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Le coronavirus plonge nos communes dans le ROUGE: les mesures adoptées ne vont pas tout résoudre

Déjà dans le rouge financièrement, les villes et communes wallonnes accuseront environ 180 millions d'euros de recettes en moins pour l'année 2020. Ces pertes sont estimées à 300 millions d'euros pour 2021. Le gouvernement wallon a adopté une série de mesures pour assouplir les règles budgétaires. Mais si ces mesures temporaires aideront les communes à court terme, elles risquent de faire augmenter la facture à l'avenir.

Déjà dans le rouge, les finances locales ont beaucoup de mal à encaisser le coronavirus. Les dépenses augmentent et les rentrées d'argent sont devenues quasi inexistantes.

La crise sanitaire a fait exploser le montant des dépenses: achat de masques, de gel, de matériel de protection, mesures d'aide à l'économie locale... Au total, une ville comme La Louvière devrait dépenser 4 millions d'euros en 2020 dans ces nouveaux postes, a indiqué Jacques Gobert, bourgmestre de la ville. Une somme qui n'a pas été prévue dans le budget. Et il est encore impossible de chiffrer l'onde de choc provoquée par la crise économie et sociale à venir. "Là, c'est le grand point d'interrogation", a-t-il ajouté.

Le taux de chômage va faire diminuer le revenu moyen par habitant et donc l'impôt des personnes physiques. Mais ce n'est pas le seul poste de recettes en baisse, d'autres sont même déficitaires: piscines fermées mais à entretenir, locations communales à l'arrêt, parking gratuits, centres de loisirs inutilisés, etc. "Toutes nos locations, par exemple. Nos clubs de sport, les occupations des maisons de village, tout est à l'arrêt, donc il n'y a pas de rentrée d'argent sur tous ces éléments-là", a précisé Fabienne Winckel, bourgmestre de la ville de Soignies. La ville de Nivelles a dévoilé quelques chiffres: "Le centre sportif local a perdu environ 260.000 euros, le centre de la petite enfance quelque 80.000 €", selon Hubert Bertrand, échevin des finances.

Les localités interrogées ne prévoient pas, pour l'instant, d'augmenter le prix de leurs services, de licencier du personnel communal ou d'augmenter les taxes et impôts. "Le problème, c'est que même si on en vient à se séparer de collaborateurs communaux, ce sont aussi des taxes qui ne rentreront plus et c'est alors aller puiser dans les caisses du chômage", a expliqué Maxime Day, président de l'Union des villes et communes de Wallonie (UVCW) et bourgmestre de Braine-le-Comte. Les communes en sont conscientes, il faudra faire une croix sur une partie du programme de la mandature.

Heureusement, certaines communes ont les reins solides grâce à leurs réserves... qui ne sont pas inépuisables.

Le gouvernement prend des mesures

L'UVCW vient de lancer une grande enquête pour connaitre précisément l'ampleur de la catastrophe. Les 262 directeurs financiers wallons doivent faire le point complet sur les dépenses et les rentrées actuelles.

Pour aider et soutenir les finances locales, le gouvernement wallon a adopté une série de mesures pour assouplir les règles budgétaires:

- autorisation de présenter un budget déficitaire à l'exercice propre de l'ordre de 3% pour 2020 et de 5% pour 2021
- autorisation d'utiliser les réserves et provisions constituées lors des années antérieures pour maintenir l'équilibre budgétaire
- octroi de prêts sur une durée maximale de 10 ans, avec la prise en charge des intérêts par la Région
- réalisation de dépenses spécifiques permise pour soutenir la relance économique en lien avec la crise sanitaire, via le recours à un emprunt privé

L'autres bulle d'air très attendue par les pouvoirs locaux, c'est le transfert d'une partie des financements des zones de secours. Les provinces devraient bientôt régler 60% de la facture, de 190 millions d'euros. La mesure devrait être progressive, pour être en place à l'horizon 2024.

"Ces mesures permettront aux communes de remettre un budget qui sera en déséquilibre à l'exercice propre mais qui permet de continuer à fonctionner", a indiqué Maxime Day. "Mais le problème, c'est que sur le moyen et long terme, c'est très dangereux car évidemment on va accroître la dette potentielle des communes. Ce sont les générations futures qui vont devoir payer cette crise... C'est bien de demander de l'argent plus haut, mais plus haut aussi il faut trouver de l'argent, donc ça ne va pas être simple. L'idée aussi, c'est que ce ne soient pas les citoyens, déjà pénalisés par des pertes de recettes, contribuent davantage encore via leurs impôts au service public".

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