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Passionné par les arts premiers et les civilisations lointaines, Jacques Chirac, décédé jeudi, a voulu et porté le Musée du Quai Branly pour défendre les cultures et les peuples menacés par la mondialisation.
Réalisation culturelle majeure de sa présidence, ce musée -rebaptisé pour ses dix ans en juin 2016 "Quai Branly-Jacques Chirac"- a permis à Jacques Chirac de s'inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs Georges Pompidou (Centre Pompidou), Valéry Giscard d'Estaing (musée d'Orsay) et François Mitterrand (le Grand Louvre).
Lancé dès son installation à l'Elysée en 1995, le projet architectural et muséographique du Quai Branly a été suivi de près à toutes ses étapes par Jacques Chirac qui s'est rendu à plusieurs reprises sur un chantier lui tenant "particulièrement à coeur".
Jouant souvent avec sa fausse image de président inculte, Jacques Chirac s'est finalement imposé avec les années comme un amoureux éclairé des arts d'Asie, d'Océanie et d'Afrique, signalant même certaines pièces aux responsables du Quai Branly.
"Il était nécessaire d'imaginer un lieu original qui rende justice à l'infinie diversité des cultures, un lieu qui manifeste un autre regard sur le génie des peuples et des civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques", avait-il dit en inaugurant le musée installé en bord de Seine dans un bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel.
Il s'agit aussi pour la France de rendre hommage à des "peuples brutalisés, exterminés par des conquérants avides et brutaux", des "peuples aujourd'hui encore souvent marginalisés, fragilisés, menacés par l'avancée inexorable de la modernité", avait-il ajouté.
"Tel est aussi l'enjeu de ce musée. Dresser, face à l'emprise terne et menaçante de l'uniformité, la diversité infinie des cultures et des arts", avait lancé Jacques Chirac.
Le Quai Branly a franchi la barre des quinze millions de visiteurs depuis son ouverture. Le principal bâtiment domine un jardin de 18.000 m2 conçu par le paysagiste Gilles Clément.