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Les Louanges, c'est Vincent Roberge, Québécois qui monte et ouvre son groove au hip-hop, en tournée en Europe pour mettre les scènes "sans dessus-dessous" avec ses nouveaux titres.
Celui qui a fêté son 24e anniversaire le 24 octobre a crevé l'écran récemment au gala de l'Adisq, équivalent des Victoires de la musique au Québec. "Ca apporte une grosse crédibilité dans le milieu, et si je ne gagne pas forcément de l'argent, les gens en parlent", commente-t-il auprès de l'AFP.
Une reconnaissance qui permet à ce visage poupin d'éternel adolescent de regarder dans les yeux "des adultes" qui le prennent parfois de haut - "c'est +cute+, c'est mignon ta musique" - comme il le raconte en jonglant avec les mêmes mots en français et anglais.
Pour tenter de s'exporter comme Hubert Lenoir, autre Québécois en vue, Vincent Roberge laboure le terrain avec une tournée qui passe en ce moment par la Belgique, la France et la Suisse.
Des souvenirs de scène en France, il en a déjà, comme en témoigne sa drolatique pastille sonore "Arbois" - commune du Jura qui a donné son nom à un vin - où on entend une jeune fille tenter de rentrer chez elle dignement après une nuit d'excès. Histoire qui sent le vécu et lui même confie s'être "+ramassé+ deux villes plus loin" le lendemain, "chez des parents" de ses comparses de soirée...
Surprise pour ceux qui ont déjà entendu la pop jazzy de son premier album "La nuit est une panthère", les cinq nouveaux titres réunis dans "Expansion Pack", sorti le 27 septembre, sont plus urbains, notamment "Les yeux sur la balle" et "Drumz".
- Entre "magouilles" et Kafka -
"J'écoute à 90% du gros rap, du rap de gangster mais aucun rapport avec mon quotidien", rigole-t-il. Sa vie ce fut longtemps Lévis - ne pas prononcer le "s" - "une petite banlieue tranquille, +dormante+", sur une rive du fleuve Saint-Laurent, non loin de la ville de Québec.
Dans ce paysage, "beaucoup de personnes âgées", mais aussi "quelques amis avec qui ça y allait fort": "je préférais me tenir avec ceux qui pataugeaient dans de drôles de magouilles, je les trouvais intéressants".
Ce qui ne l'empêchait "pas de lire du Kafka au secondaire quand les autres, ceux qui allaient réussir dans la vie, lisaient des romans jeunesse".
Il a "toujours fait de la musique", même si les études dans ce domaine n'ont pas été linéaires: "j'ai +coulé+ le cours de composition, car ils voulaient nous faire faire de la +musique de moines+ alors que j'aurais préféré des arrangements jazz, mais le programme n'était pas tout à fait adapté".
Une fois signé son premier contrat de disque, il s'est tout de même inscrit à "la fac de littérature", pensant pouvoir faire les deux, mais "évidemment ce n'était pas possible". Et de lâcher les études.
- "Je suis têtu" -
Sous le regard bienveillant de parents "graphistes, mélomanes, bien cools", qui ont aussi une fille de 21 ans, également musicienne. "Je pourrais m'inventer une histoire (d'enfance difficile, ndlr) mais non, mes parents sont fans. Ils ont dû stresser un peu, car pendant quatre ans, j'ai essayé que ça fonctionne, j'avais déménagé à Montréal, mais finalement, quatre ans, ce n'est pas aussi long que ça".
Les Louanges, sur scène, c'est un groupe. Mais c'est Vincent Roberge l'homme-orchestre. "Je compose tout tellement je suis têtu, je ne veux pas déléguer, et ça me prend du temps car je n'écris pas vite".
Outre le rap US, il est aussi calé en hip-hop francophone - "Orelsan, c'est vraiment brillant, très pro, +Défaite de famille+, c'est du génie". Il cite aussi "les Belges", dont il est "fan", Caballero, JeanJass, Roméo Elvis.
Mais au fait, les Louanges, ça vient d'où? "C'est juste un surnom au secondaire, il y en a d'autres qu'on appelait +Le corbeau+, +La croute+, +La grand-mère+... Ils ne devaient pas tripper tant que ça (rires)".