En 2015, on était à 112.389. Pour la sécurité routière, c'est un nouveau coup dur.
"Honnêtement, rouler en 4X4 en milieu urbain, c'est totalement insensé"
"Les SUV induisent plus un comportement à risques de la part du conducteur qui est plus haut et a plus de puissance sous le pied. En termes de sécurité routière, ce n'est pas une bonne chose, contrairement aux arguments avancés par les constructeurs automobiles. Les casse-vitesse les ralentissent beaucoup moins qu'un véhicule habituel. Bref, c'est un peu un type de véhicule qui permet de se mettre haut perché, à bord d'un véhicule plus lourd, et tant pis pour les autres. C'est dommage pour la sécurité de tous, sans parler de l'impact écologique. Honnêtement, rouler en 4X4 en milieu urbain, c'est totalement insensé. Ce n'est pas ça l'avenir de la mobilité, ni de l'automobile. On peut espérer aller vers des voitures moins polluantes, et plus sûres pour tout le monde, aussi les piétons et cyclistes", dénonce Benoît Godart.
Les jeunes, principales victimes
Maîtriser une voiture en pleine circulation nécessite un certain apprentissage, mais reste à la portée de la plupart d'entre nous. Maîtriser 150 chevaux ou plus, en toutes conditions, exige par contre plus d'habileté, d'expérience. Par définition, les jeunes en ont moins voire pas du tout, et restent donc plus vulnérables. Mais surtout, et c'est assez naturel, ils résistent beaucoup moins à l'envie de "pousser un coup", juste pour le fun. Qui pourrait le leur reprocher ? On a tous, ou presque, un jour franchi les limites, non ? Le hic, c'est que les véhicules actuels ne permettent pas de dépasser ces limites, mais de les exploser !
"Souvent les jeunes pensent qu'ils ont de meilleurs réflexes, qu'ils pourront freiner face à tout obstacle. Or, ce n'est pas vrai du tout"
"Pour les jeunes, il y a toujours cette tentation. Et souvent les jeunes pensent qu'ils ont de meilleurs réflexes, qu'ils pourront freiner face à tout obstacle. Or, ce n'est pas vrai du tout. Ils réagissent même parfois moins vite que des conducteurs qui ont de l'expérience", précise Tanguy Olivier, directeur opérationnel des formations à la conduite de la RACB Academy. "C'est vrai que maîtriser 150 cv voire plus n'est pas à la portée du premier venu. Et dans ce cadre, je pense qu'inciter les jeunes à suivre une formation à la maîtrise automobile restera toujours quelque-chose de positif", abonde dans le même sens Xavier Daffe.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ces derniers doivent payer des primes d'assurance très élevées s'ils immatriculent une voiture puissante à leur nom. "Certaines personnes roulent avec des voitures puissantes depuis plusieurs années et ont un bonus malus à zéro. Les tarifs diminuent donc assez fort en leur faveur. Mais pour les jeunes, ces données n'existent pas et on ne peut donc pas juger du fait qu'ils conduisent prudemment ou non. S'ils roulent avec une voiture puissante, ils paieront donc leur prime assez cher", précise Wauthier Robyns, porte-parole d'Assuralia.
Tellement cher qu'à de rares exceptions près, cela les dissuade et ils optent pour un modèle plus "raisonnable". Cependant, il ne faut pas être naïf et prendre conscience qu'il est moins rare que ce type de voiture "tombe" dans les mains d'un jeune. Soit qu'il emprunte la voiture des parents, d'un parent d'un ami, d'un ami plus fortuné, etc...
Plus de puissance, c'est aussi plus de pollution
C'est l'évidence même. Pas besoin d'être physicien ou mathématiciens pour le comprendre: plus une voiture est lourde, plus une voiture est puissante, plus elle consomme. Bizarre comme évolution dans une société où la plupart des scientifiques s'accordent sur le fait qu'il devient impératif d'améliorer la qualité de l'air.
Soulignons néanmoins un point positif: grâce à l'évolution des technologies, à puissance égale, une voiture pollue nettement moins qu'à la fin des années 90. Et malgré l'augmentation globale de la puissance des véhicules, "les émissions moyennes de CO2 par voiture ont quand-même diminué", précise Benoît Godart. "Mais sans doute pas assez, ça c'est clair et net", tempère-t-il.
Pour résumer, les nouvelles technologies nous permettent avant tout de ne pas étouffer, mais le bilan pourrait être bien meilleur si tout le monde jouait le jeu. Car si une voiture pollue moins à puissance égale, il ne faut pas oublier que leur puissance a augmenté, ce qui réduit les gains environnementaux. Et puis, il y a aussi beaucoup plus de voitures en circulation. Résultat: "Entre 1990 et 2010, les émissions de CO2 des transports terrestres, dont les deux tiers sont imputables aux voitures, ont augmenté de 21% en Europe et de 33,6% en Belgique. C'est donc clair qu'il y a une augmentation nette", insiste Benoît Godart.
"Le client veut le beurre et l'argent du beurre"
Si l'on est en droit de se poser beaucoup de questions quant aux réelles ambitions environnementales affichées par les constructeurs automobiles, les clients ne sont pas exempts de reproches. "Bien sûr qu'il y a une grosse contradiction. Je dirais que le client veut un peu le beurre et l'argent du beurre. Il se plaint du prix du carburant, de la qualité de l'air, mais il est le premier à se ruer sur un SUV. Oui, bien entendu qu'il y a un énorme paradoxe. Et les constructeurs, eh bien ils répondent à la demande du marché", soutient Xavier Daffe, rédacteur en chef du "Moniteur automobile".
"Les voitures hybrides, à la base, n'étaient pas des mastodontes comme ce que l'on voit actuellement. Cela avait un sens"
Les pouvoirs publics n'ont également sans doute pas toujours adopté la bonne approche. "Voir de grosses voitures, parfois très grosses même, dont l'avantage fiscal atteint 120% parce qu'elles offrent une technologie hybride, donc théoriquement moins polluante, est un non-sens", affirme Xavier Tackoen. "Les voitures hybrides, à la base, n'étaient pas des mastodontes comme ce que l'on voit actuellement. Cela avait un sens. Ces gros modèles, qui ont un moteur thermique très polluant mais qui restent considérés comme des modèles hybrides, c'est dommage", précise Benoît Godart.
Les chiffres sont parfois plus explicites: en quelques clics, on trouve ainsi un modèle hybride d'une marque allemande bien connue. Le véhicule pèse presque 3 tonnes et fait le 0 à 100 km/h en 6,5 secondes. Normal, il est propulsé par un V6 essence de 333 chevaux. Et on obtient plus de 400 chevaux si on cumule avec la puissance électrique. "Le drame dans tout cela, c'est qu'en plus on déculpabilise les gens, parce qu'ils roulent avec une voiture hybride. L'effet est que la consommation augmente encore, parce qu'il ne faut pas oublier que l'hybride est plus lourd", conclut Xavier Tackoen.
Si cet exemple est extrême, il démontre malheureusement que les progrès réalisés pour l'environnement sont souvent utilisés à mauvais escient. Plutôt que de réduire la consommation, on augmente la puissance pour garder une consommation comparable. Mais un véhicule hybride qui consomme plus de 10l./100 km en usage normal n'a rien de "vert"...
Et la mobilité dans tout ça ?
Eh bien dans ce domaine, il n'y a malheureusement rien de bon non plus. C'est logique: plus la courbe de puissance s'envole, plus les écarts entre les voitures se creusent. Or, pour que ça roule, il faudrait qu'on avance tous plus ou moins à la même vitesse. Les poissons y arrivent. Les oiseaux aussi. Pour les humains, ça semble plus compliqué. "C'est sûr que si un automobilistes appuie sur le champignon sur une autoroute de nuit, il arrivera plus vite à destination. C'est la base de la physique. Mais une fois qu'il y a d'autres usagers, on entre dans une physique de flux, et ce ne sont plus les mêmes règles. Et si un conducteur est très pressé en milieu urbain ou périurbain, il peut peut-être gagner du temps, mais très peu. Voire pas du tout. Par contre, il va générer une grosse perte globale, car chaque individualité qui refuse d'entrer dans ce flux va provoquer des ralentissements derrière lui, et des bouchons un peu plus loin", explique Xavier Tackoen.
Alors c'est vrai, en milieu urbain, inutile d'avoir une voiture très puissante pour tenter de "gagner du temps" sur les autres. Mais reconnaissons tout de même que plus une voiture est dynamique, plus on a du mal à adopter une conduite zen.
"En termes de mobilité, avoir des grosses voitures, surtout en agglomération, cela pose des problèmes. C'est une évidence"
Quant à la conduite sur autoroute, n'essayez pas de rester trop longtemps sur la bande de gauche à 120 km/h. Même si personne (à part les véhicules de police ou de secours) n'est sensé aller plus vite, vous aurez rapidement quelqu'un qui viendra lécher votre pare-choc, au plus grand mépris de la sécurité routière et de... la fluidité. Car oui, plus on est près d'une voiture qui précède, plus on risque de devoir freiner, générant des bouchons derrière. Mais bon, "nous on est devant, pas derrière, donc peu importe...", se disent sans doute les personnes qui adoptent ce genre de conduite.
Dans les villes, une autre évolution du parc automobile crée aussi quelques soucis. La taille des voitures, également en constante augmentation. "Si on prend toutes les places de stationnement disponibles à Bruxelles (265.000) et qu'on les met sur une file, on relie Bruxelles à Rome. Une place fait en général 5 mètres. Et pourtant, petit à petit ce n'est plus suffisant. Des véhicules débordent et cela grignote le territoire, notamment pour les autres usagers comme les cyclistes ou les piétons", relève Xavier Tackoen.
A Bruxelles, sur la chaussée de Charleroi, c'est la largeur des véhicules qui a posé de sérieux problèmes. En effet, le tram était de plus en plus souvent bloqué, à tel point que les rails ont été déplacés. "En termes de mobilité, avoir des grosses voitures, surtout en agglomération, cela pose des problèmes. C'est une évidence. Sur les parkings aussi, on voit de plus en plus souvent des gens prendre deux places parce qu'ils n'arrivent pas à se garer sur un emplacement", précise Benoît Godart.
Conclusion
Décriée de toutes parts, la voiture a encore de belles années devant elle. Et tant mieux, car elle offre de réelles possibilités à tous ses utilisateurs. Mais il demeure important de prendre conscience de certaines dérives auxquelles on est parfois exposé sans s'en rendre compte. "Les constructeurs automobiles dépensent en Belgique plus de 300 millions par an dans la publicité, et la plupart du temps pour des voitures puissantes. Ils sont plusieurs à se retrouver dans le top 20 des annonceurs. Or, ni la Stib, De Lijn, les TEC ou la SNCB ne sont dans le top 100 des annonceurs. Irrémédiablement, l'idée qu'une voiture c'est le plaisir, la liberté, entre dans l'esprit des gens. On baigne là-dedans", analyse Xavier Tackoen.
Et le marketing du secteur automobile évolue au fil des besoins d'une société. De cette manière, on arrivera à vous faire acheter une voiture qui n'a rien de bon pour l'environnement en vous faisant miroiter que vous avez acheté une voiture "verte". On vous fera rêver de la puissance alors que vous contribuerez, parfois bien malgré vous, à ralentir la circulation. Et en vous faisant signer un bon d'achat pour un mastodonte, vous pourriez même être persuadé d'assurer la sécurité de vos proches. Trump arrive bien à convaincre des gens que pour être en sécurité, il faut une arme car d'autres en ont une également. Alors pourquoi les constructeurs auto n'arriveraient-ils pas à vous faire acheter une voiture dangereuse pour l'espace public, mais dans laquelle vos proches seront plus à l'abri ?
Le danger, évidemment, c'est que d'autres personnes réfléchiront comme vous, et que vous pourriez alors aussi devenir la cible d'un "pachyderme de la route". Et n'oublions pas que si l'on est automobiliste, on est aussi à d'autres moments piéton, cycliste ou tout autre "usager faible" de la route. Vous, et vos proches également.