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Les retraités manifestent, l'exécutif sous pression de sa majorité

Les retraités, qui s'apprêtent à subir l'an prochain un coup de rabot sur leurs pensions après déjà la hausse de la CSG cette année, sont à nouveau appelés à manifester jeudi contre les choix budgétaires du gouvernement, que contestent aussi certains députés de la majorité.

Les neuf syndicats et associations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA) déjà à l'origine des manifestations de septembre 2017, mars et juin 2018, ont convoqué cette quatrième journée de "mobilisation générale".

Ils espèrent égaler, voire dépasser, la jauge du 15 mars, point d'orgue du mouvement jusqu'à présent, avec "environ 200.000 manifestants dans 162 manifestations", selon Gérard Gourguechon, de l'UNIRS-Solidaires.

Leur première revendication reste l'annulation de la hausse de la CSG, entrée en vigueur en janvier et non compensée pour environ 60% des 16 millions de retraités, qui financent ainsi les baisses de cotisations pour les salariés.

Le Premier ministre, Édouard Philippe, avait déjà dû faire une concession après le 15 mars, en promettant une "correction" pour "100.000 couples" aux revenus modestes.

La mesure inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 concernera finalement "350.000 foyers".

Une amélioration jugée insuffisante par une vingtaine de députés LREM, qui ont adopté mardi en commission un amendement introduisant "plus de progressivité dans les taux de CSG" pour les retraités, contre l'avis du rapporteur général Olivier Véran.

Révélatrice d'un désaccord entre le groupe majoritaire et le gouvernement, cette modification devra toutefois être à nouveau votée dans l'hémicycle la semaine prochaine pour être intégrée au PLFSS.

En revanche, les "marcheurs" ne discutent pas la sous-revalorisation des retraites de base, qui n'augmenteront que de 0,3% l'an prochain, quand la hausse des prix devrait atteindre 1,3%.

- "Nous sommes un enjeu" -

Ce coup de rabot décidé par l'exécutif vise à économiser 2,8 milliards d'euros et à présenter ainsi un budget de la Sécu en excédent pour la première fois depuis 2001.

Mais les retraités paieront ce redressement des comptes par "un recul manifeste de leur pouvoir d'achat", dénonce Michel Salingue, de la FGR.

En ajoutant la CSG, "en trois ans, un mois de pension aura été pris dans (leur) poche", estiment les organisateurs du mouvement.

"Il faut arrêter d'emmerder les retraités", lance Olivier Jouchter, de l'UCR-CGT, reprenant à son compte le mot d'ordre d'Emmanuel Macron à ses collaborateurs pour couper court à une polémique sur les droits de succession.

Le chef de l'État peine en effet à calmer le mécontentement des retraités, comme en atteste depuis plusieurs mois son décrochage dans les sondages auprès de ce quart de la population française.

Une catégorie qui représente aussi "33% de l'électorat et pas loin de 45% des gens qui votent", rappelle Daniel Fargeas, de l'association LSR (Loisirs solidarités retraités, affiliée à l'UCR-CGT).

Et d'ajouter: "Il faut s'occuper de nous car nous sommes un enjeu important, sur le plan économique certes mais aussi sur le plan politique".

Signe d'une "colère profonde", l'appel à manifester jeudi "s'étend" à d'autres associations d'anciens fonctionnaires, affirme M. Salingue, qui compte sur le soutien d'anciens de la gendarmerie, de la police, de la Marine, de La Poste et de l'ex-France Télécom.

Le "groupe des neuf" espère aussi rallier à sa cause une partie du monde agricole, notamment la Confédération paysanne, le Modef et l'Anraf.

Cette mobilisation "n'est pas quelque chose de sporadique qui se terminera au soir du 18 octobre, c'est une vague de fond", affirme M. Jouchter.

Une réunion est déjà prévue le 5 novembre pour discuter d'éventuels "prolongements" du mouvement.

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